Les manifestations rappellent à l’Inde que rien n’est réglé au Cachemire

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Les violences, qui ont fait quelque vingt morts ces derniers jours dans la partie indienne du Cachemire, rappellent que le processus de paix entre l'Inde et le Pakistan n'a pas réussi à calmer les frustrations des musulmans de la région.

Les violences, qui ont fait quelque vingt morts ces derniers jours dans la partie indienne du Cachemire, rappellent que le processus de paix entre l’Inde et le Pakistan n’a pas réussi à calmer les frustrations des musulmans de la région. Ces derniers espèrent que les récentes manifestations massives contraindront New Delhi à admettre qu’il n’a pas gagné – en dépit de ce qu’il affirme – les „âmes et les coeurs“ dans la partie sous son contrôle de ce territoire himalayen contesté.
„Les protestations sont une manifestation d’une colère due au fait que le processus de paix ne semble pas avoir résolu quoique ce soit“, explique Noor Ahmed Baba, professeur de sciences politiques dans la principale université du Cachemire indien.
„Il n’a pas répondu aux inquiétudes des Cachemiris, qui veulent voir la fin de l’incertitude et la résolution du différend au Cachemire“, ajoute-t-il. „Ces manifestations sont graves et doivent servir de signal d’alarme“. En 2003, l’Inde et le Pakistan ont conclu un cessez-le-feu le long de la très militarisée Ligne de contrôle qui traverse le Cachemire, région dont ils contrôlent chacun une partie mais en revendiquent la totalité. Un an plus tard, les deux voisins, tous deux puissances nucléaires, avaient lancé un processus de paix qui s’est avéré extrêmement lent. Les Cachemiris moyens doivent donc continuer à vivre avec une présence militaire et paramilitaire indienne massive, visible quasiment sur chaque route, à chaque coin de rue. Les forces de sécurité indiennes sont régulièrement accusées de brutalités et plusieurs soldats ont récemment été accusés d’avoir assassiné des civils en les faisant passer pour des militants islamistes dans le but d’obtenir des primes et des promotions. L’Inde, déjà réticente à admettre la simple existence d’un différend au Cachemire, semble loin d’envisager de lui accorder une quelconque autonomie. Les plus récentes manifestations, au cours desquelles environ 20 personnes ont été tuées par des tirs policiers en deux jours, ont été déclenchées par une décision du gouvernement de l’Etat du Jammu et Cachemire d’allouer des terrains à des pèlerins hindous. Face à la colère des musulmans, les autorités étaient revenues sur leur décision, déclenchant en conséquence le courroux des hindous dont certains ont attaqué des musulmans et bloquent la route entre Srinagar et Jammu, la capitale d’hiver du Cachemire indien. Lundi et mardi, des manifestations de musulmans contre ce blocus, qui menace de ruiner des producteurs de fruits, ont été réprimées à balles réelles par la police indienne.
„Les tirs contre les manifestants démontrent le deux poids-deux mesures des Indiens (…) Ils aiment tuer des Musulmans“, a estimé Showet Ahmed, étudiant et manifestant cachemiri. „Après ces tirs nous avons perdu le peu d’amour que nous avions pour les Indiens“, a ajouté Haleema Akhter, femme au foyer, alors que des témoins ont rapporté que la police indienne avait battu des manifestants blessés dans des ambulances.
Le Cachemire traverse depuis deux mois l’une des plus graves crises depuis le lancement en 1989 d’une insurrection séparatiste anti-indienne, récupérée par des islamistes et qui a fait au moins 43.000 morts, faisant craindre la fin d’années de calme relatif consécutif au processus de paix. „Les manifestations grandissantes en faveur de la liberté vont relancer la lutte pour la liberté“, se réjouit ainsi Syed Ali Geelani, un séparatiste radical.
„Nous assistons à une renaissance du mouvement séparatiste au Cachemire, qui était au point mort“, confirme Tahir Mohiudin, rédacteur en chef de Chattan, un influent hebdomadaire ourdou. „Tirer sur des civils désarmés va éloigner la population un peu plus et servir la cause séparatiste“.