Or le cours des événements – et surtout des sondages – semble bien infirmer ce pronostic, voire le démentir radicalement. Remis à peu près dans les rails d’une campagne présidentielle „normale“, l’actuel locataire de l’Elysée reste manifestement, en pensée comme en pratique, sur la scène internationale, complètement dominée par l’agression russe contre l’Ukraine, et ses conséquences économiques probablement très lourdes pour l’Europe occidentale.
Du moins M. Macron est-il reparti en campagne, sur le modèle de ce qu’il avait tenté après la crise des Gilets jaunes afin de reconquérir l’opinion: de petites rencontres où s’installe le dialogue, même si, pour l’instant, les participants semblent d’une mansuétude un peu suspecte à son égard. C’est de toute façon un exercice que le président maîtrise bien, même face à des salles moins acquises d’avance; et qui ne l’empêchera pas de tenir quelques grands meetings, dont bien sûr à Paris.
La présidentielle phagocytée?
Pour autant, les différents discours des candidats de l’opposition sont-ils devenus plus audibles de l’opinion, sans même parler de leur éventuel pouvoir d’attractivité sur les électeurs? C’est loin d’être évident: ce dont on parle aujourd’hui dans les rues, les cafés, les entreprises, c’est surtout de la guerre en Ukraine et de ses répercussions sur les prix des carburants, des matières premières ou de l’alimentation, bien avant le programme de tel ou tel candidat(e).
Même en tâchant de ne pas laisser la campagne présidentielle phagocytée par les événements venus de l’Est, les candidats et leurs équipes ont bien du mal à empêcher que l’actualité militaro-diplomatique ne prenne le pas sur les affaires intérieures. Même des dossiers aussi susceptibles de rassembler l’opinion que l’environnement ou le pouvoir d’achat sont aujourd’hui complètement dépendants de la crise russo-ukrainienne …
Cela ne suffit pas, certes, à faire du président sortant une sorte d’incontournable vainqueur le 24 mai après avoir déjà devancé tous les autres candidats le 10. Et les jugements sur la façon dont il a tenté, tout à fait en vain jusqu’à présent, de faire revenir Vladimir Poutine au respect du droit international, sont partagés; d’autant plus que certains ont avant tout l’impression que le président français, tout à son envie de réussir à tout prix un superbe coup diplomatique, s’est fait „balader“ assez naïvement par son homologue russe.
L’„effet drapeau“
Il n’empêche: jamais, depuis que la course électorale s’est engagée, les intentions de vote en faveur d’Emmanuel Macron n’ont été aussi élevées. Le dernier sondage de BFM-TV et de l’Express le donnait, mardi, à 33,5% des voix au premier tour, soit un bond de 8,5 points. Loin devant les 15% de Marine Le Pen, les 13% de Jean-Luc Mélenchon … Ce dernier, dans l’extrême-gauche populiste, profite manifestement du retrait de Christiane Taubira et de la médiocrité de la campagne de ses challengers, en particulier Yannick Jadot pour les Verts (qui tombe à 5%) et surtout Anne Hidalgo, qui stagne, pour le PS, à 1,5%.
Mais d’autres challengers de Macron, qui semblaient bien partis, comme Eric Zemmour à l’extrême-droite et Valérie Pécresse chez les Républicains, connaissent eux aussi de sérieuses déconvenues, le premier avec 11% et la seconde avec 10,5%, ce qui sème la consternation en l’inquiétude dans les rangs de la droite modérée.
Sans doute d’autres sondages sont-ils un peu différents dans le détail; mais tous enregistrent une forte poussée d’Emmanuel Macron, au détriment des autres „grands candidats“. La guerre est passée par là, avec ce qu’un sociologue français appelle l’„effet drapeau“: dans les périodes dangereuses, il y a presque toujours un resserrement de l’électorat autour du pouvoir en place. Un pouvoir qui, aujourd’hui en France, s’appelle obstinément Macron …
De Maart
Zemmour,Le Pen,Mélenchon de par leurs propos homophobes se sont mis hors jeu. Quelle stratégie ingénieuse de faire "le beau" ou plutôt "la belle" devant un Poutine avant les élections.Et upps,voilà que Poutine montre son vrai visage au monde entier. Le Pen a hérité son talent politique de son père.Semer le chaos et pas d'alternatives. Quelle différence fait un Macron qui a bravoureusement maîtrisé la pandémie,relancé l'économie française et maintenant tout semble le confirmer dans ses efforts de s'émanciper devant le dernier Tsar de Russie. Tandis que l'Allemagne aura beaucoup de travail pour se libérer de la dépendance énergétique de la Russie,faute grave due à la "politique des petits pas" d'une Merkel toujours réconciliante envers tous les dictateurs du Monde et rampant à genoux devant les Verts qui réclamaient la "sortie immédiate de l'énergie atomique" après Fuku,tout en continuant à brûler du charbon.
Macron sera le président pour le prochain quinquénnat.Pas de doute.