
Ces idéaux, autrefois considérés comme des aspirations légitimes, sont aujourd’hui perçus comme militants, voire utopiques, face aux tensions qui traversent nos sociétés. En lieu et place de cette quête de justice, nous assistons à une montée de la violence, exacerbée par les guerres et la montée des régimes autoritaires, qui présentent la répression comme un moyen nécessaire de rétablir l’ordre. Si le rapport de l’Okaju définit des lignes conductrices indispensables pour garantir le droit et la protection des mineurs au Luxembourg, telle comme la convention des droits de l’enfant le stipule, force est de constater que sur le terrain du travail social luxembourgeois, les problématiques éducatives et notamment les violences familiales, voire parentales ne font que s’accentuer. Si les formes éducatives se traduisent par des actes de violence physique et psychologique dont les mineurs sont les premières victimes, de nombreuses études dénoncent ces mêmes violences comme étant les premiers facteurs de risque de développement d’un comportement déviant adopté, plus tard, pendant l’adolescence d’un mineur en souffrance. Les études sont claires: un enfant qui grandit dans un environnement où la violence est omniprésente, qu’elle soit physique, psychologique ou structurelle, risque davantage de la reproduire à l’âge adulte, que ce soit dans ses relations personnelles ou au sein de la société. Lorsqu’un enfant est dominé par la force, il apprend que la violence est un mode de gestion des conflits, une façon d’exercer le pouvoir. Il risque de la normaliser et de la reproduire. Casser ce cycle dès l’enfance, c’est protéger les générations futures d’un modèle social fondé sur la domination et la peur.
Un monde où tout un chacun a sa place
A ce titre, je me pose la question suivante: Quel est réellement le message que nous souhaitons transmettre aujourd’hui à nos futures générations? Un monde issu de la peur, de la contrainte et de l’autorité? Où personne ne peut réellement exprimer ni ses émotions, ni ses pensées, ni ses volontés, qui sont justement et purement des actes humains et essentiels au développement sociétal. Ma réponse est claire: Non, je ne souhaite nullement transmettre ce message aux futures générations! Mais bien pouvoir concevoir les fondements et les bases humaines nécessaires pour construire un monde où tout un chacun a sa place, son espace et son droit d’expression sans craindre d’être déchu, dessaisi ou encore violenté par un régime conformiste, conservateur, voire autoritaire.
Le monde nous le montre, regardons autour de nous, les nombreuses guerres actives à l’échelle internationale confirment malheureusement à quel point les mineurs de nos jours sont encore en manque de protection! De nombreux mineurs se retrouvent en première ligne dans des zones de guerre bien trop atroces et violentes. Ces mêmes mineurs ne peuvent pas se permettre de se développer dans un contexte environnemental serein, propice et adapté à leurs besoins. Non! Ces mêmes mineurs doivent faire face à des épreuves violentes et inhumaines en étant accroupis par la rage, la haine et l’incompréhension dont la violence semble souvent être le seul élément de réponse possible. Ces mêmes mineurs arrivent parfois seuls, fuyant la guerre, la misère ou la persécution, sans protection ni famille. Déjà marqués par des violences extrêmes, ils restent exposés à l’exploitation et aux violences institutionnelles une fois en Europe. Fermer les yeux sur leur détresse, c’est accepter qu’un enfant soit abandonné à la brutalité du monde des adultes. Regardons autour de nous et permettons-nous un instant de réaliser à quel point ces mêmes futures générations sont déjà déchirées et cassées en mille morceaux.
Aucune amélioration au Luxembourg
Au Luxembourg, nous ne pouvons malheureusement pas constater une amélioration dans les actes de violences familiales et parentales. Les chiffres nous le montrent, les violences conjugales et notamment les violences parentales sur mineurs ne font que s’accentuer graduellement d’année en année. Mais, lorsqu’on parle de violence conjugale, on parle surtout de violence commise sur les femmes, celles qui aujourd’hui se retrouvent encore majoritairement seules avec leurs enfants en cas de séparation. Et là encore, je tiens à soulever que de nombreuses violences conjugales et parentales ne sont guère dénoncées, justement par peur de subir des conséquences, des préjugés, voire des injustices sociales supplémentaires.
