Donnerstag20. November 2025

Demaart De Maart

NécrologieA la mémoire de Guy Linster

Nécrologie / A la mémoire de Guy Linster
Infatigable mais aussi d’une grande gentillesse: Guy Linster voulut créer du changement Photo: archives d’Editpress/François Aussems

Jetzt weiterlesen!

Für 0,99 € können Sie diesen Artikel erwerben:

Oder schließen Sie ein Abo ab:

ZU DEN ABOS

Sie sind bereits Kunde?

Guy Linster vient de nous quitter à Noël. Il était sorti de la scène publique depuis un certain temps, mais il ne faut pas que disparaisse avec lui la mémoire de son action.

Jos Linster, le père de Guy et de son frère jumeau Roger (1933-2005), était instituteur, président de la FGIL, très actif dans tous les débats autour de l’école publique après la Deuxième Guerre mondiale. Il était donc naturel que les deux fils Linster s’y engagent à leur tour dès le début des années 1950, avec une flopée de jeunes intellectuels de gauche, aux Jeunesses socialistes et à l’ASSOSS.

Dans les années 1960, l’école luxembourgeoise commençait à bouger. Malgré certaines réformes initiées par des ministres CSV, elles n’allaient pas assez loin pour ces jeunes. En décembre 1967, la VOIX, organe de l’ASSOSS, publia un dossier sur l’enseignement où Guy Linster retraçait méticuleusement l’histoire de l’école luxembourgeoise depuis 1848. C’était sa façon de travailler: aller au fonds des choses, revoir d’où elles viennent et comprendre ainsi pourquoi il est si difficile de les faire bouger.

Mettre les choses en œuvre

Cette approche méthodique – pédagogique, pourrait-on dire – allait lui servir quand Robert Krieps, devenu en 1974 le premier socialiste à prendre en charge l’éducation nationale, l’appela à ses côtés comme secrétaire d’Etat. C’était l’époque des débats autour du fameux „tronc commun“. On avait compris que la sélection des élèves après l’école primaire se faisait sur des critères socio-culturels, c’est-à-dire la situation des parents plutôt que sur l’intelligence des élèves. Ceux qui n’arrivaient pas à entrer au lycée classique se retrouvaient dans des voies diverses souvent sans issue. De la matière grise s’y perdait. Guy Linster s’attacha à réformer à fonds le passage entre le primaire et le secondaire. Les oppositions étaient vives dans les milieux enseignants et la bourgeoisie. Le CSV tirait à boulets rouges contre Robert Krieps et son secrétaire d’Etat. La loi votée en 1979 qui réorganisa le passage du primaire au secondaire ne fut jamais vraiment exécutée par le gouvernement CSV-DP suivant.

La carrière politique de Guy y prit un coup. Se présentant dans la circonscription du nord, il ne fut pas élu. Disons que le système politique luxembourgeois, fondé sur la proximité, la rondeur, voire le laisser-faire, ne convenait pas à sa personnalité.

Il allait retrouver un rôle politique comme haut fonctionnaire dans les affaires culturelles et l’environnement comme dans les structures gravitant autour de ces lieux de pouvoir où son application, son expérience et son assiduité faisaient merveille.

Démocratie participative – plus qu’un slogan

Mais ce n’est là qu’un aspect de sa personnalité. Il aimait l’action locale, voilà pourquoi il était membre du conseil communal de Kopstal pendant trente ans et bourgmestre de 2005 à 2011. Il avait pas mal d’idées, mais à la différence de ceux qui ont des idées sans qu’il en sorte quelque chose, il mettait la main à la pâte. L’animation culturelle pour lui était plus qu’un discours. Il avait repris en 1963 le Centre culturel et d’éducation populaire de Luxembourg des mains de Joseph-Emile Müller et le dirigea jusqu’en 1974. Il organisa des conférences sur la littérature moderne, la peinture, les sciences. Avec la professeure Mélanie Wester il faisait vivre une bibliothèque publique avant que la commune ne s’y mette. En 1996 il initia l’asbl „Plaisir de lire“ dont est sorti entre autres le fameux „Buch am Zuch“, belle combinaison du plaisir de lire et de voyager en train. Et à l’occasion il organisa des réunions publiques à Kopstal et Bridel sur les sujets les plus divers ainsi que pas mal de visites et de débats. La démocratie participative dont on parle tellement de nos jours, il la pratiquait au lieu de la prêcher.

Tel fut Guy Linster, acteur infatigable, d’une grande gentillesse, dont la vie était au service des autres. Il forma avec Lise, son épouse, elle-même active en politique, un couple exemplaire d’engagement social et culturel.