Mittwoch5. November 2025

Demaart De Maart

La langue dela discorde

La langue dela discorde

Jetzt weiterlesen!

Für 0,99 € können Sie diesen Artikel erwerben:

Oder schließen Sie ein Abo ab:

ZU DEN ABOS

Sie sind bereits Kunde?

Les langues, en principe, devraient servir à la bonne communication entre les gens. En Belgique, elles sèment la zizanie. Les bisbilles entre francophones et néerlandophones ne datent pas d’hier. Longtemps économiquement forte, la riche Wallonie s’est complue à regarder d’un œil plutôt dédaigneux la Flandre. Mais le vent a tourné avec la crise de l’acier...

L’idée que tous deux ont vécu et vivent encore dans un même pays où la solidarité devrait aller de soi est, comme en Italie, où, sous l’impulsion du populisme, le Nord ne veut plus venir en aide au Sud, de moins en moins répandue chez notre voisin. A tel point que, et cela est nouveau depuis quelques années, l’unité du pays n’est plus un tabou.

Du côté flamand surtout, où des partis peu soucieux du bien-être du peuple font leurs choux gras en misant sur un nationalisme musclé. Et, politiquement, comme toute propagande populiste de nos jours, ça paie! S’il devait y avoir des élections aujourd’hui au royaume des Belges, et cela est fort probable après la démission du gouvernement Leterme bis, les partis indépendantistes flamands feraient un tabac.

D’après les sondages, pas loin d’un Flamand sur deux est en faveur d’une scission de la Belgique. Les escarmouches et batailles livrées sur tous les fronts ont porté leurs fruits dans les têtes des électeurs.

Le tout est de vouloir

Que dans la querelle, la question linguistique joue un rôle majeur n’est pas étonnant en soi. Jadis, la bourgeoisie flamande se faisait un honneur de parler français, c’était en quelque sorte son image de marque. Du côté wallon cependant, jamais on ne se serait abaissé à baragouiner le flamand. Cela n’a pas empêché, autour de Bruxelles, ville enclavée, rappelons-le, en terre flamande, les francophones et les néeralandophones de se mélanger dans bon nombre de communes et d’y faire se côtoyer les deux langues.

Ainsi en est-il, par exemple, du district Bruxelles-Hal-Vilvorde. Tout ce qui s’y dit et s’y écrit officiellement est censé être bilingue. Géographiquement, on se trouve en Flandre, les panneaux routiers le rappellent, mais plus de 130.000 francophones vivent dans cette banlieue flamande de Bruxelles. Et jusqu’ici, ils avaient, administrativement parlant, le droit à leur langue. Un droit ne plaisant guère aux politiques flamands qui, au nom de l’homogénéité territoriale, revendiquent désormais également la linguistique. C’est la goutte qui a fait déborder le vase. En menaçant de vouloir passer en force, le parti libéral flamand, l’Open VLD, a provoqué la chute du gouvernement.

La Belgique, secouée plus que ses voisins par la crise économique, n’avait pas besoin de cela. D’autant plus que, davantage encore que le choc communautaire de 2007 et 2008 qui avait menacé d’implosion le pays, cette fois-ci on voit mal comment endiguer la marche vers l’indépendance rampante de la Flandre. Dans tout cela, la position du roi Albert II, jadis garant absolu de l’unité, est devenue assez fragile. Que décidera-t-il? De nommer un nouveau formateur de gouvernement? Mission quasi impossible, étant donné la crispation des camps. Reste alors la carte d’élections anticipées.

Avec le danger de renforcer les partis les plus durs. Quoi qu’il en soit, cette nouvelle crise, bien plus aiguë que les précédentes, tombe très mal. Au 1er juillet, la Belgique s’apprête à présider l’Union européenne. Une Union qui aurait besoin d’une présidence forte, tant elle aussi est prise dans une tourmente autrement dévastatrice qu’une querelle linguistique.

Danièle Fonck
[email protected]