2018 war wieder kein gutes Jahr – eine solche Bilanz wird man, zumindest politisch gesehen, auch in den kommenden Jahren ziehen können, weil die internationalen Krisenherde durch die aktuelle Besatzung der politischen Leader eher weiter entfacht als getilgt werden. Wie sich das auf die Literatur auswirkt? Abgesehen von einer ziemlich mauen „Rentrée littéraire“ gab’s dieses Jahr einige teilweise politisch engagierte, postapokalyptische Highlights. Wir stellen eine – unvollständige, persönliche, lückenhafte – Liste von Büchern auf, die man dieses Jahr gelesen haben sollte.
Von/de/by Franck Colotte, Julien Jeusette, Jeff Schinker und Jeff Thoss
Bégaiement de l’histoire
Dans ce roman, Metin Arditi nous embarque dans une passionnante enquête sur un complot, une lettre pour laquelle on tue, une mystérieuse prophétie, vieille de cinq siècles, une dangereuse idéologie purificatrice, dont les adeptes n’hésitent pas à préparer une vague d’attentats sans précédent … Oscillant entre le XVIe et le XXIe siècle, ce récit au style enlevé nous précipite vers un inévitable questionnement: et si l’histoire bégayait jusqu’au point de non-retour? Dans ce tourbillon narratif aux nombreux rebondissements, il est question de s’opposer à tout ce qui peut mettre l’Eglise en danger ou remettre en question les textes sacrés. „Il faut anéantir les hérétiques“ … même s’il s’agit de perpétrer des attentats contre l’actuel Pape ou les „dérives vaticanes“. Fondé sur l’idée de cyclicité de l’histoire, ce livre nous rappelle que le fanatisme religieux est atemporel et qu’il faut tout mettre en œuvre pour le déjouer. fc
Metin Arditi, Carnaval noir, Grasset, 2018
La vie après l’apocalypse
Ce roman d’Antoine Wauters, jeune écrivain belge très prometteur, nous projette dans un futur post-apocalyptique où l’ancien monde (le nôtre) n’est plus qu’un vague souvenir. Le texte est bref – 80 pages – mais sa force est immense. Il nous laisse entrevoir, comme à travers le trou d’une serrure, ce à quoi pourrait ressembler le monde après la catastrophe. Laquelle? Les personnages eux-mêmes l’ignorent. Le fait est qu’il ne reste de notre société que des traces sur le point de disparaître (Notr-Dam, Coc-Cla …). Dans ce nouveau monde où règne la violence, Hardy, Marthe et les autres tentent de survivre tant bien que mal, en s’organisant en commun, sur un mode libertaire et post-individualiste. La fragilité de leurs vies n’empêche jamais la joie, qui naît de l’art et de l’amour. Original par sa forme (une série de paragraphes fragmentaires), troublant par son fond, ce texte continue de nous hanter bien longtemps après la dernière page. jj
Antoine Wauters, Moi, Marthe et les autres, Verdier, 2018
Le quotidien de la révolte
Quel titre! „Un œil en moins“ décrit la violence d’une privation dans un langage nonchalant, presque comique. Toute l’ironie du livre se situe là. La narratrice y raconte ses diverses actions politiques (manifestations, blocages d’autoroutes, aide aux migrants …), mais son récit se tient au plus loin de tout héroïsme épique. À cause de la pluie, parce que son chat est malade, Nathalie reste chez elle alors qu’elle comptait aller manifester. Ce côté absurde, ridicule parfois, de la révolte, permet de dire le quotidien de l’engagement politique, et d’en souligner l’épaisseur, la complexité. Pour Quintane, la littérature est à la fois témoignage (quelque chose a eu lieu, répète-t-elle au sujet du mouvement de révolte Nuit debout) et invitation à l’action. Comme tout grand texte, celui-ci vise à rompre nos habitudes – dans ce cas, celle qui nous colle au canapé. Sa littérature nous fait quitter la littérature. jj
Nathalie Quintane, Un œil en moins, Paris, éditions P.O.L, 2018
Violent times
