L’histoire du temps présentDes héros étrangers de la Résistance luxembourgeoise à „panthéoniser“

L’histoire du temps présent / Des héros étrangers de la Résistance luxembourgeoise à „panthéoniser“
Kurt Henius (1882-1947), conseiller médical allemand de la Résistance luxembourgeoise Photo: https://memorialshoah.lu/fr/story/0038-henius-kurt

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En septembre 1948 est discuté à la Chambre des députés le projet de loi concernant l’indemnisation des dommages de guerre. Le député socialiste Jengy Fohrmann, à l’image d’autres députés socialistes et communistes, propose d’étendre la solidarité nationale et donc l’indemnisation aux étrangers qui, „quelle que soit leur origine“, ont rendu des services au pays, en soutenant la Résistance, en cachant des Jongen (enrôlés de force) et en risquant leur vie. Il demande également qu’on prenne en compte ceux qui ont combattu l’Allemagne nazie dès les années 1930 ainsi que les volontaires des Brigades internationales en Espagne. Les brigadistes furent d’ailleurs parmi les premiers opposants arrêtés par l’occupant nazi après le 10 mai 1940. 

En vain. Seuls seront finalement indemnisés les dommages subis sur le territoire luxembourgeois par des ressortissants luxembourgeois après le 10 mai 1940. Il y a deux jours le président de la République française a fait entrer au Panthéon Missak Manouchian et son épouse Mélinée, tous deux Arméniens, réfugiés, communistes et héros de la Résistance française. Comme l’a formulé l’historien Denis Peschanski, avec Manouchian, ce sont les 23 communistes des FTP-MOI (Polonais, Espagnols, Italiens, Arméniens, Hongrois, Roumains, Français, beaucoup d’entre eux juifs, 22 hommes, une femme) du procès dit „de l’Affiche rouge“ et ce sont tous les résistants étrangers qui entrent au Panthéon. Avec tous ceux et toutes celles qui, quelle que soit leur origine, ont fait de la résistance, définie par François Bédarida comme „l’action clandestine menée, au nom de la liberté de la nation et de la dignité de la personne humaine, par des volontaires s’organisant pour lutter contre la domination, et le plus souvent l’occupation, de leur pays par un régime nazi ou fasciste ou satellite, ou allié“. Dans ce cadre, le Tageblatt re-publie la chronique de Denis Scuto du 6 février 2016, dans une version abrégée et modifiée, consacrée notamment aux héros étrangers de la Résistance luxembourgeoise, héros qui attendent toujours leur „panthéonisation“ dans le pays pour la liberté duquel ils ont lutté et sont morts.

Je suis d’avis qu’en histoire, la vie des hommes, femmes et enfants ne peut pas seulement être analysée par la voie de l’„histoire-science“ et discutée entre spécialistes. Leurs destinées doivent également être racontées au grand public par la voie de l’„histoire-mémoire“.

Gold et Thomé, Springut et Gales, Grossvogel et Lambotte

Dans le complément du Tageblatt et de MemoShoah, publié le 30 janvier 2016 à l’occasion de la Journée de commémoration internationale en mémoire des victimes de l’Holocauste, différents auteurs et autrices ont créé une petite place dans notre mémoire à des victimes et à des héros et héroïnes qui mériteraient d’être plus connus: Charles Juda et ses sauveurs, la famille Jodocy de Beaufort, le réfugié autrichien et footballeur Max Gold et sa famille qui doivent leur vie aux résistants passeurs luxembourgeois Eugène Thomé et René Künsch, la famille polonaise d’Alfred Springut et la résistante luxembourgeoise du réseau du professeur Biermann, Alice Gales, la pianiste d’origine polonaise Dina Grossvogel, son jeune frère le maquisard Leo Grossvogel et le directeur belge du Conservatoire de musique de Luxembourg Lucien Lambotte …

Les premiers héros que j’ai rencontrés dans mes recherches sur la Seconde Guerre mondiale et qui furent frappés de plein fouet par les persécutions fascistes et nazies étaient d’autres héros, à la fois ouvriers italiens ayant immigré au Luxembourg au début du 20e siècle et antifascistes luttant aux côtés des résistants luxembourgeois contre l’occupant nazi.