En effet, une femme monoparentale ayant subi des violences conjugales se doit d’être forte, sereine et surtout d’être toujours à la hauteur dans son rôle de mère. Un rôle qui requiert une polyvalence extrême, et ce, dans tous les domaines: la scolarité, les loisirs, la santé, la capacité intellectuelle ou encore l’appartenance sociétale sont bel et bien des facteurs déterminants au Luxembourg pour considérer le bien-être émotionnel et physique d’un mineur. Or, permettons-nous un instant de contextualiser une situation de famille monoparentale déchue et marquée par des actes de violences physiques, psychologiques, voire sexuels dont de nombreux ne sont encore guère dénoncés à la justice. Cette femme, qui se retrouve seule à maintenir le noyau familial, et donc aussi à assurer l’éducation de ses enfants, étant également touchée par des actes de violences, se voit être inhibée à répondre, par moments, aux exigences sociétales requises.
Nous le connaissons bien le cycle de la violence comprenant les phases de la crise, de la justification, de la réconciliation et de la tension. Ce cycle, dont les enfants sont les premiers témoins innocents, mais à qui on demande, dès leur plus jeune âge, d’être fort et de dépasser cette réalité qui est juste inhumaine et violente. Ne nous trouvons pas là à adopter un discours totalement contradictoire voire incompréhensible pour un mineur qui ne connaît malheureusement, que la violence comme outil de justification ou de protection? Ne l’oublions pas, la violence conjugale ne s’arrête pas à la relation entre deux adultes, elle imprègne toute la cellule familiale et détruit l’insouciance et la sécurité dont chaque enfant a besoin pour se développer.
Promotion d’idéaux respectueux et tolérants
Ainsi, permettre à ces jeunes enfants en souffrance de vivre dans une vie où la paix, le respect et la tolérance règnent au quotidien, est un défi particulièrement difficile à relever dans les jours sombres d’aujourd’hui. Mais c’est un défi qui est indispensable à relever et qui requiert l’investissement de tout un chacun! Ensemble et individuellement, femme, homme, personne LGBTQI+ ou encore tout individu se doit d’ouvrir les horizons de l’amour, du respect et de la communication non violente à l’égard de tout être humain.
Car ce sont nous, les adultes, qui sont les moteurs et les variables déterminantes pour nos générations futures. C’est à nous d’instaurer la promotion d’idéaux respectueux et tolérants où la protection des mineurs ne doit plus être un facteur de risque omniprésent dans le quotidien! Permettre à cette nouvelle génération de créer un monde libre et ouvert où la tolérance, la bienveillance et la non-violence deviennent non seulement les maîtres mots, mais également les dispositifs indispensables au sein d’un fonctionnement étatique, c’est permettre d’instaurer une égalité des genres et une protection contre toute forme de violence, particulièrement celle inhérente, permanente et invisible auprès minorités sociétales! La transmission de la violence et de la détresse n’est pas une fatalité. C’est pourquoi des mesures concrètes peuvent être mises en place: promouvoir la santé mentale dès la petite enfance, sensibiliser les parents aux risques du rôle parental pour prévenir l’épuisement et renforcer la prévention des violences par des programmes éducatifs adaptés. Une meilleure coordination entre la santé, l’éducation et la famille est essentielle pour protéger les plus jeunes et ainsi prévenir également la violence contre les femmes.
Alors, face à ce monde accroissant d’injustices sociétales et de violences omniprésentes auprès des minorités sociales, il est l’heure, plus que jamais, de se joindre à nous le 8 mars et de marcher pour tous les enfants et toutes les femmes. Parce qu’aucune femme, fille et enfant n’est libre et protégée tant que nous ne le sommes pas toutes.
De Maart
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