Freitag17. Oktober 2025

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FranceLa réforme des retraites suspendue, le PS applaudit

France / La réforme des retraites suspendue, le PS applaudit
Le premier ministre Sébastien Lecornu a prononcé sa déclaration de politique générale dans l’Assemblée nationale Photo: AFP/Thomas Samson

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Le nouveau gouvernement de Sébastien Lecornu s’est réuni hier en fin de matinée à l’Elysée autour du président Maron, fraîchement revenu d’Egypte; puis le premier ministre, en début d’après-midi, a prononcé devant les députés la „déclaration de politique générale“ (DPG) par laquelle sont traditionnellement définies à l’usage du Parlement les grandes lignes de l’action à venir de la nouvelle équipe.

Un moment qui était d’autant plus attendu que le parti socialiste avait suspendu au contenu des propos de M. Lecornu sa possible décision de déposer une motion de censure. Laquelle aurait été pratiquement assurée de recueillir une majorité de suffrages, puisque, de leur côté et sans même attendre l’énoncé des intentions gouvernementales, les deux formations populistes, LFI à l’extrême gauche et le RN à l’extrême droite, avaient déjà déposé chacune la leur, qui devraient être soumises au vote jeudi, en annonçant qu’elles étaient par ailleurs disposées à voter tout texte susceptible de provoquer la chute du cabinet, quelle qu’en fût la provenance.

C’est donc dire que la journée d’hier aura, pour M. Lecornu, été rude. D’autant plus qu’auparavant, ce premier conseil des ministres allait être l’occasion de présenter à l’ensemble des ministres, dont un certain nombre sont d’absolus novices, les mesures qui allaient être défendues en leur nom devant les députés, le tout sous l’œil inévitablement critique du président de la République. Et cela en attendant, au Palais-Bourbon, le baptême du feu parlementaire, puisque peu d’observateurs, quels que fussent leurs sentiments personnels, accordaient beaucoup de chances au gouvernement et à son chef de surmonter l’épreuve de la censure.

Il est vrai qu’une fois entendus deux des décisions essentielles de M. Lecornu, l’hypothèse de son renversement immédiat, avant même que ne se soient exprimés les leaders de l’opposition parlementaire, semblait de toute façon s’éloigner un peu, et l’atmosphère se détendre, du moins entre ce qu’il reste de la „majorité“ – les guillemets s’imposant plus que jamais – et la gauche, puisqu’il s’agit précisément de deux mesures au sujet desquelles le PS, en cas de refus, aurait décidé de censurer le gouvernement sans aller plus loin. Première de ces mesures: l’abandon du recours à l’article 49-3 de la Constitution, qui prive le Parlement d’un vrai débat de fond dès lors que l’exécutif choisit d’engager sa responsabilité sur un texte. M. Lecornu avait déjà annoncé qu’il y renoncerait, il l’a formellement confirmé, ce que le PS préférait entendre (re)dire de sa bouche à la tribune de l’Assemblée: c’est chose faite.

„Pas un chèque en blanc“

Deuxième décision, plus nouvelle et spectaculaire: le premier ministre a annoncé la suspension de l’application de la réforme des retraites jusqu’à l’élection présidentielle de 2027, suspension qui portera à la fois sur la mesure d’âge et la durée de cotisation. En précisant: „Aucun relèvement de l’âge n’interviendra à partir de maintenant jusqu’à janvier 2028, comme l’avait précisément demandé la CFDT. En complément, la durée d’assurance sera elle aussi suspendue et restera à 170 trimestres jusqu’à janvier 2028“, comme le demandait le PS en échange d’une non-censure parlementaire. Cette annonce a été applaudie dans l’hémicycle par plusieurs élus socialistes majeurs, comme l’ancien président François Hollande, ou encore le premier secrétaire du PS Olivier Faure.

C’était en tout cas, pour Sébastien Lecornu, dont le nouveau gouvernement n’avait guère suscité d’approbations par sa composition, une façon forte de lever un certain préalable. „Cette suspension n’est en aucun cas un chèque en blanc“, a-t-il d’ailleurs estimé devoir préciser. Au risque, évidemment, surtout en ce qui concerne la suspension de la réforme des retraites, qui s’annonce coûteuse pour les finances de l’Etat (400 millions d’euros en 2026 et 1,8 milliard en 2027, selon la Cour des Comptes), d’achever au contraire de froisser ses ex-partenaires de LR, et même un certain nombre d’élus qui se situent encore dans la mouvance macroniste. Ces derniers seront peut-être sensibles, toutefois, au fait que ce fort recul du nouveau gouvernement écarte la perspective de nouvelles élections législatives, lesquelles seraient, selon toute vraisemblance, particulièrement calamiteuses pour eux.

Reste que nombre d’autres mesures budgétaires annoncées dans la DPG de M. Lecornu ont toutes chances, elles, d’être beaucoup moins bien accueillies à gauche. Et cela d’autant plus qu’il s’agit bien souvent de la reconduction de dispositions qui figuraient déjà, fût-ce sous une forme légèrement différente, dans de projet de loi de finances élaboré, et prématurément publié, par François Bayrou dès le mois de juillet, alors qu’il n’allait demander qu’à la fin de l’été au Parlement s’il était d’accord avec la nécessité de faire de solides économies dans les finances publiques.

Le prudent pari socialiste

Parmi ces mesures, au nombre de vingt-neuf, susceptibles de rapporter de l’argent à l’Etat, on peut notamment citer un gel du barème de l’impôt sur le revenu et de la CSG (contribution sociale généralisée), la non-revalorisation des tranches du barème de l’impôt sur le revenu en fonction de l’inflation, la modification de l’abattement sur les revenus des retraités, ou encore la suppression de 23 niches fiscales jugées obsolètes ou inefficaces, pour un gain d’environ 5 milliards d’euros. Serait en outre maintenue l’idée d’une „année blanche“ permettant de geler les pensions de retraite et les prestations sociales, notamment les allocations familiales, en ne les indexant pas sur l’inflation.

D’autres propositions gouvernementales concernent la fiscalité des entreprises, et elles seront sans doute, lors de la discussion budgétaire au Parlement, critiquées ou amendées elles aussi. Mais le pari de Sébastien Lecornu n’était manifestement pas de convaincre les oppositions, dès sa DPG d’hier après-midi, que son projet de loi de finances pour 2026 n’avait que des qualités, susceptibles de les lui rallier l’opposition. Il était, à l’évidence, de tenter de leur montrer que si son gouvernement n’était pas censuré avant même d’avoir pu engager le débat, la discussion budgétaire offrirait aux différentes sensibilités représentées à l’Assemblée l’occasion d’infléchir, peut-être même plus fortement qu’elles ne s’y attendaient, les propositions qui leur étaient soumises.

„Le PS est prêt à faire le pari du débat pour un budget juste“, a pour sa part indiqué Boris Vallaud au nom du groupe socialiste qu’il préside. Parmi un flot de critiques très vives, certes, et qui rendaient le propos assez faiblement positif; mais pour le premier ministre, c’était tout de même la première parole un peu encourageante depuis longtemps. Surtout dans un contexte où, a-t-il relevé, „certains auraient tellement aimé qu’il s’agisse d’une crise de régime“.