L'histoire du temps présent1940: Un hiver d’illusions

L'histoire du temps présent / 1940: Un hiver d’illusions
26 octobre 1941: manifestation de propagande dans la „Kreisstadt“ Diekirch (de gauche à droite): Kreisjugendleiter Arnold, Gauleiter Simon, Amtsbürgermeister Jost Photo: archives MNHM Diekirch

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A l’hiver 1940 tout le Luxembourg est allemand. Tout le Luxembourg? Non, car à ce moment, certains espèrent qu’une organisation pourra devenir le porte-parole des Luxembourgeois et le défenseur de leur autonomie. Cette organisation, c’est la Volksdeutsche Bewegung qui, à ce moment, a connu une croissance extraordinaire. En son sein les pronazis les plus enthousiastes sont désormais minoritaires.

Début octobre 1940, le Gauleiter Gustav Simon avait réussi à faire de la Volksdeutsche Bewegung l’une des organisations politiques les plus puissantes dans l’histoire du Luxembourg. A ce moment, près de 9.500 personnes avaient rejoint le parti pro-allemand et pro-nazi, volontairement pour la plupart. Le résultat était impressionnant, pourtant Simon était déçu.

Son objectif était de faire de la conquête d’adhérents une sorte de référendum. Il fallait qu’une grande majorité de la population adulte rejoigne la VdB pour démontrer que les Luxembourgeois soutenaient le rattachement au Troisième Reich; il le fallait aussi pour prouver à Hitler que Simon était plus efficace que ses camarades et néanmoins rivaux des autres territoires occidentaux annexés: le Gauleiter Bürckel en Lorraine et le Gauleiter Wagner en Alsace. De ce point de vue, il avait donc échoué.

Radicalisation du Gauleiter

A partir de la mi-octobre, le Gauleiter décida d’adopter une approche plus brutale. Il abrogea les dernières institutions souveraines du Grand-Duché et ordonna la destruction du Monument du souvenir – la Gëlle Fra. Les lycéens, qui s’étaient rassemblés pour protester contre la mise à bas de ce symbole, furent passés à tabac par des policiers allemands et des Luxembourgeois pro-nazis. Quelques jours plus tard, le Gauleiter fit arrêter le président de la Commission administrative, Albert Wehrer.

Dans les discours qu’il prononça à cette époque, Simon déclara aussi que tous ceux qui n’avaient pas encore adhéré à la VdB risquaient de perdre leur emploi, voire d’être déportés en Pologne. Il visait tout particulièrement les fonctionnaires. Lorsque le 25 octobre la presse annonça que la VdB serait fermée à ces derniers, ce fut la panique. Des administrations entières adhérèrent d’un coup.

Les effectifs de la VdB en furent quintuplés, s’établissant à plus de 50.000 adhérents au mois de décembre. Le Gauleiter fut satisfait, du moins pendant un temps. Les partisans luxembourgeois du Troisième Reich l’étaient beaucoup moins. Ils étaient désormais minoritaires dans leur propre parti.

Croissance et transformation de la VdB

Traditionnellement, la formidable croissance de la VdB obtenue sous la contrainte a été interprétée comme la preuve que ce mouvement n’avait aucune assise populaire; qu’il s’agissait d’une coquille vide au sein de laquelle des dizaines de milliers d’adhérents récalcitrants, voire hostiles, attendaient la libération de septembre 1944. Pourtant la réalité était plus complexe.

Parmi ceux qui ont rejoint la VdB, fin octobre 1940, il y avait des hauts fonctionnaires, des chefs d’administration ou des cadres d’organisations dissoutes; des gens qui avaient la capacité de prendre le contrôle de l’appareil du parti, d’orienter sa ligne, et comptaient bien s’en servir. Les agents SS du Sicherheitsdienst (SD) avaient identifié ce risque et l’exposèrent dans un rapport du 28 novembre 1940: „Das zahlenmäßig starke Anwachsen der VdB in Luxemburg hat die Frage ihres Wertes aufgeworfen. Bei den verschiedensten Gelegenheiten hat sich klar gezeigt, dass sie nur über eine geringe Zahl von Menschen verfügt, die bedingungslos und unter allen Umständen zum volksdeutschen Gedanken und zum Reich stehen und sich voll dafür einsetzen. 90% aller eingeschriebenen Mitglieder gehören ihr nur aus Gründen der Furcht oder des Nutzniessertums an, und können nicht als zuverlässig angesehen werden. […] Die VdB sieht als ihre Aufgabe alle Luxemburger zu sammeln ohne dabei nach einem scharf geführten Auslesevorfahren vorzugehen. So kommt es, dass sich in ihren Reihen Menschen befinden, die vor dem 10. Mai allen möglichen demokratischen Parteien angehört haben und offen und öffentlich gegen Deutschland Stellung bezogen. Von diesen Elementen wird innerhalb der Bewegung für die Ziele des alten Luxemburger Staates gearbeitet und versucht die VdB von innen heraus zu unterhöhlen.“

Porte-parole des intérêts luxembourgeois

En réalité, c’était la stratégie du Gauleiter que dénonçaient là les agents du SD. Depuis des mois, ils plaidaient pour un rassemblement des partisans luxembourgeois du Troisième Reich dans une organisation d’élite, contrôlée par le parti nazi. Or Simon, avec son obsession de rassembler une majorité, avait au contraire fait de la VdB une organisation de masse, donc impure aux yeux des SS, car pas assez fiable, pas assez fanatique.

