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Forum / Hibernatus premier ministre?
 Photo: Editpress/Julien Garroy

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„Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître …“ Peut-être que certains d’entre vous ont reconnu le début de la belle chanson intitulée „La Bohème“ de Charles Aznavour, de 1965. Eh bien actuellement, avec notre futur gouvernement qui se profile à l’horizon, cette chanson va sûrement repasser en tête à l’hitparade. Pas pour son côté bohème, mais pour son côté „vieux jeu“. On a l’impression, à la fois sur le plan politique, celui des idées, de la démarche, du paraître et de l’être, des premières déclarations, qu’on assiste à un déjà-vu, une sorte de retour vers le futur. D’ailleurs, les noms de certains élus du CSV nous font retomber dans notre jeunesse, nous rappellent des noms des années 70 ou 80. A vous de les découvrir …

Les partis de la future coalition sont des adeptes du refus de toute forme d’imposition de l’héritage, par opposition à la méritocratie, pour le moins revendiquée oralement et mise à toutes les sauces. Pour une fois au moins, il faut leur accorder une certaine forme de suite dans les idées. Il en va de même de tout impôt sur la fortune. Que les riches restent riches et que les autres se démerdent. Ou crèvent …

Pour ceux qui sont trop jeunes pour connaître le (bon?) vieux temps, il faut leur expliquer qu’on est en train de nous refaire le match d’il y a des années.

Autre comparaison: les anciens, ceux de ma génération, se rappellent sûrement le film datant de 1969 (putain – comme disait Chirac – j’avais vingt ans …) intitulé „Hibernatus“ avec l’incontournable Louis de Funès. L’histoire relate qu’un certain Paul (aujourd’hui il s’appellerait peut-être Luc, qui sait?) a été victime d’un naufrage au large du Groenland, pas très loin de Londres (sic) et y a hiberné pendant 25 ans dans un bloc de glace. Il est retrouvé par après en parfait état. Cette découverte perturbe grandement le personnage joué par Louis de Funès, car la personne hibernée n’est autre que le grand-père de sa femme et cette dernière compte bien installer ce jeune homme, parfaitement conservé et réanimé, à la maison. Les scientifiques tentent de l’en dissuader, prétextant que le brusque saut dans le monde moderne d’un homme qui ignore tout de la nouvelle réalité risquerait lui être fatal.

Est-ce que cette comparaison est à propos quand je (re)vois notre futur premier ministre à l’œuvre? Tout porte à le croire …

Dix jours après …

J’ai délibérément attendu une dizaine de jours avant de commenter publiquement ce qui s’est passé dans les urnes le 8 octobre, et ce sont surtout des épiphénomènes post-électoraux qui ont retenu mon attention. La première chose qui m’a marqué, c’est le manque d’engouement, l’absence de projet mobilisateur, de feu sacré ou la liesse qui est normalement inhérente à toute nouvelle coalition, après ce que d’aucuns appellent une victoire qui, certes, ne mérite pas ce nom. En politique ou ailleurs. Regardez la Pologne, un nouveau souffle, une belle victoire des démocrates pleine de promesses, une communion nationale lui fait tellement du bien, et à nous, de loin, également.

Il est vrai que chez nous, le résultat des élections était tout sauf une déclaration d’amour pour le CSV, mais plutôt comme un pis-aller, un malgré tout, un vote contre (notamment les Verts). On ne peut parler de vainqueur, mais plutôt d’un profiteur des élections. Même en politique, il faut être au bon endroit au bon moment. Cette fois-ci, il suffisait de se pencher un peu pour rafler la mise. Il s’agit simplement d’une forme d’opportunisme. Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois … A défaut de mariage d’amour, on assiste donc à un mariage arrangé dans les coulisses par des lobbyistes, à un mariage quasi forcé par les circonstances, un mariage conclu par les pères des futurs mariés, dans la plus pure tradition de la religion musulmane, comme une sorte de HLEL (consultez votre dictionnaire!).