Peruzzi, Ottaviano, Conti, Adam et Steichen

Luigi Peruzzi est né en 1910 à Mercatino Marecchia en Italie (Romagne). Son père tombe au front au cours de la bataille de l’Isonzo entre l’Italie et l’Autriche-Hongrie en 1916, sa mère meurt de maladie en 1917. Orphelin de guerre, Luigi émigre en 1926 chez son oncle Malvetti à Esch-sur-Alzette. Il travaille d’abord comme maçon chez l’entrepreneur Zambelli puis comme rouleur à la mine Montrouge à Audun-le-Tiche. Et il s’engage dans la lutte contre le fascisme, avant la guerre et pendant la guerre, où il publie un journal clandestin, La Voce degli Italiani, avec d’autres résistants communistes. Le 9 septembre 1942, il est arrêté par la Gestapo et déporté au SS-Sonderlager Hinzert, où il est martyrisé pendant six mois, avec e.a. ses camarades Natale Ottaviano et Domenico Bordicchia appelé Conti. Extradé en Italie, Peruzzi sera de nouveau arrêté par les Allemands en septembre 1943 et condamné au travail forcé chez Siemens à Berlin jusqu’à la fin de la guerre. Il survit et peut retourner au Luxembourg auprès de sa femme et ses enfants en février 1946.

Luigi Peruzzi est pour moi un héros et je revendique ce jugement de valeur. Dans sa lutte, en prison, en déportation, il a fait la connaissance d’autres héros. Il fut arrêté le 9 septembre 1942, le même jour que Henri Adam, l’ouvrier apatride d’origine allemande – il avait fait en 1919 une demande de naturalisation pour obtenir la nationalité luxembourgeoise, restée sans suites – qui avait donné le signal de la grève contre l’enrôlement forcé à Arbed Esch-Schifflange le 31 août 1942. Adam fut emprisonné comme Peruzzi la première nuit au commissariat de police à Esch. Peruzzi écrit dans ses „Mémoires“, que j’ai publiés en 2002, qu’il fut impressionné par cet homme qui resta debout pendant toute la nuit, s’appuyant avec ses coudes sur les barreaux de fer de la cellule: „Ce fut pendant cette première nuit de ma vie comme prisonnier que j’appris combien on peut souffrir sans perdre sa dignité.“ Adam fut condamné à mort et décapité deux jours plus tard à la prison de Köln-Klingelpütz.

Au camp SS de Hinzert, ces antifascistes italiens sont martyrisés avec des milliers d’autres détenus avant tout luxembourgeois, français, soviétiques et polonais, mais aussi belges, néerlandais, allemands et de bien d’autres nationalités encore. Dans leur baraque, déportés luxembourgeois et italiens fêtent ensemble Noël 1942 et les Français d’autres baraques se joignent à eux à distance à travers des chansons. Peruzzi se trouvait dans le même convoi de la prison du Grund à Hinzert que l’avocat Raymond Steichen. Celui-ci avait refusé de prêter serment comme „deutscher Rechtsanwalt“, fut destitué et employé comme auxiliaire scientifique au parquet. Après la grève il renvoie sa carte de la VdB. Voilà pourquoi il est arrêté et interné à Hinzert pendant cinq mois avant d’être transplanté („umgesiedelt“) en Silésie. Peruzzi, Conti, Ottaviano et Steichen devinrent amis et restèrent en contact après la guerre.

La non-reconnaissance des actes de résistance des étrangers

Mais dans le „Livre d’or de la Résistance“ que Steichen édite en 1952 avec Nic Bosseler, les résistants italiens ne figurent pas. Dans cet ouvrage n’ont droit de cité que ceux qui détiennent la nationalité luxembourgeoise. L’heure était de nouveau au nationalisme, les souffrances et l’héroïsme partagés n’étaient plus d’actualité. Le député socialiste Jengy Fohrmann, lui-même déporté au camp de concentration de Großrosen en 1942, avait plaidé en vain en 1948 à la Chambre des députés pour la solidarité internationale et en l’occurence pour l’indemnisation des dommages de guerre également des résistants étrangers.