For the second time in a row, a daring, innovative and, in times when literature is more and more expected to deliver immediate narrative pleasures, challenging novel was awarded the Man Booker Prize. Whereas George Saunders’s „Lincoln in the Bardo“ was above all formally stunning, Burns’s novel takes a while to get used to – characters have no real names but are merely called „third-brother-in-law“ or „maybe-boyfriend“ – and the political situation unfolds progressively, the female narrator not guiding us but rather reporting from the world she lives in – which is the violent world of The Troubles in Ireland. But once you make the effort of familiarising yourself with its quite marvellous idiosyncrasies, you get rewarded with a wonderfully written, unsettling book about an 18-year-old girl (Middle Sister) who encounters the disquieting „Milkman“, a paramilitary who detains a lot of power in the narrator’s community and therefore detains the right to harass the narrator. The novel explores psychological pressure, conflict, tribal violence, social hierarchies, and invisible threats woven into our social organisation – but the humour and literary style of the narrative voice develop a counterforce to the male aggressiveness that pervades the fictional world. js
Anna Burns, Milkman, Faber & Faber, 2018
Autopsie d’un échec amoureux
Alors que le monde s’extasie devant les autofictions teintées d’analyses bourdieusiennes d’un Édouard Louis, Grégoire Bouillier montre à lui tout seul, avec un récit long de presque 2.000 pages au cours desquelles il raconte sa vie avant, avec et après M, grande histoire d’amour pas vraiment vécue qui chamboula son existence et qui aboutit au suicide d’un mari qui, avant de se pendre, traça le nom de l’auteur en toutes lettres avec sa propre merde sur un drap marital (et oui, il y a des gens qui savent comment tuer le temps), que le genre de l’autofiction n’est pas par nécessité un exercice d’autocontemplation narcissique un peu vain mais qu’il peut aboutir, dans le cas où un trop-plein de vécu appelle à une logorrhée maîtrisée, à une œuvre littéraire qui embrasse le monde. Car chez Bouillier, ce dossier M devient le point de départ d’une œuvre totale, les soucis du moi déclenchant des observations sociétales, des réflexions d’une rare pertinence sur le soi et nos abymes, sur des séries télévisées comme Dallas, culminant par des scènes dans le Paris mondain qu’un Proust n’aurait pas réfuté dans une exploration radicale, minutieuse, patiente et documentaire d’un déraillement amoureux qui force le respect. js
Grégoire Bouillier, Le Dossier M, Flammarion, 2017 (tome 1) et 2018 (tome 2)
L’opacité du monde
Alors que ses dernières productions romanesques décevaient quelque peu du fait d’une impression de tourner quelque peu en rond, le nouveau roman d’Oster rend hommage à ces polars littéraires pour lesquels sa première maison d’édition – Minuit – est connue depuis les fictions d’Alain Robbe-Grillet ou, plus récemment, les œuvres d’Yves Ravey et de Tanguy Viel. Dès le début du roman, les errances de Paul, le narrateur, connaissent une tension latente, puisque Paul a peur qu’un certain Carl Denver au nom très américain ne soit en train de le traquer. La raison de cette hantise, qu’elle soit réelle ou imaginaire, vient de ce que Paul a pris Maud à Denver. La fuite en avant du narrateur qui suit permet à Oster d’écrire une sorte de polar qui reflète aussi le désemparement métaphysique du narrateur. L’on y trouve de formidables personnages qui en ont marre de se battre avec l’opacité et les mystères d’un monde qui s’avère très peu loquace, d’un monde où règnent la muette solitude et la tout aussi muette mortalité, qu’Oster contrebalance avec un style laconique, parfois drôle. js
Christian Oster, Massif central; Editions de l’Olivier, 2018
Empathie in Zeiten der Kulturkämpfe
Der Vorwurf der kulturellen Aneignung steht im aktuellen gesellschaftspolitischen Klima schnell im Raum. Da scheint es bequem, seinen literarischen Stoff ausschließlich aus der eigenen Lebenswirklichkeit zu beziehen. Im ersten Teil ihres Debütromans tut Lisa Halliday genau das und erzählt von der Affäre einer jungen New Yorkerin mit einem Philip Roth sehr, sehr ähnlichen Schriftsteller. Aber dann folgt ein Bruch und wir lesen von den Erfahrungen einer kurdisch-amerikanischen Familie während des Irak-Konflikts. Den Zusammenhang stiftet die Literatur, der hier die Fähigkeit zugesprochen wird, die asymmetrischen Verhältnisse dieser Welt – ob zwischen westlichem Wohlstand und nahöstlichem Elend oder zwischen jungen Frauen und alten Männern – wenn nicht zu überwinden, so doch zumindest besser verstehbar zu machen. Asymmetry war 2018 das beste Plädoyer dafür, das Potenzial erzählerischer Empathie in den Wirren der gegenwärtigen Kulturkämpfe nicht zu vergessen. jt
Lisa Halliday, Asymmetry, Granta Books, 275 Seiten, 12,99 £
De Maart
Usechtssaach. Jiddenfalls net meng Usecht.