14 juilletMacron annonce 100 milliards d’euros supplémentaires pour la relance

14 juillet / Macron annonce 100 milliards d’euros supplémentaires pour la relance
Après un défilé du 14 juillet sous le signe du Covid, Macron a annoncé le masque obligatoire et un plan de relance Foto: AFP/Ludovic Marin

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Renouant avec un exercice présidentiel qui avait été inauguré par Valéry Giscard d’Estaing, et abandonné par Nicolas Sarkozy, Emmanuel Macron s’est prêté hier, à l’occasion de la fête nationale française, à un long entretien télévisé au cours duquel il a à la fois tiré les leçons de ses trois premières années à l’Elysée, et esquissé les perspectives des deux autres qui lui restent à y passer avant la prochaine élection.

Il s’agissait donc à la fois, pour le chef de l’Etat, de se justifier et de se relancer. Ni l’une ni l’autre de ces deux ambitions n’étaient superflues. Se justifier: trois ans après une élection assez triomphale, qui avait suscité de grandes espérances dans diverses catégories de la population, la popularité du président est d’autant plus basse que le changement de premier ministre qu’il vient d’opérer ne semble pas du tout, pour l’instant, l’avoir remis en selle. La cote de confiance du nouveau locataire de Matignon, Jean Castex, reste largement inférieure à celle de son prédécesseur, Edouard Philippe, dont l’éviction a été largement regrettée.

Se relancer, aussi: le pouvoir use de plus en plus vite ceux qui l’exercent au sommet de l’Etat, et la crise du coronavirus, de surcroît gérée de manière assez chaotique, a achevé de donner à une large partie de l’opinion le sentiment que l’avenir était décidément illisible. Qu’il s’agisse de la „rentrée“ de septembre, avec encore bien des incertitudes sur le plan universitaire, et plus encore pour l’emploi salarié avec des licenciements en cascade et des fermetures d’usines, ou des perspectives à plus long terme. Quel est en effet ce „nouveau chemin“ qu’Emmanuel Macron fait miroiter pour „le monde d’après“, sans en préciser un tant soit peu les contours?

„Des maladresses“

Sur le premier point, le regard que l’on peut porter sur ses trois premières années de présidence, l’homme de l’Elysée, face aux deux journalistes qui l’interrogeaient en direct hier après-midi, s’est voulu ouvert à la critique, et a reconnu que face à l’évolution des temps, „la France a eu peur“ et a éprouvé „une crise de confiance“. Voire, à l’occasion, „une détestation“, qui pouvait être alimentée par ses propres „maladresses“, même s’il ne s’est pas interdit de trouver certains reproches „injustes“, ni privé de rappeler qu’en démocratie, si la critique est libre et d’ailleurs utile, „la haine, elle, n’a pas sa place“.

M. Macron a en outre regretté de ne pas avoir (encore) réussi à réconcilier les Français, comme il l’avait pourtant promis durant sa campagne de 2017. Et le président a ajouté: „Avec les Gilets jaunes, nous avons vécu une crise sociale qui a été la colère d’une partie du peuple, qui s’est dit: ,Les réformes qu’ils font, ce qu’ils nous demandent de faire, ça n’est pas fait pour nous.‘ En fait, nous n’avons pas produit assez de résultats suffisamment vite. Et dans nos réformes menées tambour battant, certaines choses n’étaient pas perçues comme justes. Il nous faudra passer par davantage de dialogue social.“

La France a eu peur

Emmanuel Macron

S’agissant, justement, du redressement de l’économie française, désormais très urgent après cette crise sanitaire qui a mis au chômage technique – payé à 84% par l’Etat – jusqu’à 13,5 millions de salariés, le président de la République a promis 100 milliards d’euros „au moins“ de nouveaux crédits publics, en plus des 460 milliards déjà engagés en mesures de soutien à l’économie depuis le début de l’épidémie, „pour faire la relance industrielle, écologique, locale, culturelle et éducative“. Et pour faire bonne mesure, écologique notamment, il a ajouté: „Je suis convaincu qu’on peut bâtir un pays différent d’ici à dix ans, et que la réindustrialisation de la France peut s’appuyer sur une nouvelle politique environnementale.“

M. Macron a aussi annoncé un dispositif exceptionnel d’exonération des charges des entreprises pour favoriser l’embauche des jeunes. Et il a souligné que toute limitation des salaires devait s’accompagner de dispositifs d’intéressement et de participation, et d’une modération des dividendes versés aux actionnaires. Le tout sans augmenter les impôts pour faire face à cette explosion des dépenses publiques, ce qui laisse infiniment sceptiques nombre d’économistes …

Au total donc, le chef de l’Etat s’est montré plutôt rassurant, assez loin de son fameux discours ponctué de „Nous sommes en guerre“ qui avait sonné la mobilisation contre le coronavirus. Même s’il a aussi insisté sur le fait que la pandémie tendait à reprendre un peu de vigueur en France, et que cette „guerre“-là n’était pas terminée … Le port du masque devrait d’ailleurs redevenir obligatoire dans les lieux publics clos. Mais au-delà de la conjoncture sanitaire, et des incertitudes immédiates pesant sur la rentrée, il n’est pas sûr que sa longue intervention, alternant contrition sur le passé et optimisme pour l’avenir, ait tout à fait rassuré les Français.