Première république indépendante noire (1er janvier 1804) à un moment où l’Amérique cherchait encore à se dépêtrer de l’esclavagisme, Haïti n’a jamais su tirer profit de son statut. Mal conseillée, mal guidée, mal servie par les puissances alentours, la petite république a subi des malheurs successifs par vagues.
Rappelons-nous, au siècle dernier, c’est-à-dire hier, le sinistre règne de la famille Duvalier père et fils avec leurs hordes de „tontons macoutes“ assassins-violeurs-voleurs qui ont saigné la population.
Dire qu’aujourd’hui encore, alors que la France dépêche sur place soldats et assistance médicale, „Baby Doc“ et les siens coulent des jours tranquilles dans le Midi, leur fortune bien à l’abri! Même leur palais d’antan fut de pacotille et s’est évanoui à la première secousse …
A Haïti, la grande majorité des gens vivent dans des conditions misérables. Ils disposent d’à peine un dollar par jour pour se nourrir, l’espérance de scolarisation pour les enfants est de 12%. Port-au-Prince est construit sur un terrain instable, aucune norme séismologique n’y est respectée, personne ne se soucie de l’habitat précaire des familles haïtiennes dont beaucoup se nourrissent exclusivement d’une espèce de pain d’argile pour juste survivre. Végéter en somme.
Un scandale ambiant
Peu ou prou de structures politiques, économiques et administratives, une succession de présidents faibles, une montée croissante de la criminalité et notamment de la délinquance en bandes nées des chimères du prêtre-président Jean-Bertrand Aristide: tel est le lot de cette île qui se réclame de la francophonie aux portes des USA.
Aujourd’hui, aux vus du désastre, toute aide est indispensable. Mais au-delà, il convient de s’interroger pourquoi la „perle des Antilles“, Ayiti = la terre des hautes montagnes, est devenue en deux siècles l’Etat le plus pauvre du continent américain.
On aurait pu croire, après les crises politiques, les cyclones, les émeutes de la faim, qu’une certaine normalisation était possible. Ce fut en 2009 quand les principaux bailleurs de fonds internationaux annulèrent leurs dettes, quand la production agricole s’est améliorée, quand les exportations textiles ont repris et que les récoltes abondantes ont abaissé le nombre des habitants en situation „d’insécurité alimentaire“ de 3,3 millions à 1,9 million.
C’était sans compter avec les dégâts de la crise financière internationale et sans ce tremblement de terre qui conforte les Haïtiens dans l’idée d’une malédiction sans fin.
Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations Unies et Hillary Clinton, secrétaire d’Etat américaine ont récemment visité le pays et décidé d’agir conjointement pour une stabilisation, après la destitution, en octobre dernier, de la présidente Michèle Pierre-Louis, remplacée par Jean-Max Bellerive. D’ailleurs, jusqu’avant-hier, 7.000 militaires et 2.000 policiers onusiens s’activaient sur place.
Il ne faudrait pas, après l’urgence totale, après l’incommensurable, que tout reparte ensuite comme avant. Haïti doit désormais s’inscrire sur la liste des priorités absolues des pays à secourir et à reconstruire.
Peut-être faut-il souligner dans ce contexte la réaction ultra-rapide des mesures prises par la Chine, tant en termes d’aide financière que de secours envoyés à Port-au-Prince et espérer que cette grande puissance de demain s’impliquera dans le processus. D’autant qu’elle assume la présidence du Conseil de sécurité de l’ONU.
Tout un chacun a besoin de perspectives pour continuer à vivre. Les Haïtiens plus encore que quiconque.
Danièle Fonck
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