Dienstag4. November 2025

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FranceBayrou va engager sa responsabilité au Parlement sur la nécessité de réduire la dette

France / Bayrou va engager sa responsabilité au Parlement sur la nécessité de réduire la dette
Le premier ministre français, François Bayrou, reste ferme sur la question de la réduction de la dette de l’Etat Photo: AFP/Dimitar Dilkoff

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François Bayrou a tenu hier après-midi une conférence de presse qui était très attendue, à l’approche d’une rentrée parlementaire, et notamment budgétaire, laquelle s’annonce particulièrement difficile pour lui. Il avait déjà dévoilé les grandes lignes de son plan de lutte contre l’endettement croissant de la France le 15 juillet dernier, plan qui avait soulevé de vives critiques à gauche et à l’extrême droite (voir Tageblatt du 17 juillet).

Mais le premier ministre tenait manifestement à revenir, pour mieux justifier ce plan, et comme il l’avait déjà fait sur les réseaux sociaux et à la télévision dans le courant de l’été, sur la gravité de la situation financière de l’Hexagone. Et de fait, s’y est longuement employé hier, sur un ton souvent dramatique, et au risque de se répéter: ce qui devait n’être qu’un simple „propos liminaire“ avant de répondre aux questions des journalistes aura en fait duré trois bons quarts d’heure. Et n’aura guère comporté qu’une seule vraie annonce par rapport à ce que l’on savait déjà de ses intentions: il a obtenu du président de la République la convocation, dès le 8 septembre prochain, d’une session extraordinaire du Parlement, devant lequel il engagera, d’entrée de jeu, la responsabilité de son gouvernement sur une „déclaration de politique générale“.

Expression consacrée par l’article 49 de la Constitution, mais probablement un peu abusive en l’espèce, puisqu’il s’agira essentiellement de redire aux députés et aux sénateurs combien, selon le locataire de Matignon, la crise dans laquelle son endettement public est en train de plonger la France exige, sur les quatre prochaines années, un ensemble de mesures qu’il veut courageuses mais justes. Cela sans revenir, à ce stade, sur leur détail – qui reste négociable ultérieurement, a-t-il dit, y compris la suppression si controversée de deux jours fériés dans l’année, même pour les fonctionnaires – ni brosser un vaste programme de „politique générale“, justement.

Mais pour lui, aucun doute: l’urgence essentielle, avant même que ne s’ouvre la discussion budgétaire, est de savoir s’il existe un accord de principe des députés et des sénateurs sur la gravité de la situation, et la nécessité d’y remédier au plus vite. „La question est de savoir si nous sommes d’accord pour accepter la définition de cette question“, a déclaré François Bayrou. Avant d’ajouter: „Après seulement viendront les mesures, qui ne seront jamais imposées, mais proposées, discutées et adoptées dans une double délibération avec les partenaires sociaux et les parlementaires.“ Et le premier ministre d’assurer que cet engagement de la responsabilité gouvernementale „est le seul moyen pour que les Français prennent conscience de l’urgence de la situation“.

„Le plus gros risque: ne rien faire“

Afin, sans doute, de montrer qu’il était bien conscient du risque pris en recourant à cette procédure, Bayrou a enfin insisté sur le fait que, le 8 septembre, lors de la session extraordinaire du Parlement, „il y aura deux options: si vous avez une majorité, le gouvernement est confirmé. Si vous n’avez pas de majorité, le gouvernement tombe. Mais le plus gros risque aurait été de rien faire.“ Sur le fond du problème, et vu l’accélération de l’endettement français, il est en effet difficile de donner tort au premier ministre: le seul paiement des intérêts annuels aux organismes prêteurs – à un taux qui ne fait d’ailleurs que croître – représente un budget supérieur à celui de la Défense, et dépassera les cent milliards d’euros d’ici quelques années si rien n’est fait.

Sur le plan de la tactique parlementaire, en revanche, rien ne permet au chef du gouvernement de croire que, saisie par la gravité du moment et du problème posé, l’opposition fera taire ses très virulentes critiques contre son plan. Quand bien même ce n’est pas directement sur les mesures qu’il a déjà préconisées qu’aura lieu le vote du 8 septembre, ce en quoi d’aucuns voient d’ailleurs non une clarification, mais au contraire un faux-fuyant. Sa conférence de presse était à peine achevée que le Rassemblement national à l’extrême droite, et La France Insoumise à l’extrême gauche – les deux formations souhaitant au demeurant une dissolution de l’Assemblée nationale – faisaient savoir qu’ils voteraient „contre la confiance“. De même pour les Verts et le PCF. Et de toute façon, une motion de censure est déjà prête du côté des mélenchonistes, que la gauche modérée pourrait bien, malgré ses dissensions actuelles, voter elle aussi comme un seul homme lors de la rentrée parlementaire normale, deux semaines plus tard. Ce qui remettrait une fois de plus le sort du gouvernement dans les mains de moins en moins patientes du RN.

En outre, le choix de cette date du 8 septembre n’est évidemment sans rapport avec celle du blocage général du pays, organisé pour le surlendemain par le mouvement „Bloquons tout“. Lequel semble étendre plutôt son emprise dans l’opinion, et a reçu le soutien appuyé de Jean-Luc Mélenchon, qui demande en outre aux syndicats de lancer une grève générale pour ce même 10 septembre, objurgation qui, pour le moment, semble davantage agacer que séduire les grandes centrales. Un blocage, et une grève éventuelle, que beaucoup de parlementaires jugeront sans doute fort imprudent, même s’ils en avaient la tentation, d’avoir l’air de condamner par avance en votant une (improbable) confiance au gouvernement.

Sans doute l’exécutif, considérant le célèbre précédent des „Gilets jaunes“ en 2018-2019, peut-il espérer qu’un nouveau blocage de la vie quotidienne des Français, si populaire puisse-t-il être au début, ne tarderait pas à lasser et même à retourner l’opinion. Mais dans le climat politique très pesant de cette rentrée qui s’annonce, il n’est vraiment pas sûr qu’après son intervention d’hier l’avenir personnel de M. Bayrou soit beaucoup plus assuré qu’il ne semblait l’être ces dernières semaines.