Dienstag28. Oktober 2025

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En concert samedi au Cube 521Arthur Possing et ce besoin de „partir en quête de ce que je ne saisis pas“

En concert samedi au Cube 521 / Arthur Possing et ce besoin de „partir en quête de ce que je ne saisis pas“
Le pianiste de jazz Arthur Possing Photo: Eric Engel

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Il n’a même pas 30 ans et il a déjà pas mal sillonné les routes de la musique, qu’il connaît du bout des doigts. De ses premiers pas à ses premières notes, en quartet ou en solo, de son exploration des harmonies à „ID:entity“, Arthur Possing est aujourd’hui un pianiste jazz reconnu tant pour sa dextérité technique que pour son sens de la mélodie. Très souvent comparé, à juste titre, à Brad Mehldau, son œuvre fait voyager et voyage elle-même. Ce samedi, il revient dans son pays natal, le Luxembourg, pour un live au Cube 521 à 20 h. Rencontre.

Tageblatt: Arthur Possing, avant de jouer du piano, vous avez démarré avec les percussions: c’est un sacré switch.

Arthur Possing: A l’époque, mon père était batteur de variété, il jouait dans des bars et des cabarets luxembourgeois. A la maison, il y avait donc une batterie, entre autres instruments percussifs. J’ai été vite attiré par ces instruments, notamment le vibraphone. On m’a fait comprendre ensuite que, pour apprendre le vibraphone, il fallait d’abord que je passe par le piano; techniquement, c’est pareil, sur le plan de la construction. Je me suis alors mis au piano, tout en reprenant le vibraphone vers l’âge de 15 ans. Et depuis une quinzaine d’années, j’alterne les deux.

A 16 ans déjà, vous formiez votre groupe: Arthur Possing Quartet.

Au début de l’adolescence, je me suis mis à composer mes propres morceaux, en m’inspirant des chansons que j’entendais à la radio ou à la télé; à partir de cette base, j’y apposais ma touche. Il y avait cette envie d’aller sur un terrain que je ne comprenais pas, et c’est encore le cas aujourd’hui, même avec le savoir-faire musical que j’ai acquis au fil du temps; j’ai toujours en moi ce besoin de partir en quête de ce que je ne saisis pas, pour aller plus loin. Le quartet est né sous cette impulsion et aussi parce que j’avais trouvé une certaine identité musicale, que je voulais développer au sein d’un groupe, avec des compositions.

Votre précocité créative provient donc de votre environnement familial où la musique avait une place importante.

Oui, en plus, ma mère vient de Bavière; non pas que j’ai connu cette tradition musicale du Sud-Est de l’Allemagne, mais disons qu’elle-même a toujours écouté beaucoup de musique, en plus d’avoir joué de plusieurs instruments. Par son biais, j’ai baigné dans la world music, j’ai découvert Earth, Wind and Fire ou Sting et, via mon père, tout un pan de la musique classique, ce qui ne constitue pas une opposition, mais un joli champ éclectique.

Possing veut faire voyager à travers sa musique
Possing veut faire voyager à travers sa musique Photo: Eric Engel

Vous êtes le fils de ces mélanges, d’ailleurs vous reprenez Sting: est-ce que vous vous verriez aller dans un format pop?

Je ne sais pas si c’est perceptible, mais il y a chez moi cette volonté d’écrire une chanson, même si elle est instrumentale, plutôt qu’une œuvre de classique ou de jazz. Je commence toujours par des accords simples; je réfléchis en termes de couplets et de refrains. Etant né en 1996, j’ai grandi avec la musique des années 2000; la pop et le rock de ces années-là, à l’évidence, m’influencent. Un jour, je sortirai sûrement un album avec du chant.

Vous pourriez chanter?

Oh, moi non!

S’il y avait des paroles dans vos morceaux, que raconteraient-elles?

C’est une bonne question, à laquelle il est difficile de répondre. Ce n’est déjà pas évident de trouver le titre d’un morceau; en général, la première idée est la plus percutante. En tout cas, à partir du nom d’une composition, les idées de texte peuvent jaillir. Je pourrais donner des indices à un parolier, mais il faudrait prendre les morceaux un par un.

Un morceau s’intitule „Brahms On A Journey“, un autre „African Dream“: vous voulez faire voyager avec votre musique?

Clairement. On essaye de créer un voyage; je pense que c’est ça la puissance de la musique. Un live doit rester un moment unique qui contrebalance net avec le quotidien, de la même manière qu’on recherche un ailleurs quand on va voir une exposition ou une pièce de théâtre. Le voyage est essentiel, qu’il soit introspectif ou géographique, comme „African Dream“; il s’agit de se plonger dans une atmosphère. „Brahms On A Journey“, c’est un motif, pas une mélodie, mais une grille d’accords que j’avais repris d’une rhapsodie de Brahms, que j’ai changée. Là, c’est l’idée d’origine de Brahms qui, au fur et à mesure, est partie en voyage.

Quand on joue seul, on est beaucoup plus nu, donc on dévoile davantage qui on est

Où allez-vous emmener le public ce soir?

Voilà maintenant un an que je n’ai pas joué mes morceaux solos; je peux les reprendre avec une autre approche. Durant le concert de ce soir, il y aura de nouvelles compositions ainsi que des reprises, mais ce qui est certain, c’est que j’essaye le plus possible d’être dans le moment présent pour faire, à chaque fois, un concert différent.

S’il fallait choisir entre le groove et la mélancolie, que choisiriez-vous?

Je ne peux pas choisir. Il y a toujours une mélancolie flottante, qui n’est pas obligatoirement un synonyme de tristesse, mais qui renvoie à une forme agréable de nostalgie. Quoi qu’il en soit, il s’agit d’un état d’esprit dans lequel j’aime être lorsque j’écris. Avec mon groupe, on plaque souvent un groove, qui contraste avec la mélancolie de départ. C’est important d’avoir les deux, dans la musique comme dans la vie.

La musique a toujours fait partie de votre vie et votre disque solo s’intitule „ID:entity“: savez-vous mieux qui vous êtes grâce à elle?

Très certainement. La musique a toujours été avec moi, mais c’est vrai qu’à l’âge de six ans, on ne pense pas forcément qu’on va devenir musicien. Pour ce qui est de l’album en solo, il s’agissait au début d’une commande, sinon d’une suggestion; je me suis demandé ce que je pouvais faire de neuf par rapport au quartet. Quand j’ai commencé à jouer, c’étaient des morceaux simples de singer-songwriter folk ou pop, à la Bob Dylan ou à la Joni Mitchell; je voulais explorer une facette plus intime. A l’arrivée, c’est sans doute le projet dans lequel je révèle le plus mes influences, à travers les compositions ou en reprenant des morceaux qui me sont chers. Quand on joue seul, on est beaucoup plus nu, donc on dévoile davantage qui on est.