Pèserait-il une malédiction sur les seconds mandats présidentiels? De Gaulle n’a pas terminé le sien à la suite d’un référendum perdu en 1969, Giscard d’Estaing a été battu par Mitterrand en sollicitant sa reconduction en 1981, Chirac ‚’a rien fait de la sienne après 2002, Sarkozy à son tour s’est vu refuser par les électeurs un nouveau bail à l’Elysée, au profit de Hollande qui, lui, a estimé, en 2017, ne pas pouvoir se représenter …
Le jeune Emmanuel Macron, benjamin des titulaires de la fonction présidentielle, semblait, lui, plutôt bien parti pour échapper à cette malédiction, malgré la difficulté des temps, du Covid à la guerre en Ukraine, en passant par la crise climatique. N’était-il pas le premier président sortant à être réélu sans avoir dû subir l’épreuve d’une cohabitation avec son opposition? Mais cette illusion n’a pas survécu aux législatives qui ont suivi la présidentielle.
Encore quatre ans et demi
Non qu’elles aient rendu la France ingouvernable au sens strict en privant le locataire de l’Elysée, assez confortablement réélu, de majorité parlementaire. La Constitution de la Ve République a certes été conçue avec le souci de mettre l’exécutif relativement à l’abri des aléas du législatif; mais jusqu’à un certain point seulement: un gouvernement ne peut se passer durablement de soutien parlementaire, et le refus de le renverser, d’ailleurs assez petitement majoritaire voici quelques jours, ne saurait passer pour tel.
De sorte que la question du moment, dans beaucoup d’esprits, est désormais de savoir où le chef de l’Etat compte aller dans cette configuration parlementaire si inconfortable. Peu après le scrutin de juin, sa première ministre, Mme Borne, allait répétant qu’à défaut de disposer d’une majorité absolue, elle allait s’employer, à force de dialogue et d’ouverture, à susciter au Parlement des majorités ponctuelles sur des sujets susceptibles de rassembler les bonnes volontés réformatrices, au-delà des limites du camp présidentiel.
Mais c’était prêter à sa propre démarche trop de séduction, et aux différentes oppositions une envie de l’aider qu’elles étaient à mille lieues d’éprouver. Le recours répété au fameux article 49-3, et les motions de censure en cascade, fussent-elles infructueuses, que celui-ci a engendré, sont venus illustrer l’échec de cette stratégie, au demeurant assez naïve, de la „main tendue“. Et l’on peine à croire que l’exécutif puisse encore continuer ainsi durant plus de quatre ans et demi …
Vers un remodelage de la majorité?
Pour autant, M. Macron, qui avait brandi la menace d’une dissolution de l’Assemblée nationale, et donc de nouvelles législatives, si le gouvernement était renversé, a semblé, avant-hier soir lors d’une longue interview télévisée sur France 2, revenir sur une telle perspective. Compte tenu, sans doute, du fait qu’un retour devant les électeurs, à en croire les sondages, pourrait certes coûter bien des sièges à la NUPES, mais aussi à ses propres amis de Renaissance, qui seraient ainsi plus minoritaires que jamais au Palais-Bourbon.
Reste donc, s’il veut continuer à gouverner, la question de savoir avec qui. Le spectaculaire rapprochement entre lepénistes et mélenchonistes, à l’occasion du vote de l’une des motions de censure, a suggéré par contraste une possible réponse: la droite républicaine. Celle-ci reste, assure-t-elle, dans une opposition résolue. Mais certains, dans ses rangs, murmurent tout de même qu’après les déroutes présidentielle puis, dans une moindre mesure, législative, il y aurait là une carte à jouer pour éviter de disparaître. C’est en particulier le cas du président du Sénat, Gérard Larcher, à propos de la réforme des retraites, et de la lutte contre l’immigration clandestine.
Va-t-on ainsi vers un remodelage de la majorité? L’apport du groupe LR mettrait sans doute le pouvoir à l’abri pour les longues années qui restent avant 2027. Mais une telle évolution, encore bien incertaine, sonnerait évidemment la fin de cette originalité qu’avait voulue le jeune président élu en 2017. Alors, oui, vraiment: où va Macron?
De Maart
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