FranceLa nouvelle Assemblée achève sa première semaine dans la tension

France / La nouvelle Assemblée achève sa première semaine dans la tension
Yaël Braun-Pivet a été élue sans surprise comme présidente de l’Assemblée nationale française Photo: AFP/Christophe Archambault

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Hier soir s’est achevée la courte première semaine d’exercice de la nouvelle Assemblée nationale française. Dans des conditions particulières, puisqu’il ne s’agissait en quelque sorte que d’une rentrée des classes, où les élus des 12 et 19 juin allaient prendre leurs marques, et désigner leurs structures internes, faute de nouveau gouvernement, au sujet duquel Mme Borne devait s’entretenir avec le président Macron vendredi soir.

Pourtant, ces retrouvailles, si l’on peut dire face à l’arrivée de tant de nouveaux venus, et à un tel bouleversement des rapports de force, auront constitué beaucoup plus qu’une mini-session d’attente. Car elles ont aussi illustré jusqu’à la caricature les risques que peut présenter pour le bon déroulement des travaux parlementaires à venir ce fractionnement du Palais-Bourbon, même et surtout s’il ne reflète après tout que l’opinion des électeurs.

Tout a mal commencé lors de la première séance, présidée comme il est de tradition, en attendant l’élection d’un nouveau président, par le doyen d’âge des députés fraîchement élus. Il s’agissait en l’occurrence d’un octogénaire natif d’Algérie et élu RN, qui a évoqué dans son discours, interrompu par ses sanglots, sans subtilité sans doute, mais enfin sans provocation évidente, le souvenir de son enfance en Algérie Française, et de „ceux qui y sont restés“.

D’où des applaudissements sur beaucoup de bancs, pas seulement à l’extrême droite ni même à droite, mais fureur des élus mélenchonistes. Après quoi l’un de ces derniers, qui est au contraire, lui, le benjamin de l’Assemblée, et désigné à ce titre comme secrétaire du vote pour la présidence, a refusé de serrer la main de ses 89 collègues lepénistes lorsqu’ils venaient voter à la tribune. Ambiance …

Mais ces gamineries n’étaient encore rien jusqu’à l’élection du bureau de l’Assemblée. Si la macroniste Yaël Brun-Pivet a été élue sans surprise, dès le second tour et à la majorité relative, comme présidente, la désignation de ses assesseurs vice-président(e)s a été sensiblement plus houleuse. Car deux députés RN, Sébastien Chenu et Hélène Laporte, ont été élus à cette fonction dès le premier tour de scrutin, à la majorité absolue donc, ce qui supposait un renfort important de l’opposition de droite et des macronistes. Ils pourront à ce titre présider des séances publiques, comme leurs quatre collègues issus du PS, d’Horizons, du MoDem centriste et de LFI.

Le RN, parti de notables?

La formation de Jean-Luc Mélenchon (rappelons que ce dernier a personnellement renoncé lui-même à se présenter à la députation) a évidemment hurlé au scandale, et à la collusion entre la droite et l’extrême droite. Elle déplore notamment, et plusieurs partis plus modérés avec elle, de voir le RN, déjà „dédiabolisé“, se transformer en parti de notables, au moins au Parlement.

Mais LFI s’est prudemment tue en revanche quand, pour désigner le président de la nouvelle Commission des Finances, les Républicains n’ont finalement pas fait obstacle – à la candidature de l’ancien dirigeant trotskiste Eric Coquerel. Lequel a donc finalement été élu, ce qui est ressenti par beaucoup, au ministère des Finances, comme un véritable tremblement de terre, compte tenu des pouvoirs qui vont être structurellement les siens.

D’autres postes flatteurs, et pourvoyeurs de sérieux avantages matériels, s’agissant notamment des questeurs de l’Assemblée (primes, logement de fonction de 400 mètres carrés, voiture avec chauffeur) devaient encore être débattus. Mais tout le monde au Palais-Bourbon attend désormais, pour la semaine qui vient, la nomination d’un nouveau gouvernement, où au minimum quatre femmes vont devoir être remplacées, et une déclaration de politique générale de Mme Borne, annoncée pour le 6 juillet sans qu’il soit encore établi si elle sera suivie d’un engagement de responsabilité.

Reste que, soupirent nombre d’observateurs, tous ces députés vont devoir comprendre que si les Français les ont choisis pour les représenter, dans leur vaste diversité, ce n’est pas seulement pour travailler ensemble, mais aussi pour se respecter. Et que si tout électeur en vaut un autre, tout élu aussi.