Deux candidats se disputaient le poste: l’ancien ministre Laurent Wauquiez, député et maire du Puy, en Haute-Loire, et l’actuel ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau. C’est finalement ce dernier qui l’a emporté, et très largement puisqu’il a recueilli 74,31% des suffrages, contre 25,69% pour son adversaire.
Bruno Retailleau apparaît donc comme l’homme fort de la droite. Et la question est désormais de savoir quelles seront les conséquences de sa victoire, écrasante puisqu’il a rassemblé presque les trois quarts des militants, qui ont voté à environ 80%; et, corollairement, l’attitude le Laurent Wauquiez.
Tout en évitant les reproches croisés trop virulents, qui auraient terriblement compliqué la suite, la campagne avait été énergique, et parfois âpre. Tout particulièrement de la part de M. Wauquiez, qui s’est flatté de la mener „comme Jacques Chirac“: il se savait un retard de notoriété par rapport à son concurrent, aux fonctions gouvernementales très exposées, pour le meilleur et pour le pire.
Il est vrai que le maire du Puy, après être resté relativement silencieux ces dernières années, du moins au plan national, avait lui-même décliné l’offre que lui faisait François Bayrou de participer à son gouvernement avec le portefeuille des Finances. Poste prestigieux, certes, mais qui, dans la situation actuelle de la France, risquait fort de lui valoir plus de critiques et de déconvenues que de lauriers. Et puis de toute façon, la stratégie qu’il allait développer dans sa campagne interne aux LR était justement de détacher son parti de la mouvance macroniste, dans la perspective, bien sûr, de l’élection présidentielle de 2027.
Des divergences plus stratégiques qu’idéologiques
Bruno Retailleau, au contraire, aura défendu jusqu’au bout l’idée qu’il valait mieux rester au gouvernement pour y insuffler de l’intérieur les idées des Républicains. Ce qu’il s’appliquait tout particulièrement à faire sur le double terrain de la lutte contre l’insécurité et contre l’immigration clandestine – sans y avoir encore engrangé, il est vrai, de résultats probants. Il s’est en outre contenté de quelques meetings et déplacements plus modestes, considérant que ses fonctions officielles lui valaient déjà une notoriété suffisante pour cette élection interne. Lui aussi rêvant naturellement d’une conquête de l’Elysée dans deux ans.
Cet affrontement n’était cependant pas réductible au choc de deux personnalités fortes, à la compétition de deux égos. Car si, en examinant le fond des programmes, on ne pouvait guère constater de différences idéologiques majeures entre les deux hommes, il n’en allait pas de même s’agissant de la stratégie qu’ils veulent voir adopter par leur parti. Toujours dans la perspective de l’élection présidentielle à venir, bien sûr; mais aussi, plus largement, par rapport à l’avenir de la droite française.
Le parti LR, qui fut sous différentes appellations, et concurremment au PS, l’un des deux piliers de la Ve République, a subi au fil des septennats puis quinquennats une érosion qu’il a vécue douloureusement, surtout avec le point culminant – si l’on ose dire: culminant dans l’échec – du score calamiteux de sa candidate à l’Elysée en 2022: Valérie Pécresse avait obtenu moins de 5% des voix.
Premier souci: préserver l’unité
Pour l’un et l’autre des deux candidats à la présidence du parti, l’ambition était évidemment de lancer LR à la reconquête de l’opinion. Mais avec, pour M. Wauquiez, une ambition bien arrêtée: celle de réaliser l’union de toute la droite, y compris lepéniste, voire au-delà, un peu comme François Mitterrand avait réussi en son temps celle de toute la gauche, y compris communiste, stratégie qui l’avait mené (pour 14 ans!) à l’Elysée.
M. Retailleau misant manifestement, lui, sur une réussite – encore simplement éventuelle – de sa politique sur l’immigration clandestine et l’insécurité pour „siphonner“ le moment venu les voix du RN au profit d’une droite „décomplexée“, mais non extrémiste, qu’il soit ou non, entre temps, resté au gouvernement sans ouvrir de nouvelles crises politiques. C’est manifestement cette stratégie qui a été plébiscitée hier par les militants.
Mais dans les premiers commentaires enregistrés hier soir, les maîtres-mots, dans les deux camps, était ceux de l’unité et du rassemblement. Et tel est bien, dans l’immédiat, le défi majeur qui attend le nouveau président du parti, à qui le vaincu a souhaité bonne chance, non sans rappeler qu’à ses yeux, il fallait que „la droite soit porteuse d’un projet de rupture, comparable à celui de 1958“, celui-là même qui allait fonder la Ve République.
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