Et voilà que Georgios Papandréou, le nouveau premier ministre, joue la transparence, et l’on découvre le pot aux roses: un déficit de plus de 12% du PIB. Mais est-ce si astronomique que ça?
En Europe, la Grande-Bretagne vouant un culte au refus de l’euro n’est point mieux lotie. Sans parler de l’Italie, de l’Espagne, etc. La Grèce n’est donc pas le seul pays de l’Union pris dans la tourmente. Alors pourquoi est-elle seule à être pointée du doigt aujourd’hui?
Pourquoi devrait-elle être en faillite – si tant est qu’un pays peut l’être – plus qu’un autre Etat membre, de la zone euro ou non? Est-ce parce que, contrairement à d’autres pays de l’UE, on ne la croit pas capable de se sortir du marasme? Qui serait alors cet „on“?
Les spéculateurss’en donnent à coeur joie
C’est en tout cas ce que pensent les parieurs professionnels que sont les spéculateurs de tout poil, hedge funds en tête. Ils croient déceler, au sein de la zone euro, le maillon faible, et sont tentés de jouer au casino. Pour ces manipulateurs du système financier, la seule religion c’est le gain, l’argent facile. Qu’ils puissent faire vaciller des Etats entiers, ne les préoccupe guère. Ne spéculent-ils pas ailleurs avec des aliments de base, condamnant à mort des millions d’êtres humains? Dans le système capitaliste globalisé, ils se sentent comme des requins dans l’eau.
A peine ont-ils reniflé une proie nouvelle qu’ils se mettent à sévir. La dette grecque leur semble un appât de rêve. Ils parient donc que, dans un premier temps, les assurances contre les risques de non remboursement de la dette vont s’effondrer avant de remonter. Il suffit d’acheter et de revendre au bon moment ces produits financiers et l’on s’enrichit en moins de deux de quelques milliards.
Comme aux courses ou au casino ou en bourse, le pari peut ne pas fonctionner. Qu’importe. Ce sera pour une autre fois. Ou ailleurs. Auprès d’un autre maillon. Partout il y a de l’argent à faire. Voilà pourquoi, au lieu de donner des leçons à la Grèce et de secouer la tête devant tant de laxisme budgétaire, l’Union européenne serait bien avisée de soutenir résolument tout pays en difficultés. Imposer seulement une cure d’amaigrissement, avec les mesures impopulaires d’austérité que cela implique, risque de doubler la crise financière d’une déflagration sociale.
Les salariés grecs, qu’ils soient du secteur public ou privé, ne voient en effet pas, et ils ont raison, pourquoi ce serait à eux de payer les pots cassés.
Or, le sommet de Bruxelles du 11 février dernier n’a pas accouché de grand-chose. Avec ses nombreuses têtes qui la paralysent, l’Union européenne a fait comme si la crise grecque était une affaire intérieure de laquelle on ne se mêle pas trop.
Du coup, l’euro que la Grèce a adopté est mal en point. A la grande joie des spéculateurs. Voilà déjà qu’ils aiguisent leurs dents pour faire main basse sur de nouvelles proies. A qui le tour, après la Grèce?
Danièle Fonck
[email protected]
De Maart
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