Dienstag21. Oktober 2025

Demaart De Maart

ParisLa préparation du budget impose à Bayrou un équilibrisme périlleux

Paris / La préparation du budget impose à Bayrou un équilibrisme périlleux
Tandis que les „petites“ mesures de François Bayrou sont d’une importance presque insignifiante, les autres déclenchent immédiatement un tollé Photo: AFP/Thibaud Moritz

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Le gouvernement ferraille sur le front du budget 2025, qui devrait enfin voir le jour avec environ deux mois de retard – à supposer du moins qu’il échappe à une nouvelle motion de censure, début février. L’exercice n’est jamais simple, mais il est rendu plus compliqué encore par l’absence de majorité parlementaire. Et M. Bayrou se trouve contraint à un périlleux exercice d’équilibrisme, dont il doit s’expliquer longuement ce lundi soir sur LCI.

Le premier ministre a certes franchi avec succès une première épreuve: celle le la motion de censure déposée par La France insoumise, et soutenue par le PCF et les Verts – mais non par le PS – contre sa déclaration de politique générale. Mais il l’a fait en engageant dangereusement l’avenir immédiat, notamment en revenant, à la demande des socialistes qui en faisaient la clé de leur abstention sur la censure, sur plusieurs mesures auxquelles s’était accroché son prédécesseur à Matignon, Michel Barnier.

Ainsi de l’alignement des salariés de la Fonction publique sur ceux du secteur privé en matière de „journées de carence“, autrement dit le nombre de jours durant lesquels leur salaire ne leur est pas versé par la Sécurité sociale en début de congé-maladie: les fonctionnaires conserveront finalement leur privilège (un seul jour, contre trois dans le privé). De même à propos de la suppression, d’abord annoncée par Barnier, de quelque 4.000 postes dans l’Education nationale; pas nécessairement des enseignants, d’ailleurs, et cela, en principe, en raison de la basse des effectifs correspondant à l’actuel tassement démographique, en fait aussi et surtout pour faire faire quelques économies au budget de l’Etat.

Ce double recul a été d’autant plus apprécié par les socialistes que les fonctionnaires en général, et les enseignants en particulier, constituent une part importante de leur électorat, qui n’aura pas ainsi le sentiment d’avoir été „lâché“ par le PS, tout au contraire. Et d’une manière plus générale, le fait d’avoir obtenu du gouvernement des concessions symboliquement importantes, et non négligeables financièrement, aura validé la stratégie des socialistes, à laquelle les mélenchonistes prédisaient un fiasco total et un prompt mais honteux retour au bercail du Nouveau Front populaire (NFO).

Le PS veut arracher de nouvelles concessions

Le problème est que cet indéniable succès tactique du PS l’a conforté dans l’idée que décidément, c’était le bon moment pour arracher à M. Bayrou d’autres concessions. Après celles dont il a payé la non-censure, et dans la perspective de lui éviter d’être, cette fois-ci, renversé pour de bon, à l’occasion du vote sur le budget de l’Etat et celui de la Sécurité sociale, sujets pour lesquels la neutralité du Rassemblement national, qui l’aurait de toute façon sauvé la première fois, risque fort de ne plus fonctionner.

Et puis, dans le grand concours de bonnes (et moins bonnes) idées pour commencer à amorcer la décrue du colossal déficit budgétaire français, les suggestions ont tendance à porter sur des sommes sans grand rapport avec l’effort demandé, qui est globalement de 50 milliards d’euros: un accroissement des recettes fiscales de 20 milliards, et une réduction des dépenses publiques de 30 milliards. Deux opérations que ne sauraient mener à bien quelques gadgets fiscaux ou autres …

Et cela d’autant moins, même, que la droite modérée, qui a jusque-là accepté sans trop broncher, au nom de rétablissement d’une certaine stabilité gouvernementale, les „cadeaux“ de Bayrou au PS, comme elle les appelle, commence maintenant à broncher elle aussi. D’abord, globalement, sur toute tentation de „faire payer les riches“, autrement dit les entreprises, qui font face en France à la taxation la plus élevée des pays de l’OCDE, ou même leurs actionnaires, lesquels laissent toujours entendre que, ponctionnés davantage, ils iraient placer leur argent ailleurs.

Le compte à rebours se fait pressant

Curieusement, c’est des rangs du „bloc central“ soutenant le gouvernement que sont venues deux suggestions aussitôt particulièrement critiquées. La ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, a émis l’idée – de son propre chef, ou pour lancer sur ordre un ballon d’essai? – de surtaxer les „retraités aisés“ (sic) touchant plus de … 2.000 euros par mois; ce qui, surtout à Paris, n’en fait pas réellement des richards! Tollé dans toute la classe politique, de l’extrême droite à l’extrême gauche, qui a obligé son collègue de l’Economie, Eric Lombard, à assurer quelques heures plus tard qu’il n’en était pas question. Quant à la sénatrice centriste (UDI) Nathalie Goulet, elle a fait adopter par la Haute-Assemblée un amendement tendant à supprimer les avantages matériels dont bénéficient, après leur sortie de fonction, les anciens présidents et premiers ministres (bureaux, voiture avec chauffeur, collaborateurs rémunérés par l’Etat, dont un policier, etc.).

Cette dernière mesure aurait du moins le mérite de montrer que le haut personnel politique donne l’exemple (un peu forcé, tout de même …). Mais elle ne rapporterait annuellement qu’une somme certes rondelette pour le contribuable français moyen, mais parfaitement insignifiante face à l’ampleur de la dérive budgétaire … Et au-delà de l’anecdote, elle illustre bien la difficulté dans laquelle se débat le gouvernement et son chef: les „petites“ mesures sont de portée presque insignifiante, sauf symbolique, et les autres se heurtent aussitôt à une levée de boucliers.

Notamment l’idée selon laquelle l’Etat pourrait faire de réelles économies en supprimant, ou au moins regroupant, les quelque mille agences publiques, conseils, opérateurs et autres comités (ce que de Gaulle appelait ironiquement „les comités Théodule ou Hyppolite“) qui ont chacun leur dirigeant appointé, leur secrétariat, leur bureau, leur parc automobile, et dont les rapports, quand ils existent, ne semblent guère retenir l’attention des politiques auxquels ils sont en principe destinés.

Bref, pour l’instant, personne encore ne semble bien discerner le chemin qui va pouvoir conduire l’exécutif au redressement promis – du moins en s’en tenant à des solutions acceptables et durables. Et cela dans un contexte où, pourtant, le compte à rebours se fait de plus en plus pressant.