Donnerstag20. November 2025

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Best Of 2021Notre sélection de films

Best Of 2021 / Notre sélection de films

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Mayday

Die junge Frau Ana wird nach einer traumatischen Erfahrung bei der Arbeit und einem anschließenden Suizidversuch (wortwörtlich oder umgangssprachlich?) auf eine Insel geschleudert. Dort trifft sie eine ganze Gruppe von Frauen, die in einem gestrandeten U-Boot gleich am Strand leben. Die Führerinnen – u.a. gespielt von SoKo und Mia Goth; schon mit dem Casting ist es unverständlich, dass der Film keinen Verleiher finden will – haben die ganze Truppe erstklassig militarisiert und wolle sich und die Insel vor einer anfangs abstrakten Gefahr schützen. Wie moderne Sirenen locken sie über Funk und falsche Hilferufendes Nachts Schiffe und Soldaten zu ihnen und lassen diese an den Klippen zerschellen. Und wer überlebt, wird erschossen.

Das englische BFI hat „Mayday“ und seiner Regisseurin Kurzsichtigkeit vorgeworfen, wenn es um die kultur-politischen Intentionen ging. „Promising Young Woman“ wurde hingegen als einer der besten Filme seines Jahrgangs gefeiert. Dieser Film ist jedoch mit seiner Unfähigkeit, künstlerisch zu abstrahieren, und seinem immerwährenden Lehrfinger des „premier degré“ der uninteressantere Film. Eine orchestrale Aufarbeitung von Britney Spears’ „Toxic“ kann das nicht retten. Auch „Mayday“ hat #MeToo als Trigger. Und trotz überschaubarem Budget begreift sich der Film von Karen Cinorre als Reflexion über kollektive Aufarbeitung von Traumata und Empowerment. Und als Film.

Ein bisschen Homer, ein bisschen Kriegsfilm, in Gedanken trifft man auf Alice und Dorothy. Bei allem postmodernen Reflex steht der Film seinen Figuren, ihrem Handeln und somit auch #MeToo kritisch gegenüber. Und nein, das Schlusswort ist nicht „Alle Männer sind scheiße“. Ob in seiner Message nun subtil genug oder nicht – was dem Film nach seiner (digitalen) Premiere beim Rotterdamer Filmfestival im Januar vorgeworfen wurde –, ist die Reflexion in „Mayday“ allemal vielschichtiger als in „Promising Young Woman“, der sich mit seinen narrativen Wendungen im dritten Akt ins Abseits geschossen hat. Der Film lockt einen selbst in seine Welt ein, wohl wissend, dass bei allem coolen Kriegsspielen irgendetwas nicht ganz stimmt. Und ist nicht doch vielleicht alles ein einziger Traum? Eine wunderbare, von Liberaces Klavierklängen untermalte Musik- und Tanzsequenz, die wie aus dem Nichts zu kommen scheint, unterstreicht die Verlockung und Gefahr des Films. (Tom Dockal)

Bergman Island

Il fallait de l’audace pour filmer sur l’île Fårö, où a été tourné „Scènes de la vie conjugale“. Mia Hansen-Løve tient la gageure de coïncider l’imaginaire bergmanien et une approche très personnelle. Elle suit deux cinéastes venus sur l’île suédoise pour écrire, chacun, leur prochain film. Tony, 60 ans, est un réalisateur reconnu. Sa jeune compagne Chris peine à écrire son scénario. Il participe au „Bergman Safari“ pour touristes, elle préfère découvrir des endroits plus discrets. Chris interroge son couple, la place qu’elle tient auprès de son compagnon. Elle lui présente son projet de scénario auquel il n’accorde pas l’importance attendue. L’univers ténébreux d’Ingmar Bergman survole les beaux paysages ensoleillés. Avec sa mise en scène gracieuse, Mia Hansen-Løve s’attaque aux récits de l’amour et de la création, chers à Bergman. Tim Roth est impeccable en compagnon faussement généreux et l’épatante Vicky Krieps bouleversante de féminité. Une bulle de bonheur pour les amoureux du 7e Art et de Bergman. Pourquoi les jurés cannois n’ont-ils pas saisi la formidable modernité de „Bergman Island“? (Corinne Le Brun)

Le discours

Une heure trente de bonne comédie n’est jamais un mauvais moment pour le moral. La fine adaptation du „Discours“, roman de Fabrice Caro, par le cinéaste Laurent Tirard est un pur régal. Lors d’un dîner en famille, Adrien, quadra genre déprimé, attend désespérément un texto de Sonia avec qui il est „en pause“ depuis trois semaines. Cerise sur le gâteau, Ludo, son futur beau-frère, lui demande d’écrire un „merveilleux“ discours pour son mariage avec Sophie. Adrien est au bord de la crise de nerfs. Entre le gigot et la tarte aux fraises, les conversations convenues traversent la table. Adrien, lui, soliloque. Le monologue intérieur passe sans trébucher d’une réflexion existentielle à des sujets anodins, la „pause“ de Sonia revenant comme un mauvais refrain. Oui, cet Adrien angoissé à plus d’un titre nous est très sympathique. Benjamin Lavernhe, sociétaire de la Comédie française nous montre une fois de plus l’amplitude de son talent, sur les planches comme devant la caméra. Une comédie rythmée, gorgée d’humour et de trouvailles visuelles. (Corinne Le Brun)

