FranceLa composition du nouveau gouvernement reflète l’impossibilité d’élargir la majorité

France / La composition du nouveau gouvernement reflète l’impossibilité d’élargir la majorité
Emmanuel Macron et Elisabeth Borne arrivent pour la première réunion du nouveau gouvernement Photo: Christophe Petit Tesson/EPA POOL/AP/dpa

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C’est par un simple communiqué de la présidence de la République, publié avec deux bonnes heures de retard sur l’horaire annoncé hier, que l’Elysée a fait part de la nouvelle composition du gouvernement d’Elizabeth Borne.

Un gouvernement marqué par la continuité, puisqu’aucune personnalité issue de l’opposition n’y figure, mais dans lequel – seule concession à une très relative „ouverture“ – les groupes amis du parti macroniste ont une place plus importante. Ce gouvernement, aussitôt expédiées les passations de pouvoirs dans les différents ministères, s’est réuni à l’Elysée en conseil des ministres inaugural, au cours duquel Emmanuel Macron a „pris acte du refus des partis de gouvernement membres de l’opposition de prendre part à un accord de gouvernement“.

Un constat forcé par la réalité: de fait, en termes de partis politiques, les seuls qui sortent un peu renforcés de ce remaniement pour siéger aux côtés des membres de Renaissance, le nouveau nom de La France en Marche macroniste, sont le MoDem centriste de François Bayrou, et Horizons, qui regroupe les amis de l’ancien premier ministre Edouard Philippe. Ni l’un ni l’autre ne figurent d’ailleurs personnellement dans le nouveau cabinet.

Après quoi il restait à la classe politico-médiatique à s’interroger, en général assez vainement, sur la signification de tel départ, de telle arrivée, de tel retour, de telle permutation. „C’est en somme le jeu des chaises musicales“, notait, désabusé, un député macroniste (et non sélectionné). Tout au plus aura-t-on noté le départ – attendu – de Damien Abad, ex-président des députés LR dernièrement converti au macronisme et qui ne sera resté ministre qu’un mois et demi, poursuivi par plusieurs plaignantes qui l’accusent de harcèlement sexuel.

Quel „gouvernement d’action“?

Ou le retour, plus „glamour“, de Marlène Schiappa – qui, elle, ne sera restée hors du gouvernement que deux mois, comme quelques autres … D’autres demeurent à des postes majeurs: Gérald Darmanin à l’Intérieur (où il aura aussi en charge l’Outre-Mer), Bruno Le Maire aux Finances (avec le renfort de plusieurs ministres délégués et secrétaires d’Etat), Eric Dupond-Moretti à la Justice et la diplomate Catherine Colonna, récente promue, aux Affaires étrangères.

L’Elysée avait annoncé que la prochaine équipe Borne serait „un gouvernement d’action“. On ne voit pourtant pas bien, à ce stade, et sans vouloir faire injure aux nouveaux ministres, quels atouts supplémentaires, par rapport à leurs prédécesseurs, ils sont susceptibles de fournir à l’exécutif. D’autant que la composition politique de la nouvelle équipe ne déplacera manifestement pas une voix à l’Assemblée nationale …

Demain, Mme Borne prononcera devant l’Assemblée son discours de politique générale, sans probablement solliciter un vote de confiance qui serait infiniment risqué. Jeudi se tiendra un nouveau conseil des ministres, consacré au projet de loi sur le pouvoir d’achat. Après quoi commencera sans doute une épuisante guérilla parlementaire, texte après texte, avec une perpétuelle quête de majorité ponctuelle. Un „gouvernement d’action“, vraiment? Ce n’est pas gagné.