Mittwoch22. Oktober 2025

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FranceAttal est-il en train de désamorcer la colère paysanne?

France / Attal est-il en train de désamorcer la colère paysanne?
Des membres de la CRS et de la gendarmerie se sont postés devant des tracteurs sur une autoroute au sud de Paris Photo: AFP/Emmanuel Dunand

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Après un mercredi marqué par de nouvelles tensions, notamment aux abords de la capitale, l’atmosphère est passée, au contraire, à la détente hier après-midi dans la crise paysanne française. Et cela après l’annonce, par le premier ministre Gabriel Attal, de nouvelles mesures destinées à répondre au moins partiellement aux revendications des agriculteurs, dont un certain nombre ont commencé à lever les barrages autoroutiers.

Le gouvernement s’interdit évidemment tout triomphalisme, d’autant plus qu’il aura fallu plus de deux semaines de manifestations et de divers blocages aux organisations agricoles pour obtenir un premier train significatif de mesures. Et que si les annonces faites hier devaient être déçues – et donc vite ressenties comme une trahison – l’agitation reprendrait certainement de plus belle, et dans un registre moins pacifique.

Mais c’est tout de même avec un grand soulagement que l’on aura entendu, à Matignon, le président de la FNSEA (Fédération des syndicats d’exploitants agricoles, modérée), Arnaud Rousseau, déclarer: „Nous avons enfin été entendus, encore partiellement, mais les choses vont dans le bon sens. Il faut maintenant que les agriculteurs qui sont sur les points de blocage se replient en bon ordre pour regagner leurs fermes en toute sécurité.“ Et Arnaud Gaillot, son homologue des Jeunes agriculteurs, de surenchérir: „Il faut maintenant changer de mode d’action, on va se mettre au travail dans les préfectures et les ministères.“

L’un et l’autre, il est vrai, ont jeté au passage un coup de griffe à l’Europe – qui, dans le même temps, venait tout de même de se montrer plutôt accommodante, au Conseil européen de Bruxelles, à l’égard de certaines demandes françaises. Le premier regrettant „la surdité de l’UE“ et le second estimant que „des choses vont devoir changer au niveau européen, mais on ne pourra pas le faire en cinq minutes“. Quant à la Confédération paysanne, très à gauche, elle a dénoncé „un scandale“ après la mise en pause des certaines règles du plan Eco-phyto tendant à réduire l’usage des pesticides: „On va donc poursuivre dans la dégradation de la santé, des sols et de l’environnement“, a-t-elle estimé dans un communiqué.

Une liste plus concrète

A cette exception près, donc, le nouveau train de mesures annoncé par Gabriel Attal a visiblement plus largement convaincu les agriculteurs en colère que ses annonces de vendredi dernier. Des annonces auxquelles ils reprochaient non pas leur inspiration de principe, évidemment bienveillante à l’égard du monde agricole, mais ce qu’ils jugeaient comme un manque criant de détails, de délais et d’engagements précis.

Il est vrai que la liste présentée par le premier ministre est, cette fois-ci, sensiblement plus concrète. Il s’agit notamment, à propos de ce plan européen Eco-phyto, d’empêcher désormais l’importation de fruits et de légumes venus de pays qui autorisent l’usage du thiaclopride, un insecticide organochloré de la classe des néonicotinoïdes prochainement interdit en Europe, mais aussi de bien d’autres mesures.

Ainsi de l’assouplissement des règles de la mise en jachère annuelle d’une petite partie des sols cultivés, une obligation qui va être (provisoirement?) levée pour les agriculteurs français, ou encore du relèvement des seuils d’imposition pour les successions de propriétés agricoles. Sur le plan fiscal encore, mais aussi social, une enveloppe de 150 millions d’euros est prévue pour venir en aide aux éleveurs.

Un contrôle de la grande distribution

D’autres mesures encore, qui étaient très attendues aussi par les agriculteurs, concernent la transformation industrielle et la commercialisation de leurs productions. La loi dite „Egalim“, votée en 2018 pour assurer une meilleure adéquation des prix de vente alimentaires dans les grandes surfaces aux coûts de production agricoles, va être renforcée, mais surtout appliquée, ce qui n’était guère le cas pour l’instant. Et toutes les grandes chaînes de supermarchés vont être contrôlées „dans les prochains jours“, assure l’exécutif. Contrôle toujours, mais sur l’origine française des produits qui s’en réclament: plus dix mille vont avoir lieu. Quant à l’objectif de souveraineté alimentaire, souvent invoqué ces derniers jours, il va être inscrit dans la loi.

Tout va maintenant dépendre de la rapidité, de la minutie et de la constance avec lesquelles cet ensemble de promesses va être exaucé dans la pratique. Sur les barrages autoroutiers, la tendance était certes, hier soir, à la détente. Mais beaucoup, en particulier autour de Paris, dont ceux qui étaient entrés dans les halles de Rungis avant d’en être délogés par la police, demandaient tout de même à en savoir plus – y compris avec des engagements écrits du gouvernement – avant de remonter dans les tracteurs et de rentrer chez eux.

Gabriel Attal, il est vrai, a aussi de fortes raisons pour vouloir transformer l’essai. Car s’il arrive à confirmer qu’il a réussi à dénouer sa première et lourde crise, et cela sans abuser de la si macronienne „politique du chéquier“, son image et ses perspectives personnelles ne pourront que s’améliorer encore. Sinon …