17. November 2025 - 18.05 Uhr
FranceCent avions Rafale pour l’Ukraine: Zelensky en visite officielle à Paris
Cette visite était déjà la neuvième depuis le début de l’agression russe, mais on a souligné des deux côtés qu’elle marquait un tournant dans la relation entre les deux pays, notamment parce que l’Ukraine a annoncé son intention d’acheter une centaine d’avions français Rafale – même si le contrat n’est pas encore signé.
Cette décision, qui inaugure en effet une beaucoup plus grande implication de Paris dans la solidarité avec Kiev, n’est pas la seule qui ait été officialisée à l’occasion de cette visite. Concernant, plus globalement, l’acquisition par l’Ukraine de matériel militaire français (neuf, et non plus cédé après usage comme les six avions Mirage déjà transférés), il s’agira, outre les Rafale, de systèmes de nouvelle génération sol-air à moyenne portée terrestres (SAMP/T), de munitions adaptées au système d’armement air-sol tous temps AASM Hammer, et de drones.
Le nouveau développement de l’aide française à l’Ukraine pour l’aider à contenir les effets de la guerre d’invasion russe portera aussi sur des secteurs non directement militaires. Un premier accord prévoit ainsi la reconduction, dès l’an prochain, du fonds de soutien aux infrastructures critiques et secteurs prioritaires de l’économie ukrainienne, porté à 200 millions d’euros, afin de financer à partir de 2027 des projets qui seront mis en œuvre par des entreprises françaises.
Et un second établit une coopération bilatérale renforcée dans plusieurs secteurs stratégiques – encore la défense et le déminage, certes, mais aussi l’énergie, les transports, le traitement de l’eau, la gestion des métaux critiques, l’agriculture et la santé publique. Paris a d’autre part confirmé le contrat de 475 millions d’euros conclu en septembre dernier entre Alstom et la compagnie ukrainienne Ukrzaliznytsya pour la livraison de 55 locomotives électriques produites à Belfort, financées par la BERD et la Banque mondiale.
L’entente est donc revitalisée entre les deux pays, même si les relations étaient déjà, de toute façon, des plus cordiales. La conférence de presse que les deux chefs d’Etat ont tenue à l’Elysée a d’ailleurs donné lieu à un déluge de protestations d’amitié et de solidarité côté français, de gratitude côté ukrainien. „La France reste à vos côtés“, a ainsi déclaré le président français à son hôte. „Ensemble, avec nos partenaires, nous continuerons d’agir en faveur de la paix, d’une paix juste, durable, conforme au droit international, assurant la sécurité d’une Ukraine souveraine, indépendante, libre et européenne.“ Et M. Zelensky a conclu sa réponse par un vibrant: „Merci la France!“
Un sérieux problème: le financement
De fait, chacun des deux présidents avait besoin de ces retrouvailles valorisantes. Celui de Kiev parce que, confronté à une situation militaire très difficile à l’approche d’un hiver qui ne le sera pas moins, il doit en plus faire face à une embarrassante affaire de corruption, frappant en partie son gouvernement. Celui de Paris parce que sur la scène intérieure française, chaque jour qui passe, ces temps-ci, paraît confirmer son effacement politique, et accentuer le caractère assez lugubre de sa fin de règne, alors que de telles circonstances redonnent au contraire à sa personne et à sa fonction un lustre dont l’une et l’autre avaient bien besoin.
Reste toutefois un sérieux problème: celui du financement de ces accords. L’Ukraine, loin de disposer des fonds nécessaires à de tels achats, aura au contraire besoin, dans l’année qui vient, selon l’estimation de l’Union européenne, de trouver d’urgence quelque 70 milliards d’euros, tout simplement pour vivre. Cependant que Paris, de son côté, n’est pas actuellement dans une phase financière susceptible de l’inciter aux largesses, comme en témoigne la persistante âpreté des débats parlementaires sur le budget 2026. Encore le financement des achats prévus, en particulier ceux des Rafale, devrait-il relever d’un plan décennal – et de toute façon, les usines Dassault auront, elles aussi, besoin d’un long délai avant de pouvoir honorer une telle commande.
A quoi s’ajoute un triple risque diplomatique: Vladimir Poutine va évidemment considérer plus que jamais la France comme une puissance „co-belligérante“; Donald Trump ne verra certainement pas d’un bon œil cette fourniture d’armes qui ne passe pas par la filière américaine; quant aux partenaires européens de Paris, ils risquent de faire grise mine à une opération potentiellement jugée comme bien étroitement française.
De Maart
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