Monsieur le président,
Conformément à l’article 80 du règlement de la Chambre des députés, je vous prie de bien vouloir transmettre la question parlementaire suivante à Monsieur le ministre du Logement:
Dans le cadre de la crise générale du logement, il y a un aspect important, Monsieur le ministre, que vous semblez ignorer, consciemment ou inconsciemment, je veux parler du scandale des milliers de logements vides.
1. Est-ce qu’il y a une raison majeure pour laquelle vous semblez vous désintéresser complètement de ce sujet, certes délicat, alors qu’il devrait constituer un axe de travail important, au même titre que vos mesures fiscales, vu qu’il s’agit d’un réservoir important de logements disponibles qui pourraient se retrouver rapidement sur le marché, à condition que vous preniez une initiative ad hoc?
2. Connaissez-vous le nombre exact de logements vides, certains spécialistes du secteur l’estiment à plus de 20.000 unités (oui: vingt-mille!)?
3. Pourquoi vous obstinez-vous à concentrer vos efforts sur des mesures visant presque exclusivement le marché immobilier et ses acteurs privés (votre clientèle électorale?) et sur des actions se limitant presque en majeure partie à des mesures fiscales, avec l’échec que tout le monde peut admirer sous les yeux, tous les jours?
4. Ne pensez-vous pas qu’une stratégie idoine dans le chef des logements vides serait à même de conférer un toit à un nombre très important de concitoyens?
5. Partagez-vous le constat qu’une telle stratégie devrait commencer par un inventaire précis à mettre sur pied en étroite collaboration avec les communes?
6. Etes-vous d’accord pour, éventuellement, charger un organisme para-étatique ou privé, à établir un tel relevé, indispensable à toute autre initiative préalable?
7. Partagez-vous le constat qu’il faut également connaître les réelles motivations pour lesquelles ces propriétaires préfèrent laisser ces logements vides, au lieu de les mettre sur le marché immobilier?
8. Est-ce que ce seraient vos idées ultralibérales qui vous empêchent d’œuvrer dans le sens indiqué ci-dessus, alors que l’intérêt général, qui devrait primer et pour lequel vous êtes là où vous êtes, vous commande des actions autrement plus courageuses?
9. Partagez-vous le constat des spécialistes du secteur qui pensent qu’il y a deux raisons majeures qui motivent les propriétaires en question, de ne pas bouger: ceux qui le font par méconnaissance du marché locatif ou ceux qui ne visent que le profit, ou la spéculation?
10. Est-ce que l’Etat, dans la situation actuelle de crise de logement manifeste, n’a pas l’obligation morale et politique de changer de braquet dans le domaine sous rubrique, voire. à la limite, de sanctionner d’une façon ou d’une autre, ces propriétaires qui agissent contre l’intérêt général, à l’instar de vous-même, si, enfin, vous ne prenez pas à bras le corps ce dossier et continuez à protéger des personnes qui „agissent par leur inactivité“, contre l’intérêt de la société en général?
11. Etes-vous au courant que parmi ces propriétaires plus que réticents, il y en a éventuellement qui ont hérité d’un bien et ne veulent pas l’utiliser, ou ceux qui ont acheté un bien pour le léguer plus tard à leurs enfants, ou des personnes qui laissent leur logement vide, alors qu’elles sont prises en charge définitivement?
12. Est-ce que vous seriez éventuellement prêt à confier la gestion de ce dossier à des structures déjà existantes comme la „Fondation pour l’accès au logement“, ou l’„Agence immobilière sociale“ ou un autre organisme identique, à créer, le cas échéant?
Dans l’espoir d’avoir des réponses précises à cette ribambelle de questions, je vous prie d’agréer, Monsieur le président de la Chambre des députés, l’expression de mes sentiments très distingués.
René Kollwelter, député (honoraire)
Exposé des motifs:
Au Luxembourg, comme ailleurs, la crise du logement prend des proportions de plus en plus catastrophiques tous les jours. Les efforts louables mais trop timides du gouvernement, avec sa politique caractérisée surtout par des mesures fiscales qui, à la limite et dans les meilleurs des cas, feront ou non preuve de réussite timide dans quelques années seulement.
Certes, il est de notoriété que cette crise, qui vient de loin et qui a des ramifications nombreuses, ne peut être surmontée du jour au lendemain. Or, dans la situation où nous nous trouvons, aucun, je dis bien aucun, levier ne doit être ignoré, susceptible d’apporter sa pierre à l’ensemble de l’édifice.
Des professionnels du secteur ont déjà sonné l’alarme: des milliers de logements, pour des raisons diverses et variées, sont vides, certains depuis des années. Entretemps je me suis approprié comme une expertise dans ce domaine, d’ailleurs vous pouvez en faire de même. A l’occasion de vos promenades, vous n’avez qu’à lever un peu la tête, vous allez détecter facilement un nombre impressionnant de logements non occupés. En ville, dans les centres urbains ou à la campagne, partout. Quel gâchis! Plus que jamais il faut lutter contre la rhétorique sur „la pénurie de logements“ et exiger, à la limite et après des efforts politiques infructueux, la réquisition de tous les logements vides.
A crise exceptionnelle mesures exceptionnelles, non?
Oui, la crise du logement est également une crise de répartition des biens, aggravée par la spéculation immobilière et la concentration des logements entre les mains d’une minorité. Le gouvernement n’est pas là pour protéger les nantis, les multipropriétaires. Pourquoi agit-il seulement d’après des critères idéologiques?
Pourquoi les pouvoirs publics, toutes couleurs politiques confondues, regardent-ils ailleurs ou baissent le regard? Pourquoi aucun responsable politique ne prend à bras le corps ce sujet? Ont-ils tous peur de se brûler les doigts? Ou de froisser quelqu’un? Pourquoi ce sujet ressemble-t-il à une vache sacrée que personne ne veut toucher? Des préjugés idéologiques, déjà évoqués, sont-ils la raison majeure de cet immobilisme, notamment de la part du ministre qui a ce ressort gouvernemental dans sa besace, alors qu’il y va de l’intérêt général? Pourquoi ce gouvernement se soucie-t-il presque exclusivement des intérêts particuliers? Pourquoi même dans l’opposition parlementaire, à une exception près, personne n’a le courage de mettre ce sujet sur la table et d’interpeller le gouvernement?
L’action insuffisante car incomplète du gouvernement et ses motivations purement idéologiques sont à la base de son incapacité à résoudre la crise.
Pour finir, je vais vous dire: je ne m’attends à absolument rien de ce gouvernement quand il s’agit de faire preuve de courage et d’initiative politique forte, notamment dans le chef de la „frange inférieure“ de notre société.
Alors qu’il nous faudrait des gouvernants forts, notre gouvernement est composé majoritairement de „couilles molles“, mues par une idéologie rétrograde, voire réactionnaire. Cet adjectif, un peu vulgaire certes, a été utilisé récemment par un ancien président de la République française à l’encontre d’une autre personnalité politique …

		    		
                    De Maart
                
                              
                          
                          
                          
                          
                          
                          
Awer, awer, Mëssiö René, wou lief Dir dann?