Le SD n’était pas un service de police comme les autres. Tout d’abord, ce n’était pas à proprement parler une institution étatique mais un service de la SS, c’est-à-dire un organisme privé. Créé en septembre 1931 sur ordre de Heinrich Himmler et placé sous la direction de Reinhard Heydrich, il avait pour principale mission de surveiller les membres du NSDAP et de ses organisations annexes, repérer les brebis galeuses et signaler tout signe de dissidence.
Une fois que les nazis étaient arrivés au pouvoir, ces fonctions avaient été étendues à l’ensemble du Reich. Dans une société à parti unique, où la liberté d’expression avait été éradiquée, les organisations mises au pas et la presse muselée, le SD jouait un rôle indispensable. Il devait saisir les fluctuations d’une opinion qui n’était plus publique et repérer les ennemis du régime. C’est pour cette raison aussi qu’il n’était pas un service de police comme les autres. Le SD ne poursuivait pas ceux qui avaient commis des crimes, il s’efforçait d’identifier ceux qui avaient le profil d’en commettre un.
Les hommes qui étaient au service de cet appareil ne se percevaient donc pas comme des flics menant des interrogatoires les manches retroussées – comme leurs plus frustes collègues de la Gestapo. Non, ils se voyaient comme des ingénieurs sociaux, qui scrutaient la Volksgemeinschaft de manière scientifique pour garantir sa cohésion. Beaucoup de ses 7.000 agents étaient des trentenaires au parcours universitaires – à l’image de certains de ses principaux dirigeants comme Werner Best, Franz Six ou Otto Ohlendorf.
Le SD au Luxembourg
Le SD avait commencé à établir des rapports sur le Luxembourg dès les années 1930. Il s’intéressait plus particulièrement à l’attitude de ses forces vives face à l’Allemagne, à son économie et, bien entendu, au sort des exilés allemands – Juifs et opposants politiques – sur son territoire. Au lendemain de l’invasion, ses hommes commencèrent à y opérer à visage découvert au sein de l’Einsatzkommando der Sipo-SD in Luxemburg (EKL), auquel appartenaient aussi des agents de la police criminelle allemande et de la Gestapo.
Le siège de la SD au Luxembourg était installé dans une villa située au 11, boulevard Extérieur, l’actuel boulevard Grande-Duchesse Charlotte. C’est ici qu’étaient centralisées les renseignements fournis par son réseau d’informateurs, des Luxembourgeois pro-allemands qui avaient été approchés dès l’avant-guerre. Ce réseau s’était considérablement agrandi lorsque le SD conclut un accord avec le chef de l’administration civile allemande au Luxembourg, le Gauleiter Gustav Simon.
Le Gauleiter Simon n’avait en effet aucune autorité sur l’EKL, qui dépendait directement du Reichssicherheitshauptamt (RSHA) à Berlin. Dans un premier temps, une certaine rivalité avait même existé entre ce dernier et les SS. Mais à la fin du mois d’août 1940, ils avaient fini par trouver un terrain d’entente. Des „geheime Bewacher“ avaient été désignés dans chaque Block, la plus petite unité territoriale de la Volksdeutsche Bewegung (VdB). Ils devaient transmettre des informations directement à l’EKL. En échange le SD remettait chaque semaine une copie de ses rapports au Gauleiter.
Un instantané de l’état de l’opinion
Les „Lage- und Stimmungsberichte“ hebdomadaires du SD étaient tous rédigés sur le même modèle. Ils abordaient d’abord l’opinion générale, puis les activités des „ennemis du régime“ et enfin les questions économiques et culturelles. Tous les bureaux du SD, à travers le Reich et l’Europe occupée, rédigeaient ces rapports et les envoyaient au RSHA. Une fois sur place, ils étaient synthétisés afin de fournir aux principaux dirigeants du Reich un instantané de l’état de l’opinion.
Le rapport que le bureau du SD au Luxembourg rédigea le 20 janvier 1942 permet de se faire une idée de ce à quoi ressemblaient ces rapports.* Il y était d’abord noté que les Luxembourgeois n’avaient que peu d’intérêt pour les événements dans le Sud-Est asiatique où, après leur attaque surprise sur Pearl Harbor, les Japonais étaient en train de se tailler une zone d’influence aux dépens des empires coloniaux français, néerlandais et britannique.
Les préoccupations des Luxembourgeois en janvier 1942
Ce qui les préoccupait le plus, comme les semaines précédentes, c’étaient les événements sur le Front Est – et l’impact qu’ils auraient sur eux. Les agriculteurs se plaignaient ainsi de la réquisition de chevaux qui avait été annoncée. Quant aux ouvriers luxembourgeois, ils craignaient d’être eux-mêmes réquisitionnés pour remplacer ceux de la Ruhr, mobilisés dans la Wehrmacht. Selon une rumeur, 3 à 4.000 d’entre eux devaient être prochainement envoyés en Allemagne.