C’est comme au foot, après un match médiocre où vous n’avez pas dominé, si l’arbitre vous accorde un penalty à la dernière minute, vous avez la possibilité de gagner quand même et vous vous retrouvez vainqueur presque malgré vous, par défaut. Ou, comme on se plaît de dire, „à l’insu de son plein gré!“.

Ceci explique cela. En vain, au CSV, on essaye de sauver la face en se forçant à sourire. Ce sourire est figé, artificiel, il n’est pas communicatif, il reste en dedans. Il est vrai que notre futur premier ministre me rappelle plutôt un notaire de province qu’un leader politique. Relisez „Madame Bovary“ de Gustave Flaubert et refaite la connaissance du notaire, maître Guillaumin, un personnage central. Comme notre futur premier ministre, il possède le charisme d’un hérisson. Mais il ne faut pas les accabler pour cela, ils n’y sont pour rien, ils sont comme ça, c’est leur nature.

A part ses prétendues connaissances du monde financier, mises en vitrine verbalement par notre futur premier ministre, mais jamais bien visibles réellement jusqu’à présent, il ne dégage même pas un soupçon de crédibilité sur un autre sujet politique quelconque. Et la plupart de ses colistiers sont plus convaincants dans leur posture d’être que dans celle de faire. Mais, hélas, rien de neuf sous le soleil, sur ce plan-là, les mots d’ordre sont „gérer“ et „administrer“. Point, à la ligne! Surtout pas de vagues, pas trop de réformes, restons coi. Le terme de conservateur sera remis au goût du jour.

La posture du premier ministre sortant est également intéressante à observer. Depuis la soirée électorale, on a l’impression qu’il est comme libéré d’une charge qui commençait manifestement à lui peser. Il s’est jeté les yeux fermés dans les bras des conservateurs et comme si de rien n’était, il continue de serrer les paluches des touristes hollandais en ville, sans parler de sa manie de faire la bise à tout le monde sans demander un avis, de préférence aux mémés éberluées. En Espagne, il aurait eu des problèmes avec la Justice, vous n’avez qu’à demander au président de la Fédération espagnole de football, qui a dû démissionner pour avoir fait la bise totale à une de ses joueuses …

Il semble déjà être „ailleurs“, sans savoir exactement où. Il est unique dans sa façon spontanée de survoler tous les problèmes, un vrai voltigeur. Et il faut le féliciter d’avoir développé des compétences incroyables afin d’esquiver toute attaque politique, voire d’être capable de les retourner en sa faveur.

Du grand art! Chapeau l’artiste! Il est prêt pour de nouvelles aventures, mais pas sous les ordres des nouveaux arrivants au gouvernement. L’Europe lui tend les bras, d’après ses propres dires …

Fut-ce une surprise pour vous quand vous avez entendu l’autre jour le futur premier ministre nous raconter que, finalement, la situation des finances publiques est beaucoup moins bonne que prévu? Est-ce que notre génie des finances était aux abonnés absents pendant les semaines qui ont précédé les élections? La moindre des choses aurait été qu’il fût au courant de cette situation avant de déclamer des promesses, notamment une baisse des impôts de 10 pour cent pour tout le monde, riches inclus. L’austère est-il déjà en train de préparer l’austérité, alors que l’encre du programme électoral de son parti est à peine séchée? Ce serait quand même la blague politique de l’année, le coup de poignard dans le dos de tous les électeurs, pas seulement des siens. „Vorwärts Kameraden, wir müssen zurück!“, disaient d’autres.

Pas d’illusions s’il vous plaît!

Mais il ne faut pas se faire d’illusions. Il est certes plus facile de faire une ristourne de 10 pour cent pour tous, car on contente un maximum de personnes, en premier lieu les nantis, que d’éliminer les injustices structurelles criantes de notre système d’imposition. Même le DP, faute de courage politique, noyé dans la pandémie et atteint, sur ce plan, par l’échec flagrant et criant de la ministre des Finances, une vraie rond-de-cuir, capable sans problèmes d’ouvrir une nouvelle fois toutes les portes qui sont déjà ouvertes et qui n’est pas arrivée à proposer une telle réforme, ces dernières années, en dépit d’un accord de coalition ad hoc. Sans être sanctionnée par les électeurs, hélas.