Peruzzi, Ottaviano et Conti et la centaine d’antifascistes italiens déportés, ces victimes du nazisme et du fascisme n’ont pas seulement pas été dédommagées. Ni par l’Allemagne, ni par l’Italie, ni par le Luxembourg. Ces antifascistes italiens furent en plus traités après la guerre par les autorités luxembourgeoise comme des ennemis du pays, eux qui avaient lutté et souffert aux côtés de résistants luxembourgeois.

Après le raz-de-marée fasciste et nationalsocialiste, une lame de fond nationaliste luxembourgeoise les a heurtés de plein fouet. La solidarité internationale resta toutefois un beau slogan pour les cérémonies commémoratives. Tout comme je constate dans mes recherches actuelles que les pratiques discriminatoires des autorités luxembourgeoises à l’égard des familles juives étrangères ont continué après la guerre au Luxembourg.

Il est intéressant de voir comment des expériences de souffrances partagées et la sensibilité à l’égard d’injustices sont rapidement oubliées et refoulées. Je ne crois pas qu’une analyse scientifique suffise pour en tirer aujourd’hui les bonnes leçons. Je reste néanmoins convaincu que l’étude scientifique de ces phénomènes historiques peut et doit contribuer à ce que l’histoire de ces héros, „egal vu wat fir enger Ofstamung se hier sinn“, l’histoire de Luigi Peruzzi et de ses camarades, de Leo Grossvogel, Karl Henius, Walter Hamber et de bien d’autres, soit un peu moins ignorée qu’avant et que leur mémoire soit enfin vraiment honorée au Luxembourg.

Robert Hottua
24. Februar 2024 - 9.52

Diese Broschüre (18 Seiten) ist online. Sie enthält aus meiner Sicht haarsträubende Informationen. Hier die Einleitung.
▪ Hitlertum in Luxemburg 1933-1944. (14.05.1972)
Von Henri KOCH-KENT, Jean HAMES, Francis STEFFEN.
Association des Enrôlés de Force, Victimes du Nazisme.
Congrès 1972. Institut Pédagogique. Imprimerie Hermann, s. à. r. l., Luxembourg

