Samstag15. November 2025

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ExpoIdéal de beauté et humanisme: Botticelli au Musée Jacquemart-André

Expo / Idéal de beauté et humanisme: Botticelli au Musée Jacquemart-André
Alessandro Filipepi dit Botticelli (vers 1445-1510) et atelier, „Le Jugement de Pâris“, vers 1482-1485, tempera sur bois, 81x197 cm, Venise, Fondazione Giorgio Cini, Galleria di Palazzo Cini, Venezia © Fondazione Giorgio Cini

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Cette exposition, qui réunit une quarantaine d’œuvres du peintre florentin Sandro Botticelli (1445-1510) et de son atelier, permet de revoir un idéal de beauté tout en lignes, arabesques et volutes. Cette manière propre à l’artiste aura marqué la moitié du XVe siècle, sous Laurent de Médicis.

Info

Botticelli, artiste et designer
Jusqu’au 24 janvier 2022
Musée Jacquemart-André
158, boulevard Haussmann
75008 Paris
www.musee-jacquemart-andre.com

Selon un parcours à la fois thématique et chronologique, nous constatons combien l’œuvre de Botticelli est subtile, délicate, forte d’elle-même, d’une poésie qui correspond à la culture humaniste néo-platonicienne de l’époque. Botticelli s’est formé à la peinture et à l’art de la fresque dans l’atelier de Filippo Lippi. Mais auparavant, issu d’un milieu pauvre, son père est tanneur, Botticelli travaille dans un atelier d’orfèvre.

Peintres et artisans œuvrent sur les chantiers en étroite collaboration. Botticelli a retenu de ce passage en orfèvrerie un goût pour les formes découpées et l’ornementation. Botticelli agrémente l’œil d’une écriture particulière, les visages appellent la beauté, ainsi que les corps allongés, tandis que les chevelures et les gestes s’harmonisent dans des inflexions souples. La ligne est maîtresse, elle permet à la figure, comme isolée, de surgir avec harmonie.

En même temps, fort de l’influence des grands maîtres florentins, notamment de Lippi, Botticelli insiste sur une atmosphère mélancolique, une tendresse, qui feront son succès. Un sculpteur comme Verrocchio lui donne également le désir de silhouettes féminines aux formes délicates. Il faut savoir que plusieurs modèles posaient pour atteindre à cet idéal.

Filippo Lippi parti pour Spolète effectuer sa dernière commande, Botticelli reste à Florence où il ouvre son atelier. Son style attire l’attention des Médicis qui règnent alors sur Florence. Ils lui passent commande pour le Tribunal de la Mercanzia.

„La Force“ (1470) est la première œuvre datée de Botticelli. La figure semble flotter, à la fois délicate et campée sur fond sombre, un fond qui fait saillir la figure, les plis de l’étoffe rouge, la délicatesse de la tête penchée. Les notables passent également commandes pour leurs demeures. Les tableaux s’insèrent dans le mobilier, entre les lambris, sur les murs.

Des Vénus affluent, prétexte pour admirer de belles femmes nues, toujours très pudiques, une pudeur qui semble davantage révéler que cacher. En outre, chaque mouvement de la silhouette doit refléter un état d’âme, selon un idéal qui conjugue beauté intérieure et beauté extérieure. La réflexion humaniste concilie nature et sens, ennoblis par la culture et la civilisation. Ce répertoire cher aux Médicis est devenu représentatif de Florence à la fin du Quattrocento.

Virtuosité et sens de la perspective

Botticelli et son atelier ont également œuvré pour les églises, créant de grands retables et des fresques. La conception, puissante, tient à l’organisation structurée des lignes de la perspective. En outre l’artiste maîtrise remarquablement les rapports spatiaux. Il est appelé à Rome pour peindre dans la chapelle Sixtine des fresques de l’Ancien et du Nouveau Testament. Ce sont des compositions riches d’inventions, de détails, dans un contexte spatial décoratif.

De retour à Florence, Botticelli travaille aux commandes des Médicis, notamment de petits panneaux décoratifs, ainsi que des fresques pour leur villa. De son séjour à Rome, il retient une nouvelle attention pour le modelé plastique ainsi qu’une compréhension plus approfondie de la mythologie antique, ce qui lui permettra de représenter certaines allégories. Par ailleurs son intérêt pour la „Divine Comédie“ de Dante (1265-1321) est le même chez les Médicis et leur cercle d’humanistes.

Botticelli, pour la première édition illustrée de l’œuvre de Dante, fournit une série de dessins. Toujours dans la sphère privée, Botticelli et son atelier produisent des tondi, peintures de format circulaire aux sujets religieux. Ces tondi exigent virtuosité et sens de la perspective.

On y retrouve, dans la gestuelle qui unit les personnages, le traitement des visages et des postures, un mouvement léger et harmonieux. Car la beauté incite l’âme à la prière et au bien. Cette aptitude au dessin, à la couleur, à l’ornementation, fait de Botticelli un véritable styliste, là où l’intitulé de l’exposition le qualifie de designer. Un terme moderne, simplificateur, pour attirer nos contemporains, un terme somme toute assez facile.

Mais les temps changent, le luxe, la dépravation, sont dénoncés par Savonarole (1452-1498), frère prédicateur et théologien. Lorsque les Médicis sont renversés, Savonarole, dont les sermons apocalyptiques impressionnent grandement les Florentins, instaure et dirige une dictature théocratique de 1494 à 1498. Le climat influe sur la peinture de Botticelli, sans qu’on sache s’il adhère à la vision de Savonarole.

La légèreté a disparu au profit de formes plus ascétiques, d’un cadrage resserré, mais le propos est toujours teinté de douceur. Le style qui a fait sa renommée disparaît. Botticelli, âgé, se retire. Il est étonnant de penser qu’il a fini dans l’oubli et la misère, avant d’être redécouvert au XIXe siècle.