Tageblatt: Pourriez-vous me faire un petit historique du „Out Of The Crowd“?
Nicolas Przeor: Le „Out Of The Crowd“ a débuté en 2004. Après avoir organisé des concerts dans des cafés, nous avons eu l’opportunité de réunir une dizaine de groupes. Nous avons demandé à la Kulturfabrik d’organiser le festival car c’est là que nous avions nos habitudes; nous y répétions tous avec nos groupes respectifs. Entre-temps, vue que nous en sommes à la 20e édition, plus de 250 groupes y ont joué. Nous avons la chance d’être encore là.
Y a-t-il un fil rouge, un ADN, et des genres musicaux prédominants?
L’ADN du festival est tout d’abord musical; il faut que cela soit excitant, déroutant, captivant, grisant. Electrique. Notre crédo, c’est la musique live. Il s’agit de mettre en avant nos découvertes, nos coups de cœur et de placer l’énergie live au centre du projet; il faut que le public vive et ressente la musique. Le OOTC est fortement ancré dans la culture underground, au sens large du terme, avec autant de groupes punks, expérimentaux, que pop ou électro.
Le festival a 20 ans et vous, à 20 ans, vous organisiez déjà des concerts dans les scènes punk et underground: comment analysez-vous l’évolution de ce métier?
Je pense que le Luxembourg a énormément évolué au niveau des infrastructures et des moyens qui sont attribués. Mais la façon d’organiser un concert reste la même. Bien entendu, venant du milieu underground, à l’époque, les groupes avaient plutôt tendance à venir dormir chez nous plutôt qu’à l’hôtel. Et les conditions étaient peut-être un peu moins définies. J’y trouve en tout cas toujours la même excitation, celle de partager mes coups de cœur musicaux.
Le festival accueille la scène internationale mais aussi la scène luxembourgeoise: en cela, et par définition, fait-il office de tremplin pour les artistes?
Le festival est organisé à 100 pour cent par des musiciens; nous comprenons alors, depuis le début, en quoi il est important de trouver sa place et son public. Aussi, il nous semble normal de mêler les talents internationaux à nos artistes locaux. Ce qui est important, c’est d’aller chercher ces derniers et de pouvoir leur faire profiter du lieu, la Kufa, qui est une super salle de concert, mais aussi de rencontrer des artistes de tous les pays. C’est en jouant dans des festivals, avec mon groupe Mutiny On The Bounty, que j’ai noué de nombreuses amitiés musicales et que sont nées beaucoup de collaborations.
L’un des vecteurs du travail de notre collectif Schalltot, c’est de diffuser, de partager, afin que nous puissions avoir une véritable scène musicale alternative, une culture underground. Notre combat a toujours été celui de faire grandir les groupes – et la culture musicale avec nous.
Justement, est-ce que le fait d’être musicien change quelque chose à votre travail de programmateur?
Ayant tourné pendant près de 20 ans, nous savons qu’il est important pour tout le monde de se sentir à l’aise, dans un petit cocon, avant de faire un concert. Il faut que tout se passe dans la bonne humeur et le respect. Je pense que notre travail n’est pas que musical; il est en réalité surtout humain.
Vous êtes aussi le co-fondateur du label Muaaah! Records: en tant que défricheur, à travers cette activité et aussi celle de programmateur, vous sentez-vous proche du travail d’un journaliste ou d’un DJ?
Je suis un passionné de musique. Ma vie, mes vacances, mes hobbies, tout tourne autour de la musique. J’ai commencé assez tard, vers l’âge de 13 ans, à jouer de la guitare et à collectionner des disques, ne venant pas d’une famille qui possède une forte sensibilité musicale. L’un des vecteurs du travail de notre collectif Schalltot, c’est de diffuser, de partager, afin que nous puissions avoir une véritable scène musicale alternative, une culture underground. Notre combat a toujours été celui de faire grandir les groupes – et la culture musicale avec nous.

En vingt ans d’existence du „Out Of The Crowd“, auriez-vous un souvenir marquant en particulier à relater?
Il y a tellement de bons souvenirs … C’est un festival à part entière pour moi car il existe vraiment une proximité entre les artistes et le public. Ce qui est le plus amusant à voir chaque année, c’est la manière dont les artistes se mélangent au public, afin d’assister au live des groupes. Mais je dois avouer que le concert de Dan Deacon, l’année dernière, a été une vraie apothéose. Ses concerts ressemblent toujours à une fête de mariage totalement déjantée, où le public participe, et ce pendant tout le show.
Quel est le programme pour cette édition?
Il y a douze groupes à l’affiche. La présence de Gilla Band, qui est un groupe de noise rock irlandais, et les Anglais de Bdrmm, qui officient plus dans le shoegaze. De l’indie rock canadien avec Cola, Ducks Ltd. et Corridor. Et une petite pépite bien délirante, Lip Critic – entre hip-hop et rock. J’ajoute No Metal In This Battle et Foreigners. Et puis encore Johnnie Carwash, Maserati, Red Dwarf Star, Tramhaus. Bref, il y en aura pour tous les goûts. Des food trucks végans, des shops de seconde main, des disques … En somme, un vrai condensé de musique et de culture indie.
Il y a peu de femmes dans le line-up de cette année …
En effet, c’est un point important, auquel nous essayons d’être attentifs chaque année, et ce depuis le début du „Out Of The Crowd“. Le booking est parfois un jeu de loterie. Nous avons travaillé sur plein d’options de groupes avec des membres féminins, mais qui n’ont pas abouti. Des groupes annulent parfois, alors qu’ils étaient presque confirmés, ce qui déséquilibre la parité que l’on voulait donner au festival. Nous sommes tout de même heureux qu’il y ait des femmes dans quatre groupes ce soir. Il aurait dû y en avoir six; le destin en a décidé autrement.
Que diriez-vous à quelqu’un qui n’a jamais mis les pieds au festival pour le convaincre de venir?
Je dirais que c’est l’événement idéal si l’on est amateur de découvertes et de sensations musicales. Il y a douze groupes pour 35 euros en prévente – soit un rapport qualité/prix quasi imbattable d’à peine 3 euros par groupe!
Comment imaginez-vous le festival dans 20 ans?
Vivant, j’espère bien. Pour ma part, le concept, tel qu’il est, représente l’essence même du festival. A savoir: la Kulturfabrik et plein de groupes à découvrir. Tant qu’il y aura des groupes et artistes, nous serons là pour les programmer.
Out Of The Crowd
Le 11 mai à partir de 16 h à la Kulturfabrik
Plus d’informations sur kulturfabrik.lu
De Maart
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