Il ne faut pas non plus se faire d’illusions sur le fait que la nouvelle coalition procédera structurellement à une redistribution à l’envers, c’est-à-dire du bas vers le haut, une antienne des partis conservateurs, voire libéraux, quand ils sont seuls au pouvoir. Certes, pour combattre la pauvreté, ils vont faire preuve de charité (chrétienne?) et augmenter quelque peu quelques allocations par-ci et par là, mais structurellement, ils ne vont pas mettre les mains dans le cambouis. Des miettes pour les uns, des gâteaux pour les autres, c’est du déjà-vu.

Pour finir, on peut calmer les appréhensions des syndicalistes de la Fonction publique. Plus que jamais le principal syndicat de ce secteur, dont les membres sont tous électeurs, aura son strapontin au Conseil des ministres, plus que jamais personne ne touchera aux privilèges et aux droits acquis des fonctionnaires de l’Etat, ceux du secteur communal et de ses satellites et ceux du secteur associatif. Même si les caisses de l’Etat seront moins bien fournies. Le DP prendra soin d’eux, il ne se sent jamais en contradiction avec la défense de leurs intérêts et la politique libérale menée par ailleurs.

Plus que jamais, les nombreux immigrés et frontaliers continueront à faire tourner la boutique, surtout dans les secteurs dans lesquels la main d’œuvre luxembourgeoise est quasi inexistante et où les salaires constituent un tantième de ceux du secteur public et les horaires de travail le contraire.

Bon vent à tous et sachez que je serais trop content si mes sombres pronostics s’avéraient non fondés.

Wait and see!

René Kollwelter est un ancien député et ancien conseiller d’Etat
René Kollwelter est un ancien député et ancien conseiller d’Etat Photo: Editpress/Alain Rischard
!
30. Oktober 2023 - 9.34

@ M. Kollwelter - Chroniques mensuelles au ton convenu. Vous ne nous surprenez plus. Vous nous faisiez sourire, ce n’est plus le cas … Votre pouvoir d’indignation XXème siècle de boomer bourgeois, retraité de la fonction publique, lasse, se mue en hargne. Dommage! Bref, «peut mieux faire » et, incidemment, relisez-vous.

Ujheen
24. Oktober 2023 - 16.44

@ JJ et Kollwelter On vous enfermera tous les deux dans une même cellule dans le plus profond cachot du Vatican qu’on pourra trouver…

Grober J-P.
23. Oktober 2023 - 9.57

" plus que jamais personne ne touchera aux privilèges" "Le DP prendra soin d’eux, " Dir wësst leider nët alles, H. Kollwelter. DP wëll den ganzen Secteur "liberaliséieren", keng Privileger méi. Sin schon eng Zäitchen dermat am Gang. Frot emol bei den Administratiounen no wien do an leschter Zäit ëmmer méi d'Soen huet!

jung.luc.lux
23. Oktober 2023 - 9.17

Wieder altes sozialistisches Gestänker?

JJ
23. Oktober 2023 - 8.59

Attendons les soldats du Vatikan retourner dans les écoles pour éblouir les esprits inoffensifs des enfants à tout jamais, ou la distribution de billets pour les transports publics ou encore l'abolition de l´índex. Tout celà des déjà-vus. Si seulement je me trompais.

max.l
23. Oktober 2023 - 8.56

dites, si c'était vrai -s'il était né vraiment à Bethléem, dans une étable -si les rois Mages étaient vraiment venus de loin -pour lui porter l'or, la myrrhe, l'encens dites, si c'était vrai tout ce qu'ils ont écrit -Luc et Matthieu et les autres -le coup des Noces de Cana et le coup de Lazare -ce qu'ils racontent aux petits enfants avant d'aller dormir si c'était vraiment vrai tout cela oh, sûrement je dirais oui -parce que c'est tellement beau tout cela quand on croit que c'est vrai.. (Jacques Brel)