Il est vrai que beaucoup d’usagers de la SNCF se plaignent depuis longtemps de la baisse de qualité et de ponctualité du service. Mais surtout, ils ont du mal à comprendre pourquoi l’arrêt de travail des contrôleurs, dont la tâche principale – quoique non unique, font-ils remarquer à bon droit – est de vérifier dans les wagons la validité des billets (qui ont déjà été contrôlés en gare le plus souvent), empêche les trains de rouler. C’est que leur présence – ils sont environ dix mille – a été rendue obligatoire sur les grandes lignes, tout particulièrement celles des TGV: pas de contrôleur (d’ailleurs gratifié désormais du titre plus valorisant de „chef de bord“), pas de train.
Certes, la grève, convoquée par la CGT et Sud-Rail, n’est pas totale cette fois-ci. La CFDT réformiste, en particulier, a refusé de s’y associer. Et nombre de cadres administratifs de la SNCF ont accepté de prendre sur leur week-end pour remplacer au pied levé leurs collègues contrôleurs grévistes, après une rapide formation spécifique. Mais au total, il était annoncé jeudi soir que ne circulerait en moyenne durant ces trois jours qu’un train sur deux sur les grandes lignes (TGV, Ouigo et Intercités).
La direction de la SNCF a tâché de privilégier, dans la répartition des convois qui rouleront effectivement, ceux qui affichaient le plus fort taux de réservations: sans surprise, il s’agit des „trains de neige“, ceux qui vont vers les stations de ski ou en reviennent, autrement dit surtout à destination ou en provenance des Alpes, et un peu des Pyrénées. Ce qui achève de mécontenter les voyageurs de Bordeaux, Lille ou Strasbourg … Mais le plus grand motif d’exaspération est sans doute ailleurs.
Revendication salariale
A l’occasion de cette grève a en effet été révélée la rémunération des contrôleurs. Ceux-ci gagnent environ 2.900 euros bruts mensuels, primes comprises, en début de carrière, et peuvent atteindre en fin de parcours (à 55 ans) 4.400 euros. Pour un salaire médian qui, selon l’INSEE, est en France de 2.092 euros nets par mois avant impôt pour un travail à temps plein. C’est cette rémunération que les grévistes voudraient voir augmenter de 150 à 250 euros par mois selon les cas, et cela après avoir bénéficié ces deux dernières années d’un rattrapage salarial de l’ordre de 22%, soit très sensiblement plus que l’inflation. Des chiffres qui risquent de laisser rêveurs nombre de candidats au voyage privés de train ce week-end …
Ce qui achève d’indisposer ces derniers est le fait que les cheminots contestataires choisissent presque toujours les périodes de grands départs en vacances pour lancer une grève, laquelle semble être devenue, à la SNCF, une sorte de préalable, voire de substitut, à la négociation. „Une forme d’habitude“, a même soupiré le premier ministre Gabriel Attal, ajoutant que „faire grève est un droit, mais travailler est un devoir“. Certains parlementaires de droite s’interrogent sur la possibilité d’interdire les grèves dans des transports durant de telles périodes, comme en Italie. Hypothèse qui a cependant peu de chance de voir le jour dans l’Hexagone: elle aurait sans doute pour conséquence d’étendre encore la contestation.
De Maart
Sie müssen angemeldet sein um kommentieren zu können