Montag27. Oktober 2025

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AnalyseNouveau gouvernement, avenir de la gauche: la France dans une double attente

Analyse / Nouveau gouvernement, avenir de la gauche: la France dans une double attente
Le chef de file de „La France Insoumise“ se voit déjà comme futur premier ministre français Photo: AFP/Emmanuel Dunand

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Les différentes formations de gauche devaient parvenir à formaliser leur accord hier soir, en vue des prochaines élections législatives, autour de La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon, lequel se rêve toujours en futur premier ministre (voir Tageblatt du 30 avril-1er mai). Un poste que, sans attendre le scrutin de juin, le président Macron semble éprouver du mal à pourvoir, cependant que Jean Castex continue d’expédier les affaires courantes.

Étrange climat, ces jours-ci, que celui de la vie publique française, comme suspendue à une double attente. A gauche, et bien qu’il ait échoué pour la troisième fois, dès le premier tour, à l’élection présidentielle d’avril, M. Mélenchon se sera beaucoup agité pour fédérer autour de lui les autres partis de la famille – encore bien plus défaits que lui par le suffrage universel, il est vrai – que sont le PS, les Verts, le PCF et les trotskistes; mais à plusieurs reprises, ses appels, pour ne pas dire ses ultimatums, sont d’abord restés sans guère d’écho.

Il comptait d’abord sur des ralliements pour le défilé traditionnel du 1er Mai, si possible sous une grande banderole commune concrétisant la (re)naissance de „l’union populaire“. Seuls les Verts, au début du processus, ont semblé vouloir mordre à l’hameçon. A défaut, la date du 3 mai, pour laquelle il a accentué son forcing, gardait tout de même l’avantage, symboliquement non négligeable lui aussi, d’être celle de l’anniversaire de la victoire électorale du Front populaire en 1936.

Campagnes individuelles

Là s’arrête pourtant le parallèle entre l’immense mouvement ouvrier d’il y a 86 ans et la situation de la France d’aujourd’hui, si fortes y soient certaines colères et désillusions sociales. La grande difficulté éprouvée par Mélenchon dans ses efforts fédérateurs le montre d’ailleurs bien: là où, en 1936, socialistes, communistes et radicaux s’engageaient ensemble à „changer la vie“, comme dirait plus tard François Mitterrand (même si le PCF, à l’époque, préféra ne pas participer au gouvernement), aujourd’hui la seule préoccupation des partenaires de La France Insoumise semble être de sauver ce qui peut encore l’être de leurs structures et de leur financement d’État.

En conservant à l’Assemblée nationale les sièges que leur auront concédés Jean-Luc Mélenchon … et les électeurs. Mais cela au prix de leur indépendance, et de leur statut de „parti de gouvernement“, en tout cas en ce qui concerne les socialistes et les Verts, estiment nombre de cadres de ces formations, lesquels commencent d’ailleurs à faire campagne, lorsqu’ils sont députés sortants, en toute indépendance et sous leur seul nom.

Au PS par exemple, l’ancien président François Hollande, l’ex-premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis, ou encore Stéphane Le Foll, ancien ministre et toujours député, mais aussi la maire de Paris Anne Hidalgo et beaucoup d’autres, considèrent que la soumission de leur parti au populisme d’extrême gauche, aux orientations internationales et aux exigences du chef de LFI en termes de circonscriptions, est de nature à le faire disparaître. Sans pour autant donner à cette nouvelle union de la gauche, ainsi accouchée aux forceps, de grandes chances de conquérir une majorité de gouvernement les 12 et 19 juin prochains, après avoir si spectaculairement échoué à la présidentielle.

Un „troisième tour“ de rattrapage?

En attendant, le silence relatif de l’Elysée intrigue. On n’imagine pas que M. Macron ait été à ce point surpris de l’emporter le 24 avril que la gestion de la suite de son mandat le laisse désemparé, et qu’il lui soit si difficile de trouver un nouveau locataire pour Matignon …

Il est vrai qu’en laissant abondamment „fuiter“ l’information selon laquelle il recherchait plutôt une femme, pour diriger le gouvernement – le seul précédent, celui de la socialiste Edith Cresson, remontant à 1991-1992 et n’ayant guère laissé de bons souvenirs, y compris à l’intéressée – le chef de l’Etat a pris le risque de décevoir beaucoup s’il doit finalement nommer un homme.

Mais tout se passe comme si la perspective de présider à nouveau la République pour cinq ans plongeait M. Macron dans une sorte de désarroi, qu’il s’agisse de nominations gouvernementales ou de programme, et particulièrement de réformes. Laissant ainsi la vedette à un Jean-Luc Mélenchon qui, battu dès le premier tour de la présidentielle, et donc absent du second, compte bien faire des législatives de juin un „troisième tour“ en forme d’oral de rattrapage, qui lui ouvrirait les portes de Matignon. Ce qui s’appelle – mais n’est-ce pas sa marque de fabrique? – ne douter de rien.