Am 14. Mai 1972 fand in Walferdingen der Kongress der "Association des Enrôlés de Force, Victimes du Nazisme" statt. Seit Jahren enthält das Programm eine "Séance Académique". Das diesjährige Thema lautete: "L'Histoire contomporaine luxembourgeoise". Nicht von ungefähr war dieses Thema gewählt worden, denn seit der Gründung unserer Vereinigung wird geschichtliche Aufklärung gefordert. Leider muß festgestellt werden, daß in dieser Hinsicht reichlich wenig von unseren Verantwortlichen unternommen wurde, trotzdem diese Forderung auch von anderen Organisationen immer wieder vorgebracht wird. Als Beispiel sei hier nur die Resolution vom 22.2.1970 der "Association des Anciens Combattants luxembourgeois de la Guerre 1939-1945 et des Forces des Nations Unies" erwähnt, die von Henri KOCH-KENT eingereicht worden war: " 'L'AACL' réunie en Assemblée Générale, prie Monsieur le Ministre de l'Éducation Nationale de faire procéder, dans les manuels d'histoire destinés aux écoles, à l'élimination des affirmations erronnées qui en compromettent le caractère d'objectivité. De plus elle attire l'attention de Monsieur le Ministre sur les lacunes qui constituent des péchés d'omission, surtout pour ce qui est de l'histoire de la Deuxième Guerre Mondiale et du rôle joué par la Résistance, armée ou non." Man fragt sich also, warum die Aufklärung unterlassen oder vielleicht absichtlich verschwiegen wird. Haben die heutige Jugend, wie auch kommende Generationen kein Recht auf das Wissen um unsere jüngste Vergangenheit? Schleier verhüllen noch manche Begebenheiten. Geheimnisse über gewisse Vorkommnisse scheinen besonders hartnäckig gehütet zu werden. So ist z. B. nicht erwiesen, ob die großherzoglichen Vorkriegsregierungen sich der tödlichen Gefahr bewußt waren, die unser Land ab 1933 bedrohte. Von Anfang an wurden unsere verantwortlichen Minister über die politischen Umsturzpläne der Nazis unterrichtet, wie sie auch später von Hitlers militärischen Absichten gegen das Großherzogtum auf dem laufenden gehalten worden sind. Dies geht aus einem Geheimbefehl der 1. Panzerdivision hervor, vom 24. April 1940, der allerdings unbeachtet blieb, wie ebenfalls gleichartige Warnungen. (Siehe Anhang) Aus diesen und anderen Gründen durfte Pitt HALSDORF, Präsident der Walferdinger Sektion, nachdem er einen historischen Rückblick über das "Institut Pédagogique", wo die Versammlung stattfand, gegeben hatte, in seiner Begrüßungsansprache folgendes sagen: Heute, 28 Jahre nach Kriegsende, werden durch das Leben im Überfluß und im Amusement das Leid der Jahre 1940-1945 in den Hintergrund gedrängt. Dem sei auch gut so. Doch sollten wir nicht vergessen, was sich damals zutrug. Wir müssen mithelfen, die heutige Jugend im luxemburgischen Geiste zu erziehen. Wir dürfen unsere Kinder nicht im Unklaren lassen über all das, was während des letzten Krieges im Großherzogtum geschah. Sie sollen wissen, mit welchen schweren Opfern die Freiheit wieder erkämpft wurde, in der sie heute leben. Ihre Aufgabe ist es, diese Freiheit zu sichern mit allen Mitteln des Wissens und Könnens. Wir sollten uns vom Gedanken leiten lassen, daß wir geboren wurden, um eine Aufgabe zu erfüllen. Auch sollen wir die Welt in einem besseren Zustand verlassen, als wir sie bei unserer Geburt vorfanden. Zu unserem Auftrag gehört, daß wir die heranwachsenden Generationen mit den Gegebenheiten der Vergangenheit vertraut machen, um ihnen zu erlauben, die sich daraus ergebenden Schlußfolgerungen zu ziehen. Gerade die Zwangsrekrutierten haben in dieser Hinsicht vorbildlich zu wirken. Sie sollten das Zusammenhalten, jene im Krieg gewachsene Solidarität aller Bürger, beispielhaft vorleben. Nur so sei es möglich, einig und brüderlich zusammen zu leben, frei von allem Zwist, Hader oder gar Haß. Das sei das eigentliche Vermächtnis jener, für die überall im Lande Totenmale errichtet wurden. Zur Behandlung der zeitgeschichtlichen Fragen aus den Jahren 1933 bis 1944 hatten folgende Redner sich bereit erklärt: Henri KOCH-KENT, Journalist und Autor des Buches "10 mai 1940 en Luxembourg." Jean HAMES, Mitglied des Zentralvorstandes des Verbandes und der Vereinigung der Zwangsrekrutierten. Francis STEFFEN, Autor des Werkes "Och eng Spicht vum Rénert". Aus Zeitgründen mußten die Referenten sich notgedrungen in ihren Vorträgen auf wesentliche Punkte beschränken. Henri KOCH und Jean HAMES lieferten das Tatsachenmaterial. Francis STEFFEN zog die Schlußfolgerungen. Die Referate fanden bei den Delegierten einen solchen Anklang, daß sie den Wunsch an den Zentralvorstand vortrugen, dieselben nicht nur im Verbandsorgan "Les Sacrifiés" zu publizieren, sondern ebenfalls in Form einer Broschüre. Diese Veröffentlichung hat zudem den Vorteil, einem größeren Publikum die Ausführungen unserer Freunde zugänglich zu machen. Gleichzeitig ist sie als eine Bereicherung der Geschichte unseres Landes zu betrachten, sowie als Diskussionsbasis für weitere Forschungen auf einem Gebiet, wo bisher Geheimnistuerei wucherte und eine Art von "Conspiration du silence" der Wahrheit Einhalt zu gebieten versuchte. Es freut mich besonders, daß mit dieser Broschüre ein greifbarer Beitrag seitens unserer Vereinigung geleistet wurde, um der Wahrheit zu dienen. Für ihre uneigennützige Leistung möchte ich unseren verdienstvollen Rednern im Namen aller Kameraden und Freunde meinen herzlichen Dank aussprechen. Jos WEIRICH, Président de L'Association des Enrôlés de Force, Victimes zu Nazisme.
MfG
Robert Hottua