Il faut dire que les chiffres ont de quoi alarmer: le nombre de contaminations devrait dépasser les 100.000 par jour dans l’Hexagone d’ici la fin décembre, a prévenu hier le ministre de la Santé, Olivier Véran. Mardi soir, on en était déjà, selon les statistiques officielles, à 72.832 nouveaux cas en 24 heures, et durant la dernière semaine, la moyenne quotidienne avait atteint 54.231 cas.
„Ce nouveau variant est tellement contagieux que contrairement aux précédents, qui prenaient le temps de circuler deux ou trois mois à l’étranger, il se multiplie à une vitesse telle qu’il nous arrive désormais en même temps que partout sur la planète“, a ajouté M. Véran. Même tonalité chez son collègue Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, hier à la sortie du Conseil des ministres: „La situation est critique, l’épidémie risque de repartir en trombe.“
L’angoisse semble donc être en train de gagner l’exécutif. Et ce dernier, contrairement à l’ordinaire, ne cherche plus à le cacher, au contraire: dans le contexte pré-électoral d’aujourd’hui, le pire serait sans doute pour Emmanuel Macron d’apparaître, au moment de briguer sa propre succession, comme un homme qui, par excès d’optimisme ou aveuglement, n’a pas su prendre à temps la vraie mesure de ce nouveau rebondissement de la pandémie. Ce souci est d’autant plus prégnant que ces derniers temps, le climat était plutôt, dans la France officielle comme sur les plateaux de télévision, à une sorte d’optimisme mesuré, conforté par un fort taux de vaccination.
„Rien n’est exclu“
Personne n’aurait évidemment osé assurer que la pandémie était désormais maîtrisée; mais on entendait beaucoup dire que, tout en étant plus contagieux, le variant Omicron était clairement moins dangereux dans ses conséquences. Certains allaient même jusqu’à voir dans cette multiplication de cas présumés plus bénins une condition paradoxalement favorable à une baisse sensible de l’occupation des hôpitaux, et des décès. Or la France comptait mardi 16.076 malades du Covid-19 hospitalisés; et surtout les services de soins critiques, où sont traités les patients les plus gravement atteints, en hébergeaient 3.096. Un niveau qui n’avait plus été atteint depuis le mois de mai dernier …
La perspective d’instaurer de nouvelles restrictions n’est donc plus du tout écartée, et manifestement, le pouvoir, loin d’en faire mystère, s’ingénie au contraire à y préparer les esprits. „Rien n’est exclu“, dit-on au gouvernement, car „si le virus accélère, nous accélérerons aussi“. Le texte de loi visant à transformer le passe sanitaire en passe vaccinal sera présenté dès lundi 27 décembre en conseil des ministres exceptionnel, pour lui permettre d’être soumis au Parlement le 3 janvier. Ainsi, le dispositif qui rendrait obligatoire la vaccination pour toute personne souhaitant se rendre dans un restaurant, un bar, un théâtre ou un cinéma pourrait devenir effectif dès le 15, et non plus à la fin du mois, comme le prévoyait le calendrier initial.
Etant entendu que les discussions sur l’obligation de posséder un tel passe sanitaire (la preuve d’un simple test négatif, même tout récent, ne suffisant donc plus) pour pouvoir accéder à son lieu de travail restent difficiles pour la ministre concernée, Elisabeth Borne, face à des syndicats hostiles … et à des juristes perplexes quant à ses modalités d’application par rapport au Code du travail.
Mais la question que beaucoup se posent est surtout de savoir si la France va, dans la foulée, connaître un retour des restrictions de base qu’elle a connues au début de la pandémie, et avec lesquelles certains de ses partenaires européens sont en train de renouer. Autrement dit le couvre-feu nocturne (y compris pour la soirée du 31 décembre, propice aux attroupements festifs) et, dans la journée, le confinement.
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