S’il fallait tirer une leçon globale de ces trois rassemblements, ce serait qu’ils n’ont pas vraiment constitué la triple mobilisation populaire que leurs organisateurs respectifs en attendaient. Il est vrai que le premier, celui des lepénistes, était à la fois le prétexte et le point d’ancrage des deux autres, et que, justement, il n’allait pas s’illustrer par son affluence.
Certes, la vaste esplanade choisie par ses organisateurs n’était évidemment pas déserte; mais il aura tout de même fallu beaucoup d’aplomb à Jordan Bardella, l’un des orateurs qui devaient précéder l’intervention de Marine Le Pen, pour s’écrier à la tribune du meeting: „Vous voici dix mille!“ C’était le chiffre prévu par le parti, et annoncé à la préfecture de police avant la mise en place du service d’ordre officiel, cependant que les fédérations départementales du RN laissaient entendre que de nombreux cars allaient transporter les militants de province vers la capitale. Il n’en a finalement rien été, du moins dans les proportions annoncées, et la plupart des participants étaient surtout venus en voisins de Paris et de sa banlieue.
Principale oratrice du meeting, Mme Le Pen a notamment lancé à ses sympathisants: „Voilà donc qu’il faudrait m’éliminer de la vie démocratique au nom d’un soi-disant trouble à l’ordre public démocratique, concept purement et simplement inventé pour l’occasion. Cette décision politique a bafoué l’État de droit, mais aussi l’État de démocratie.“ Et la fondatrice du RN de dénoncer „le jeu pervers“ de „persécutions des opposants, de criminalisation des adversaires, la volonté de ruiner les partis d’opposition avec un seul objectif: garder le pouvoir alors que l’on mène le pays au chaos (…). Merci d’être là pour défendre ce que cette décision a foulé et auquel je tiens par-dessus tout: mon peuple, mon pays, mon honneur. Mais que chacun soit rassuré: je ne lâcherai rien!“, a-t-elle conclu.
L’évident manque de vraie mobilisation de masse des militants lepénistes pour ce meeting devait sans doute – sans parler d’une météo qui incitait enfin, dans l’Hexagone, à d’autres loisirs moins austères – au fait que la Cour d’appel de Paris a, depuis le verdict de la Chambre correctionnelle, annoncé que ce jugement serait réexaminé d’ici un an ou guère plus. Ce qui ôtait beaucoup de portée à l’argument selon lequel le but des magistrats de première instance était d’empêcher Marine Le Pen de participer à la prochaine course à l’Elysée, en 2027.
Sondages: Le Pen reste favorite pour 2027
Mais à en croire deux sondages publiés ce week-end, même déclarée coupable de détournement de fonds européens au profit de son parti (sans enrichissement personnel, certes, mais de façon tout à fait délictueuse), elle reste de loin la candidate favorite des Français pour la future présidence, avec 32 à 36% des intentions de vote selon les cas de figure, soit plus de dix points de plus qu’en 2022; et son dauphin présumé Jordan Bardella presque autant.
Le rassemblement d’une partie de la gauche, de son côté, était difficile à réussir car il était organisé dans une certaine division, pour ne pas dire plus. De fait, il n’a rassemblé, lui aussi, que quelques milliers de participants. C’est la dirigeante des Verts, Marine Tondelier, en pleine préparation d’un congrès dont elle espère sa reconduction à la tête du mouvement, mais qui ne s’annonce pas si facile, qui en avait pris l’initiative. Ce qui suffisait à irriter un certain nombre de ses „amis“ écologistes, et n’aura finalement recueilli l’assentiment que des mélenchonistes.
Communistes et socialistes avaient préféré rester à l’écart. Officiellement parce qu’ils estimaient que répondre ainsi au meeting du RN par une contre-manifestation „contre l’extrême droite“ revenait à cautionner, fort maladroitement, la version selon laquelle Marine Le Pen aurait été victime d’un procès – et d’un jugement – „politiques“. Sans doute aussi n’avaient-ils aucune envie de se retrouver, sur des photos de presse ou des images de la télévision, aux côtés de Jean-Luc Mélenchon. Crainte, il est vrai, assez peu fondée, puisque le leader de LFI n’allait finalement faire qu’une brève apparition place de la République.
Quant à Gabriel Attal, il avait préféré attendre que Mme Le Pen ait fini de parler pour s’exprimer à son tour dans son propre meeting. Il a notamment accusé l’extrême-droite d’„attaquer nos juges“; et, plus précisément, le Rassemblement national de „chercher à incendier le débat public“. Non sans appeler au passage à „l’unité des centristes“, d’autant plus, a-t-il insisté, que „la vie politique française est malade et, depuis l’été dernier, elle est un véritable champ de ruines“. Il n’a pas précisé, toutefois, à qui revenait la responsabilité de cette dissolution de l’Assemblée nationale qui avait plongé l’Hexagone dans un certain chaos gouvernemental et parlementaire.
De Maart
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