Samstag15. November 2025

Demaart De Maart

FranceJ-1 pour la „mise de la France à l’arrêt“ contre la réforme des retraites

France / J-1 pour la „mise de la France à l’arrêt“ contre la réforme des retraites
Les syndicalistes français Simon Duteil, François Hommeril, Philippe Martinez, Marylise Léon, Frédéric Souillot, Sylvie Deude, Dominique Corona et Benoit Teste participent à une réunion-débat organisée par plusieurs syndicats sur la réforme des retraites Photo: AFP/Jeff Pachoud

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L’Elysée et le gouvernement jouent gros dans cette crise et assurent ne pas vouloir reculer. Les syndicats, pour qui l’enjeu n’est pas moindre, sont quant à eux très résolus à accroître l’ampleur de la contestation. Les grèves contre la réforme des retraites mardi plongent la France dans une atmosphère de veillée d’armes.

La France va vivre ce lundi dans une atmosphère de veillée d’armes, tant la journée de grèves et de manifestations contre le projet gouvernemental de réforme des retraites de demain, préparée depuis trois semaines par les syndicats, s’annonce difficile pour le pouvoir comme pour les usagers des services publics. Pour les deux camps, ce rendez-vous social prend vraiment l’allure d’un grand test national.

Certes, les prévisions des services du renseignement territorial ne faisaient pas état, dimanche soir, de perspectives de mobilisation supérieures aux chiffres relevés en février, lors des précédentes journées de contestation: de l’ordre de 1,2 à 1,4 million de manifestants sur l’ensemble de la France, dont 70.000 à 90.000 à Paris. Mais officiellement, on se garde bien de considérer ces prévisions comme des certitudes.

Bien au contraire, même: le discours officiel reste alarmiste, face à des annonces syndicales qui, il est vrai, ont un ton très vindicatif, puisqu’il ne s’agit pas moins, selon les grandes centrales, que de „mettre la France à l’arrêt“; voire, surenchérit la CGT, „l’économie française à genoux“. Le porte-parole du gouvernement ne s’est évidemment pas fait faute de rebondir sur de telles déclarations en répliquant“: „Ce sont les travailleurs que l’on veut mettre à l’arrêt; ce sont les Français que l’on veut mettre à genoux.“

Le dernier sondage

Il n’empêche: le tout dernier sondage publié par Le Journal du Dimanche montre que 68% des Français restent opposés à la réforme, contre seulement 32% qui y sont favorables. Même si la résignation des personnes interrogées semble un peu étrange, puisqu’à peu près la même proportion (66% contre 34) se dit convaincue qu’en dépit de cette opposition massive la réforme sera votée, et bel et bien appliquée.

Mais si l’Elysée et le gouvernement, qui jouent évidemment gros dans cette crise, assurent ne pas vouloir reculer, les syndicats, pour qui l’enjeu n’est pas moindre, sont quant à eux très résolus à accroître l’ampleur de la contestation, quitte à en faire évoluer la forme. Et cela d’autant plus que l’inflation galopante achève de tendre le climat social. Certaines branches ont d’ailleurs entamé des grèves dès le début du week-end, en particulier dans les raffineries de pétrole, les centrales nucléaires, chez les aiguilleurs du ciel et les routiers, dont les barrages devaient être mis en place dans la soirée de dimanche.

C’est mardi soir, tout en dressant le bilan de la journée de paralysie annoncée, que les organisateurs du mouvement national arrêteront leur dispositif pour les jours suivants. On sait déjà que sur ce front, deux tendances s’affrontent. La première est celle de la CGT de Philippe Martinez, qui souhaiterait pérenniser les arrêts de travail du 7 mars en instaurant un système de grèves reconductibles „jusqu’à ce que le gouvernement entende la voix des travailleurs“, autrement dit retire son projet de loi. La direction cégétiste est en effet convaincue que le président Macron redoute bien plus une paralysie économique que des manifestations même très larges.

Des ministres champions d’aviron, tellement ils rament

Philippe Martinez, syndicaliste et secrétaire général de la CGT

La seconde est celle de la CFDT de Laurent Berger, qui, sans exclure d’autres arrêts, préfèrerait arracher au pouvoir l’ouverture de „vraies négociations sociales“ plutôt que de reprendre la succession de rendez-vous infructueux à Matignon … Car plus le temps passe, plus on mesure combien le gouvernement a mal géré, en amont du débat parlementaire, la préparation de son texte (y compris, d’ailleurs, en négligeant M. Berger, qui était, à l’origine, ouvert à la discussion).

Des gaffes ministérielles

Plusieurs gaffes ministérielles, notamment sur l’établissement d’une retraite minimale à 1.200 euros, dont le nombre de bénéficiaires potentiels s’est réduit comme peau de chagrin, sont venues l’illustrer, et compliquer encore la tâche des ministres concernés. Des ministres dont M. Martinez disait hier qu’„à force de ramer, ils vont devenir champions d’aviron!“

Pendant ce temps, et les préparatifs fiévreux accompagnant le compte à rebours du 7 mars, le Sénat, où la droite est largement majoritaire et compte vendre chèrement son soutien, examine le texte gouvernemental dans un climat qui n’a évidemment rien à voir avec la foire d’empoigne de ces dernières semaines au Palais-Bourbon. Même si la discussion y est serrée, et les amendements nombreux. Il a notamment voté – chiffon rouge supplémentaire pour les syndicats – la suppression d’un certain nombre de „régimes spéciaux“ très avantageux pour certaines catégories du Service public (SNCF, RATP, EDF, etc.), mais non celui … des sénateurs, comme le réclamait la gauche.

La journée de mardi pourrait bien, toutefois, contraster assez nettement avec l’atmosphère feutrée de la Haute-Assemblée …