„Arrivederci, all’anno prossimo!“Palmarès et clôture du 42e Festival du film italien de Villerupt

„Arrivederci, all’anno prossimo!“ / Palmarès et clôture du 42e Festival du film italien de Villerupt
„Il campione“ met en scène un jeune footballeur gâté et un professeur de littérature

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Aujourd’hui auront lieu les dernières projections de l’édition 2019 du Festival du film italien, qui aura donc duré 18 jours et attiré près de 40.000 spectateurs.

Par Delia Pifarotti

Le dernier film sera montré à l’hôtel de ville de Villerupt à 18.45 heures dans la grande salle des fêtes: „Tutto il mio folle amore“ (2019) de Gabriele Salvatores. Ce 19e opus du réalisateur, genre road movie, est librement inspiré du roman de Fulvio Ervas, pluriprimé: „Se ti abbraccio, non aver paura“ (N’aie pas peur si je t’enlace). Il retrace l’histoire d’un père et de son fils autiste.

Salvatores en dit: „Le voyage, la musique, les routes sans nom sont idéales pour que les émotions et les sentiments prennent leur essor. Comme le joueur de flûte ou un fou shakespearien, un garçon de 16 ans entraîne à sa suite sur des routes désertes les trois adultes les plus importants de sa vie.“ Il conclut: „Vu de près, personne n’est normal. Et on peut découvrir qu’il est possible d’aimer aussi ceux qui sont différents de nous, à condition de ne pas avoir peur de cette diversité.“ Rappelons que tous les films du festival sont toujours sous-titrés en français et que les rencontres avec les cinéastes se font en langue française.

Un palmarès très varié

A la sortie de la salle ce soir, les spectateurs seront applaudis un à un par les organisateurs et les bénévoles du festival, comme pour remercier ces gens qui ont rendu l’événement si vivant et attrayant. C’est toujours un moment émouvant, car la gratitude, teintée de fatigue, se mixe à la nostalgie du festival à peine révolu et au bonheur du festival à venir.

Au palmarès de cette année figurent des films aux genres très différents. A la soirée de remise des prix, vendredi passé, les réalisateurs ont été récompensés par les trophées Amilcar. Carlo Sidoni en a raflé bien deux pour son premier long-métrage „Sole“ (2019). Il a eu le prix du Jury et le prix des exploitants de cinéma. Les motivations exprimées mettaient notamment en valeur la maîtrise de la mise en scène et l’impact d’une œuvre forte, qui embarque du premier au dernier plan. Le film porte à l’écran le sujet délicat de la gestation pour autrui et de la kyrielle de sentiments forts qu’elle comporte à tous les niveaux. Il se développe essentiellement sur les regards des personnages et beaucoup de silences.

Un langage commun

Le public, composé de 5.000 votants, a choisi „Il campione“ (2019) parmi 17 films en compétition. Le réalisateur Leonardo D’Agostini, qui n’a pas pu se rendre à Villerupt, est intervenu par un vidéo-message: „Le but de mon film était celui d’entretenir les parents, aussi bien que les jeunes, et pourquoi pas, les faire aller au cinéma ensemble.“ Les deux personnages de son film, un jeune footballeur arrogant et gâté, qui n’en fait qu’à sa tête, et un professeur de littérature et philosophie, paumé et mal dans sa peau, ont du mal à s’entendre. Il leur faudra trouver un langage commun et apprendre à s’apprécier pour s’enrichir réciproquement.

A noter que „Nour“ (2018) de Maurizio Zaccaro est arrivé second, mais qu’il y a eu des jours où il était le premier de la course. Tourné entièrement à Lampedusa, l’île italienne où arrivent les bateaux des migrants, le film montre l’engagement du médecin Pietro Bartolo, interprété par Sergio Castellitto. La semaine passée, le public a pu échanger sur place des propos avec le Dr Bartolo et entendre de vive voix le récit horripilant de son vécu. Un autre médecin, le Dr Raphaël Pitti, qui apporte son soutien aux populations en Syrie et y développe des centres de formation aux soins d’urgence, a pris lui aussi la parole durant les rencontres au cinéma et a fait part de la cruelle réalité, dont il est témoin durant ses actions humanitaires. Rappelons qu’en 2017, Pitti a rendu son titre d’officier de la Légion d’honneur pour protester contre les conditions d’accueil des migrants et le désengagement de l’Etat face à la question.

L’Europe sous la pression des extrémismes nationalistes

Par un même souci de protestation, la poétesse polonaise d’origine juive Maria Linde, personnage principal du film „Un soir en Toscane/Dolce fine giornata“ (2019) du réalisateur polonais Jacek Borcuch, refuse le Prix Nobel de littérature et déchaîne un tollé, tant au niveau personnel qu’international. Ce film a eu l’Amilcar de la critique. Il s’agit du cinquième long-métrage de Borcuch et montre sa volonté d’analyser la peur des Européens face aux problèmes actuels, sous la pression des extrémismes nationalistes.

L’acteur Valerio Mastandrea, qui a plus de 70 films à son actif, a su conquérir les jeunes par sa première œuvre en tant que réalisateur. Ce premier long-métrage „Ride“ a eu l’Amilcar du jury jeunes et c’est le charismatique acteur Renato Carpentieri, âgé de 76 ans, qui est monté sur scène pour recevoir le trophée et l’apporter à Mastandrea, disant qu’il allait probablement le garder pour soi, car il lui plaisait bien, et que Mastandrea aurait encore bien nombre d’années pour en recevoir un autre.

Un dernier Amilcar décerné a été celui de la ville de Villerupt au producteur Angelo Barbagallo. Le choix est tombé sur un producteur et non, comme d’habitude, sur un acteur ou un réalisateur, car le métier de producteur, méconnu parfois, est tout aussi synonyme d’engagement pour le cinéma et surtout de découverte de nouveaux talents.