Sonntag26. Oktober 2025

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Cirque au LuxembourgAvec „Living“, Be Flat offre un spectacle hors normes dans la résidence Konviktsgaart

Cirque au Luxembourg / Avec „Living“, Be Flat offre un spectacle hors normes dans la résidence Konviktsgaart
Le Konviktsgaart est un endroit plutôt inhabituel pour des spectacles de cirque – ce qui ne dérange pas du tout la compagnie Be Flat Photo: Nathan Roux

Du cirque dans le Konviktsgaart, résidence pour le troisième âge: ce qui semble inhabituel, reflète l’essence du projet „Living“ de la compagnie belge Be Flat. Le Tageblatt s’est laissé emporter par le spectacle inclusif. 

Les Rotondes nous convient au Konviktsgaart à Luxembourg-ville pour un spectacle hors de leurs murs, un moment de partage aussi, entre les habitant•es du lieu, les visiteurs et les artistes. On nous installe dans le restaurant, comme si ce qui allait suivre était un plat, avec une joie quelque peu loufoque déjà quand-même — assis•es sur nos chaises, on ne se doute pas encore que tout autour de nous, la salle, les tables, les murs, les plafonds et même les fenêtre deviendra bientôt le plateau de ce spectacle de cirque.

Gerda Dekempe (en rouge) en avait marre de ne voir que des corps athlétiques dans les spectacles de son fils
Gerda Dekempe (en rouge) en avait marre de ne voir que des corps athlétiques dans les spectacles de son fils Photo: Nathan Roux

Hors murs

Le projet „Living“ de Be Flat est né il y a quelques années entre Ward Mortier et sa mère Gerda Dekempe, qui était vexée de ne voir que des corps athlétiques dans les spectacles de son fils, majoritairement des hommes. Si le cirque doit être pour tout le monde, autant au niveau des athlètes, comme pour elle qui a commencé à 61 ans, alors aussi pour un public autre que celui qui a l’habitude de se déplacer vers un théâtre. Living joue dans des salons, dans des lieux publics, des bibliothèques, des maisons de soin, des lieux de vie qui ne sont pas prédisposés à voir un spectacle. Dans ce cadre, tout l’espace devient le plateau, les artistes (la compagnie regroupe une douzaine, présent•es selon les disponibilités et la taille du lieu) se prennent un temps d’exploration de l’espace le jour avant le spectacle — qui est justement cela: une mise à l’épreuve de l’espace et de ses objets.

De manière générale, le cirque a cette capacité à mettre en apnée le monde qu’on connait; par ses esthétiques qui peuvent aller du poétique au trash, par ses prouesses qui vont jusqu’à supprimer les lois physiques qui régissent le commun des mortels. Une sorte de suppression de l’impossible. Ici, cette transformation a lieu dans un lieu du quotidien, un lieu de vie. Les artistes de Be Flat cherchent à rendre étrange ce qui a des usages pratiques ou ce qu’on a tellement l’habitude d’avoir autour de nous qu’on ne s’en rend plus compte: ainsi un panier à pain devient le chapeau d’un compteur d’histoires excentrique, des bouquets font transformer les artistes en oiseaux, les chaises fusionnent avec des corps et se mettent à mouvoir, chaque interstice dans un mur peut être exploité pour aller s’y pelotonner comme un chat.

Moment de partage

L’équipe se sert de ce qu’elle trouve – par exemple d’une chaise du restaurant
L’équipe se sert de ce qu’elle trouve – par exemple d’une chaise du restaurant Photo: Nathan Roux

Evidemment, le cadre et son absence de matériel de sécurité, la hauteur de plafond ou de distance avec les spectateur•ices limite le nombre et la difficulté des techniques circassiennes. C’est pourquoi le tout fonctionne le mieux quand il quitte le terrain du spectaculaire pour aller vers celui de l’étrange, et jouer plus particulièrement avec les codes du lieu où on se trouve, un restaurant. L’utilisation de la caméra et projection en direct aide ici pour mettre l’accent sur des détails qu’on ne voit pas de nos places assises, notamment l’exploration de la cuisine ou de la terrasse.

Mais ce que vise le spectacle n’est pas de raconter une histoire ou d’explorer une esthétique particulière. C’est avant tout d’ouvrir un moment de partage. Dès le début, la connexion entre artistes et spectateur•ices s’établit et tout du long du spectacle, par des regards, des paroles, des sourires, et nombre de fois on est invité à les joindre — l’idée, c’est de désarçonner les codes de nos quotidiens par la surprise et de nous emporter vers une joie enfantine. C’est peut-être aux moments où cette connexion opère, entre artistes visiteurs et habitant•es du lieu, qu’a lieu une suppression de l’impossible dans un lieu où les possibles sont habituellement plus réduits.

Prochaines représentations libres: le 25 octobre (19 h) et 26 octobre (18 h). Infos et billets via rotondes.lu.