Née en Guyane française dans une famille de onze enfants, Mme Taubira est incontestablement une forte personnalité, qui a réussi à s’imposer par ses qualités d’intelligence et de travail, à une époque ou le fameux „ascenseur social“ de la République fonctionnait encore pour les plus méritants. Sa carrière l’a menée à l’université, au Parlement national et européen, et au gouvernement. C’est dire qu’il s’agit d’une femme estimée à gauche, et plus largement.
Pourtant, dans sa famille politique – allant des socialistes aux radicaux de gauche – elle a laissé un souvenir électoral mitigé. Car beaucoup lui reprochent d’avoir, en posant déjà, voici vingt ans, sa candidature à la présidentielle de 2002, contre toute vraisemblance et concurremment au premier ministre socialiste de cohabitation Lionel Jospin, privé ce dernier des quelque centaines de milliers de voix qui lui auraient permis de se qualifier pour le second tour à la place de Le Pen et donc peut-être de battre Chirac.
C’est bien pourquoi l’annonce d’une nouvelle candidature, certes simplement „envisagée“ à ce stade, loin de dénouer l’imbroglio de la gauche, achève – au moins pour l’instant – de l’embrouiller. „Je ne veux pas être une énième candidate de plus“, expliquait hier l’ancienne ministre, se souvenant peut-être de ce funeste précédent. Il n’empêche: si l’on ajoute son nom à la liste des postulants de gauche, les voici maintenant huit … Et les premières réactions de ses rivaux encore potentiels n’ont rien d’encourageant pour elle.
Une planche de salut pour Hidalgo?
„A quatre mois de l’élection présidentielle, [elle] poste une vidéo de trois minutes et [elle] revient dans un mois? Ce n’est pas à la hauteur des difficultés que rencontre notre pays!“, a ainsi ironisé le candidat vert Yannick Jadot, ajoutant: „Moi, je n’ai pas envisagé d’être candidat: je suis candidat.“ Il est vrai que celle qu’il a récemment battue de peu dans la primaire écologiste, Sandrine Rousseau, s’est au contraire empressée de se déclarer „ultra-contente“ de l’arrivée de Christiane Taubira dans l’arène. Et cela, curieusement, au nom de l’unité de la gauche.
Quant à Anne Hidalgo, dont la campagne présidentielle ne parvient décidément pas à séduire l’opinion, avec un score dans les sondages qui ne dépasse pas 3 à 4 pour cent des intentions de vote, elle a rebondi à sa façon sur l’annonce de Mme Taubira en proposant: „Débattons devant nos concitoyens à la télévision. Et assumons ensemble de venir présenter nos propositions, de faire émerger les convergences et les différences.“
Une option qui n’a aucune chance d’être retenue et qui tournerait d’ailleurs sans doute au désastre pour une gauche radicalement divisée sur presque tout l’essentiel. Mais qui traduit la recherche, de la part de Mme Hidalgo, d’une voie de sortie honorable de cette campagne où elle s’est engagée à la légère. Mme Taubira sera-t-elle sa paradoxale planche de salut?
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