22. November 2025 - 11.07 Uhr
FranceLe chef d’état-major soulève un vif émoi
Cette formulation ne faisait pourtant que reprendre celle qui est de mise dans les discours militaires pour désigner, tout simplement, les soldats, considérés comme les fils (et désormais les filles) de la nation; jusque dans l’hymne national: „Allons enfants de la patrie…“. Et devant la commission de la Défense de l’Assemblée nationale, quelques jours plus tôt, le général Mandon n’avait guère dit autre chose, y compris sur la possibilité d’une guerre dans ce genre de délai, sans susciter autant d’émotion.
D’une manière générale d’ailleurs, l’exécutif tente à l’évidence, ces derniers mois, de préparer les esprits à des sacrifices en cas de conflit, et de faire comprendre à la population l’instabilité croissante provoquée par les ambitions impérialistes de Poutine et les positions toujours aussi incertaines et fluctuantes de Trump. Mais à l’évidence, les Français n’ont pas envie qu’on leur rappelle ce danger avec trop d’insistance, surtout en prononçant ce mot si sensible d’„enfants“, propre à susciter chez beaucoup une erreur d’interprétation.
Erreur aussitôt exploitée, notamment, par les dirigeants des deux formations qui ont, ou ont eu, une certaine proximité avec la Russie de Poutine: la France Insoumise et le Rassemblement national. Jean-Luc Mélenchon, leader de LFI, a exprimé son „désaccord total“, tandis que Sébastien Chenu, vice-président du RN, a dénoncé une „faute“ de la part du général Mandon, estimant qu’il „n’a aucune légitimité à tenir de tels propos car s’il dit ce que Macron pense, c’est grave; et s’il dit ce que Macron ne pense pas, c’est aussi grave“. Côté socialiste, Ségolène Royal a jugé de telles déclarations „délirantes“ et propres à „renforcer l’anxiété des jeunes“. „Oui à la défense nationale, non aux discours va-t-en-guerre“, a tonné de son côté Fabien Roussel, secrétaire national du PCF.
Un nouveau service militaire?
Toujours dans cette logique de remobilisation des esprits, Emmanuel Macron devrait, la semaine prochaine, faire une annonce qui a déjà commencé à „fuiter“ et selon laquelle serait mis en place un nouveau service militaire, quoique – différence majeure avec celui qui avait été supprimé par Jacques Chirac en 1996 – seulement volontaire. Le chef de l’Etat en avait déjà suggéré l’idée lors de ses „vœux aux armées“ au début de l’année, „pour permettre à une jeunesse volontaire d’apprendre avec les armées et d’en renforcer les rangs grâce à des talents recherchés“.
Ce nouveau dispositif se substituerait au „service national universel“ (SNU), créé sans grand succès en 2019. Il prendrait la forme, peut-être dès 2026, au plus tard en 2030, selon les sources, d’une formation de dix mois à laquelle participeraient 10.000 jeunes garçons et filles, nombre qui pourrait atteindre 50.000 d’ici 2035. Ces jeunes pourraient ensuite soit regagner la vie civile, soit intégrer l’armée, ou au moins en devenir réservistes. Le rétablissement du „vrai“ service militaire de jadis, en revanche, n’est pas envisagé, pour différentes raisons, financières et pratiques (où loger désormais une classe d’âge complète par an, par exemple? Et comment la former?) et sans doute aussi politiques.
Enfin, le gouvernement vient de publier, suivant en cela l’exemple de différents partenaires européens de la France, un petit guide pratique qui devrait être envoyé à tous les foyers de l’Hexagone, et qui rassemble différentes précautions à prendre face aux risques majeurs. Officiellement, il s’agit tout autant de risques naturels du type inondations, glissements de terrain et autres méfaits climatiques ou telluriques, que de périls nés d’une guerre éventuelle.
Et dans leur grande circonspection psychologique, les autorités ne font pas mention dans ces pages bientôt distribuées, semble-t-il, des pastilles d’iode susceptible de lutter (au moins partiellement) contre l’effet de radiations nucléaires. Mais elles alertent avec raison sur les cyber-attaques, et sur la nécessité qu’en cas de conflit ou de catastrophe plus naturelle chacun, quelle que soit sa formation, contribue à la défense commune et au maintien du fonctionnement du pays à la hauteur de ses moyens. C’est certainement la sagesse; mais quant à détendre l’atmosphère …
De Maart
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