Donnerstag13. November 2025

Demaart De Maart

Réforme des retraitesLa France attend le verdict des „Sages“

Réforme des retraites / La France attend le verdict des „Sages“
Douzième journée de grèves et de manifestations hier en France contre la réforme des retraites Photo: Denis Charlet/AFP

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La douzième journée de grèves et de manifestations contre la réforme des retraites, hier, a globalement confirmé la nette décrue observée ces dernières semaines, même si, quoique moins nombreux, les protestataires ont réaffirmé leur détermination à poursuivre leur mouvement jusqu’au retrait du texte. Mais plus que tout, c’est l’arrêt que doit rendre ce vendredi le Conseil constitutionnel qui aura focalisé jusqu’au bout toutes les attentions.

Cette attente semble d’ailleurs avoir agi de deux façons contradictoires auprès des manifestants et des grévistes. Certains, estimant qu’ils avaient déjà beaucoup défilé et/ou cessé le travail depuis trois mois, ont préféré attendre le verdict des „Sages“, d’autres, à l’inverse, expliquaient qu’il était plus important que jamais de faire nombre, dans la rue et dans les entreprises, à la veille d’une décision dont allait dépendre la suite des opérations.

Mais au total, avec notamment 42.000 manifestants seulement à Paris, et des chiffres eux aussi en baisse dans à peu près toutes les grandes villes, dont Lyon (environ 10.000), Toulouse et Brest (9.000 environ) Marseille et Bordeaux (6.500), outre des scores de grévistes inférieurs à 5% dans les transports publics ou l’Éducation nationale, l’essoufflement numérique du mouvement ne faisait guère de doute hier soir, si les protestataires restants semblaient, eux, toujours aussi convaincus. Quant aux casseurs des Black Blocs, ils se sont, comme l’habitude s’en est installée, livrés à la fin des cortèges à leurs habituelles dégradations et violences.

Mais c’était bien vers le Conseil constitutionnel – au demeurant gardé par cinq rangées de gendarmes casqués, et devant lequel il est désormais interdit de manifester jusqu’à samedi matin – que se tournaient tous les esprits. Au risque de méconnaître sa nature et sa vocation: à l’évidence, un grand nombre de Français, au-delà de leur opinion personnelle sur cette réforme si contestée, semblent bien peu informés sur cette institution, en laquelle ils voient, au mieux, une sorte de Cour suprême à la française, statuant en dernier ressort sur le contenu des décisions parlementaires ou gouvernementales.

Les neuf „Sages“, ces grands méconnus …

On entendait ainsi, hier, des manifestants se demander si le Conseil „aurait le courage d’annuler la loi sur les retraites“. Ou encore tenter de calculer, sur la base des origines politiques de ses membres, pour autant du moins qu’elles leur fussent connues, combien de voix cette annulation espérée serait susceptible de recueillir. Loin de contribuer à les éclairer, il est vrai, nombre de médias parlaient de „l’avis“ attendu du Conseil constitutionnel, qui ne saurait pourtant rendre que des arrêts.

Peu d’entre eux semblaient avoir compris que cette haute juridiction n’est aucunement chargée de statuer sur le bien-fondé politique des textes qui lui sont soumis, et moins encore de donner des conseils à l’exécutif, mais de prendre des décisions dûment justifiées en droit, au regard du respect de la Constitution de la Ve République. Les neuf „Sages“ constituent donc un tribunal du rang le plus élevé, et non une sorte de super-assemblée susceptible de s’ériger en cour d’appel contre le contenu de la politique gouvernementale.

Reste que cette attente aura eu jusqu’au bout toutes les raisons d’occuper les esprits. Car la palette des décisions possibles du Conseil allait en somme du succès total à la déroute non moins totale du gouvernement, autrement dit de la confirmation intégrale de la validité constitutionnelle de son texte à son rejet pur et simple – le tout, on ne saurait trop y insister, sur la seule base de considérations constitutionnelles.

Et cela en passant par toutes le nuances possibles: le Conseil peut très bien retoquer telle(s) ou telle(s) disposition(s) sans condamner l’ensemble du texte. Bien sûr, l’annulation la plus espérée par les adversaires de la réforme serait celle du report de l’âge normal de la retraite de 62 à 64 ans. Une rumeur – invérifiable – qui courait hier soir à Paris étant que cet aspect-là au moins de la réforme ne devrait donner aucune prise à une invalidation constitutionnelle. Fin du suspense ce vendredi …