Drive my Car

Adapté d’une nouvelle de Haruki Murakami, „Drive my Car“ est le film qui a fait l’unanimité des critiques à Cannes. Filmant le quotidien d’un acteur et réalisateur qui essaie de reconstruire sa vie après la mort de son épouse, Hamaguchi réalise un film profondément touchant sur l’amour, le deuil, l’art et l’amitié qui, pendant trois heures, réussit une perfection à la fois formelle et sémantique. Alors que son personnage principal met en scène „Oncle Vania“ de Tchekhov, dont sa femme a enregistré les répliques – une ultime trace d’une personne qu’il a aimée – sur une cassette afin qu’il puisse répéter la pièce pendant ses longs trajets en voiture, Hamaguchi fait tisser des liens entre les personnages – un acteur rival qui a couché avec son épouse et qu’il recrute pour le rôle principal, une jeune femme taciturne qui devient sa chauffeuse – avec une sobriété et une empathie qui n’est pas sans rappeler les romans de Kazuo Ishiguro. Un chef-d’œuvre d’une rare puissance. (Jeff Schinker)

The Worst Person in the World

„The Worst Person in the World“ ou „Julie (en 12 chapitres)“ de Joachim Trier raconte l’histoire de sa jeune protagoniste Julie, une jeune femme qui s’éprend d’un auteur de BD plus âgé qu’elle. Filmé en 12 chapitres qui sont autant de petits exercices de style, rappelant par moments un Yorgos Lanthimos en un peu moins déjanté, „The Worst Person in the World“ est un long-métrage profondément touchant, qui parle d’infidélité, d’amour, de féminisme et de toxicité masculine sans pour autant tomber dans le cliché et les accusations faciles. Porté par le jeu de deux acteurs principaux bouleversants et une écriture qui oscille entre humour et drame, le film fait se confronter deux traversées d’un monde contemporain de plus en plus complexe, l’une de ces existences se sentant dépassée par un monde qu’il n’arrive plus à déchiffrer alors que l’autre, Julie, y voit au contraire une aire de jeu qu’elle peut s’approprier. C’est beau, drôle, intelligent, bouleversant et magnifiquement joué. (Jeff Schinker)

The Last Duel

Passé inaperçu au Luxembourg alors que son deuxième long-métrage de l’année („House of Gucci“) rencontre beaucoup de succès, „The Last Duel“ de Ridley Scott est une véritable déconstruction d’un genre. S’inspirant d’un fait réel – le dernier duel judiciaire connu en France –, le film raconte une seule et même histoire – celle, terrible, d’un viol – selon trois points de vue, montrant d’abord la vision de monde d’un preux chevalier vain et arrogant, puis celle de son prétendu ami, qui se gorge de pouvoir en menant une vie dissolue, faite de débauche et d’ivresse, à la cour d’un proche du roi, pour enfin adopter le point de vue d’une femme qui s’est fait violer et qui doit recourir à son mari pour porter plainte. Au-delà du fait qu’il est rare et difficile de mettre en scène des narrateurs indignes de confiance au cinéma, Scott arrive à nous faire ressentir de l’indignation pour le sort fait à une femme au Moyen Âge tout en nous faisant réaliser que, si le film nous indigne tant, c’est parce qu’on se rend compte que même de nos jours, alors qu’on demande encore et toujours aux femmes victimes d’agressions sexuelles si elles ne l’ont pas cherchée un peu, l’agression, en portant des jupes ou en tenant des propos aguicheurs, les choses n’ont pas tant changé. (Jeff Schinker)

The Father

Avec „The Father“, Florian Zeller ose un film sur un sujet casse-gueule: racontant le lent déclin mental de son personnage principal, Anthony, incarné avec brio par Anthony Hopkins, à travers le prisme de sa fille (Olivia Colman) qui s’en occupe, le film nous plonge dans l’enfer mental d’un personnage dont les souvenirs se détériorent et dont le réel est devenu instable, fluctuant, indigne de confiance. Rappelant quelque peu un film-labyrinthe comme „Memento“, „The Father“ est un long-métrage qu’on a du mal à endurer, qui touche à la mortalité de nos parents et au déclin d’une existence, et cela sans pathos aucun. Je me rappelle l’avoir vu avec mon père et qu’on a eu du mal, après le film, de nous en remettre et je me rappelle un ami qui, après l’avoir vu, au cinéma, m’a appelé pour aller prendre un verre, parce qu’il ne supportait pas l’idée de passer une soirée seul. (Jeff Schinker)