Le ravitaillement était un autre souci majeur de la population. Dans l’arrondissement de Diekirch l’on se plaignait du manque de légumes. L’approvisionnement en viande était aussi critiqué en raison de son caractère aléatoire. Alors que les boucheries et les charcuteries de Diekirch et d’Ettelbruck proposaient un large choix de viande, il était parfois impossible, pendant des jours, d’en obtenir un seul morceau à Clervaux, Troisvierges ou Redange.
Cet état de fait était vraisemblablement lié au développement du marché noir. Des agriculteurs vendaient leurs produits sous le manteau. „Dabei sollen es nicht gerade die Bauern sein, die diese Dinge feilbieten, es soll sich vielmehr um Reichsdeutsche handeln, die von sich aus RM.10, für ein Pfund Schinken zahlen“, était-il noté dans le rapport. Il y était également révélé que des commerçants de Luxembourg avaient l’habitude de partir pour l’Ösling avec des produits de consommation (vêtements, étoffes, etc.) afin de les troquer contre du jambon, des œufs, du beurre et d’autres denrées.
L’état excellent de l’industrie sidérurgique
Sur le plan culturel, il était relevé que le film „Kadetten“, un drame historique racontant le combat héroïque d’élèves-officiers prussiens contre les cosaques, pendant la guerre de Sept Ans, avait été reçu fraîchement au Luxembourg. Son message de propagande, en pleine guerre contre l’Union soviétique, était jugé trop transparent. Les jeunes étaient d’avis „dass die amerikanischen Wildwest- und Gangsterfilmen viel spannender gewesen seien, als dieser preussische Film. Bei älteren Zuschauern konnte man Äusserungen vernehmen, dass die im Film dargestellte Brutalität der Kosaken keinesfalls so schlimm sei, auch die Russen seien Menschen und würden sich keinesfalls an Kindern vergreifen.“ Un autre film, beaucoup plus léger, intitulé „Oh diese Männer“ avait eu en revanche un énorme succès. „Allgemein ist man der Ansicht, dass dieser Film grossartig sei und dass keiner ihn verpassen dürfe.“
Sur le plan économique les nouvelles étaient plutôt bonnes, en tout cas dans l’industrie sidérurgique. Celle-ci avait été frappée de plein fouet par les combats du printemps 1940 et l’évacuation de la population du Bassin minier. Mais depuis lors, la production n’avait cessé d’augmenter. Le seul véritable frein n’était pas l’éventuelle réticence des Luxembourgeois à travailler pour l’effort de guerre allemand – il n’en est pas question dans le rapport – mais le manque de charbon: „Die schwerindustriellen Unternehmungen Luxemburgs befinden sich in einem hervorragenden Zustand. (…) Arbeiter stehen in beliebiger Anzahl bis zur Höchstkapazität zur Verfügung, weil Einziehungen zur Wehrmacht in Luxemburg nicht erfolgen, von Freiwilligen abgesehen. Wenn die Werke deshalb mit genügend Koks versehen werden könnten, würde sich die Leistungsfähigkeit ausserordentlich steigern lassen. Es ist daher die Frage vordringlich, ob nicht in Zukunft grössere Rüstungsaufträge aus dem Reich nach Luxemburg verlagert werden sollten.“
* Archives nationales de Luxembourg (ANLux), Fonds Chef der Zivilverwaltung (CdZ), SD 031, cinquième dossier, rapport du 20 janvier 1942.
De Maart
Guten Tag Herr Artuso,
die Nazis waren davon überzeugt, dass "kriminelle Asozialität" genetisch bedingt ist. Diese Überzeugung bezogen sie aus der seit 1900 sich weltweit entwickelnden eugenisch-genetischen Pseudo-Medizin. Diese rassistische Pseudo-Medizin wurde von Viehzüchtern, Biologen, Medizinern, Juristen als eliminatorische, bevölkerungspolitische Waffe gegen "genetisch degenerierte minderwertige Rassen" und gegen "genetisch degenerierte minderwertige BürgerInnen" eingesetzt. Diese "eugenische" Pseudo-Medizin war eine antihippokratische, faschistisch-sozialrassistische Medizin; sie befand sich seit 1900 weltweit im Krieg gegen "genetische Verbrecher", die die angebliche überlegene genetische Gesundheit des Volkskörpers der weißen Rasse ruinierten. Die "Reinigung des arischen Volkskörpers" von "asozialen, gemeinschaftsfremden, gehirnkranken Erblichkeitsverbrechern" durch medizinisch-rassenhygienische "Aufartung durch Ausmerze" war auch in Luxemburg das oberste Staatsziel des Nationalsozialismus und seines akademischen "Sicherheitsdienstes".
Madison Grant: Der Untergang der weißen Rasse, 1916. (Hitlers Bibel)
Armin Trus: Die "Reinigung des Volkskörpers" - Eugenik und 'Euthanasie' im Nationalsozialismus, 2019, Metropol-Verlag.
MfG
Robert Hottua