Soupçonnaient-ils les nouveaux adhérents de chercher à s’emparer de la VdB pour la détruire de l’intérieur, en faire un mouvement de résistance, saboter le rattachement du Luxembourg à l’Allemagne? Même pas. Ils leur reprochaient simplement de vouloir accompagner cette annexion, de chercher à peser sur les événements en faisant de la VdB le porte-parole des intérêts et des aspirations de la population luxembourgeoise. „Diese Kreise unterscheiden scharf zwischen der Volksdeutschen Bewegung und der NSDAP“, peut-on lire dans un autre rapport du SD: „Die Volksdeutsche Bewegung verfolgt nach dieser Ansicht wohl deutsche Ziele. Es wird ihr aber das Bestreben und die Fähigkeit zugestanden, für den Fall der Eingliederung Luxemburgs in das Reich, für das ehemalige Grossherzogtum gewisse Reservatrechte zu sichern. Die Volksdeutsche Bewegung wird also als eine separatistische Bewegung angesehen, wenigstens in dem Sinne, dass sie für die Wahrung einer gewissen kulturellen Selbstständigkeit im Rahmen des Grossdeutschen Reiches eintrete bzw. eintreten werde.“ 

Mise au pas

Le Gauleiter finit lui aussi par trouver que ces modestes tentatives de conserver un minimum de particularisme luxembourgeois allaient trop loin. Considérant que trouver de nouveaux adhérents n’était plus une priorité, il décida de mettre la VdB au pas. A partir du mois de décembre, les principaux dirigeants luxembourgeois furent écartés au profit d’Allemands. Certains services essentiels du parti – propagande, finances, organisation – furent par la suite transférés à Coblence, au siège du parti nazi du Gau Koblenz-Trier.

Aux Luxembourgeois pro-nazis, qui avaient perdu leur parti et se retrouvaient désormais marginalisés, le Gauleiter promit qu’ils seraient accueillis au sein du NSDAP. Une section du parti nazi, leur étant réservée, fut finalement créée fin 1941. Elle finit par compter 4.000 membres, triés sur le volet comme l’avaient conseillé les agents du SD.

Une autre conséquence de la mise au pas de la VdB fut la fondation de l’organisation de résistance Letzeburger Ro’de Le’w (LRL). Dans ses statuts du 1er février 1941, celle-ci mettait notamment en avant l’objectif de „délier de leur engagement vis-à-vis des Allemands ceux parmi les Luxembourgeois qui, par leur adhésion au VdB, s’étaient bel et bien ralliés à la cause allemande mais qui, depuis, avaient fait preuve de leur sincérité en tant que Luxembourgeois, par leur comportement et leur attitude, et qui ont soutenu la cause luxembourgeoise de toutes leurs forces“.

Il fallut néanmoins encore un certain temps pour que tout le monde comprenne que la VdB ne pouvait faire office de pis-aller. Certains s’en rendirent compte au moment de la crise provoquée par le recensement d’octobre 1941. D’autres n’arrivèrent à cette conclusion qu’après l’introduction de l’enrôlement forcé dans l’armée allemande, près d’un an plus tard. Alors, jusqu’à dix pour cent des adhérents renvoyèrent leur carte de membre du parti – montrant par là même que la peur et la passivité n’étaient pas les seules raisons qui les avaient fait rester jusque-là.

Grober J-P.
10. Januar 2021 - 11.17

All Duerf hat seng Gielemännercher an déi sin haut nach do ouni séch ze schummen, soot mäin emol virun 40 Joer. Soll ech der se weisen? Deemols hat ech leider keen Interesse.

B.G.
10. Januar 2021 - 11.00

Ech hunn de Krich matgemaacht. Mein Papp waar een fun deenen puer déi d‘Spengel de selwechten Daag zereckgescheckt hunn ewéi sii se kritt haaten. Daat hunn mir batter bezuelt. Ët waren dër net ganz vill déi geent d‘Preisen waaren , vill vill manner éwéi offiziell noom Krich. Ech kann mech un vill Gielemännercher erënneren dären Noofolger haut deck patriotesch Baake maachen an sëch un neischt méi erënneren können.....deenen hier Salooen nach voller  « jiddischer «  Tablooen hänken...... Ech , wann daat eloo geng geschéien ,den wees ewéi Letzebuerger Patrioten an Nationalisten haut behandelt ginn, sinn deen éischten wann miir sollten nachmools eng Kéier besaat ginn, ob fun deenen déi miir wëssen oder aaneren , deen zu hinnen iwerleeft an ewéi d’Gielemännerschter ënnert dëm Ady mëch an meng Famill an Sècherheet brengt. Quitt duernoo ërëm een grousse Lëtzebuerger ze sinn.....

de Schéifermisch
9. Januar 2021 - 18.01

Plutôt histoire du passé récent. Un hiver d'illusions pour qui ? Pour un certain nombre de Luxembourgeois opportunistes attirés par une "carrière" professionnelle ou politique sous le régime nazi sûrement. Au moins 4 années plus tard, voyant arriver la catastrophe finale, ils essayaient, en dernière minute, vainement ou avec beaucoup de chance ,de changer de camp pour sauver les meubles ou leur peau. La carte du parti, le drapeau rouge avec la croix gammée, l'uniforme brune et toutes les traces éventuelles d'un passé ou d'une activité nazis furent brûlés en toute hâte. Beaucoup déguerpirent ou déménagèrent pour aller vivre dans une région où ils espéraient que leur sombre histoire n'était pas connu.