Sans cesse donc, l’homme de l’Elysée doit faire le partage en lui-même entre le désormais candidat et l’encore chef de l’Etat. On devine bien ce qui est à ses yeux le plus important dans l’immédiat: être réélu, bien sûr; mais on pressent aussi que ce qui le passionne le plus est d’assurer jusqu’au bout sa tâche diplomatique présidentielle. Sans en avoir été récompensé pour l’instant par des résultats à la hauteur de son implication, mais sans désespérer non plus pour autant du dialogue, si décevant à ce stade, avec le maître du Kremlin.
Pourtant, les affaires intérieures viennent aussi se rappeler à lui. Il est vrai que parmi ces problèmes franco-français, certains sont en fait des conséquences de la guerre en Ukraine. A commencer, bien sûr, par la hausse des prix, tout particulièrement celle des carburants. Ce n’est certes ni une exclusivité de l’Hexagone, ni une conséquence de la politique macronienne; mais la flambée des „prix à la pompe“, dont les médias tiennent la chronique quotidienne, suscite inquiétude et exaspération chez des automobilistes qui, avant même les derniers pics tarifaires, la subissaient depuis de longues semaines déjà.
Colonna agressé en prisonnier
Le gouvernement, sur instruction de l’Elysée, a décidé de rembourser à ces derniers 15 centimes d’euro par litre (actuellement autour de 2,25 euros selon le carburant choisi). Geste estimable, mais souvent jugé très insuffisant; à quoi s’ajoute le fait qu’il ne prendra effet que le 1er avril, date folklorique traditionnelle des farces, à neuf jours du premier tour de la présidentielle … Et cette flambée des prix s’applique aussi à beaucoup de denrées alimentaires, les tarifs des céréales (dont l’Ukraine était un très gros producteur) ayant eux aussi tendance à s’envoler.
Autre dossier brûlant: la Corse. Certes, le problème est récurrent: il ne se passe guère d’année sans qu’il revienne sur le devant de la scène politique. Mais la tentative de meurtre en prison, voici quelques jours d’Yvan Colonna, lui-même l’un des co-auteurs de l’assassinat du préfet Claude Erignac à Ajaccio en 1998, est venue raviver la flamme indépendantiste et anti-française, même si l’auteur de cette agression quasi-mortelle est en fait un intégriste musulman qui accuse Colonna d’avoir blasphémé contre Allah.
Les insulaires proches de la mouvance séparatiste ne comprennent pas (et de fait, cela semble ahurissant) que dans une prison dite de haute sécurité, un terroriste musulman puisse laisser pour mort un autre détenu, lequel n’est toujours pas sorti du coma où il se trouve plongé depuis plusieurs jours. Les leaders du mouvement en profitent pour dénoncer une fois de plus le „régime français assassin“, comme si l’auteur de l’agression avait été un gardien, et ce dernier week-end a encore été très agité.
Payer de sa personne
Enfin, le chef de l’Etat se trouve confronté à un autre problème, directement électoral celui-là, qui se résume en une question simple: comment faire personnellement campagne quand, par sa fonction élyséenne et européenne, on est mobilisé presque constamment sur le devant de la scène continentale? Certes, cette exposition internationale a favorisé, dans un premier temps, le candidat Macron, en vertu de ce que l’on appelle „l’effet drapeau“ (voir Tageblatt du 10 mars), lequel veut qu’en cas de crise majeure, le chef de l’Etat bénéficie d’un réflexe de rassemblement autour de lui.
Mais une campagne présidentielle exige tout de même que le candidat sortant paie de sa personne, se montre, apostrophe les foules et s’affiche dans de grands meetings. Samedi à Marseille, Macron avait délégué deux de ses ministres, qui ont fait de leur mieux devant… 500 personnes, et des militants qui, sans chercher à nuire à leur candidat, attendaient plus et mieux.
Et il compte réitérer la manœuvre, quand ses adversaires – avec lesquels il refuse de débattre à la télévision avant le premier tour, considérant que les forces en présence seraient terriblement disproportionnées – veulent, eux, multiplier les effets de tribune, et de foule.
De Maart
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