Dienstag11. November 2025

Demaart De Maart

Un débat de fond

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Ah, les neiges d’antan! Jadis, nos ancêtres ont décidé de construire un stade de football connu aujourd’hui sous le nom de Stade Josy Barthel. Ils estimaient, en toute simplicité et avec pragmatisme, que cet investissement était dans l’intérêt général.

C’est donc dans la prolongation de cette décision lointaine qu’il faut situer la discussion farfelue autour du stade de Livange.

Logo" class="infobox_img" />Danièle Fonck [email protected]

Le débat sur le rôle de l’Etat et celui du secteur privé est un processus en marche. Or, il semblerait qu’à Luxembourg, les politiques de premier plan succombent au modernisme ambiant qui consiste à laisser faire le privé sans discussion préalable, à croire qu’il y aurait consensus sur cette démarche. On a l’impression que le seul réflexe fut celui d’un cadre financier et non d’un dirigeant politique, bref, qu’on a décidé de refiler le bébé à un promoteur privé avec l’argument qu’on fait ainsi quelques petites économies.

Mais les choses ne sont pas aussi simples, même en période de soubresauts économico-financiers. Regardons d’un peu plus près.

Dirons-nous demain à des sociétés privées de construire les bâtiments scolaires, de la maternelle à l’université, laissant ainsi des personnes individuelles dont l’unique vocation est de gagner de l’argent, décider librement du concept éducationnel, sachant qu’un immeuble façonne ceux qui y vivent, travaillent, réfléchissent? Demanderons-nous aux Mittal, Vinci et Cie de construire nos ponts et nos routes et à des fonds de pension de gérer notre alimentation en eau, en électricité, bref, de tout faire pour que l’Etat a minima soit la règle?

Et quid des services, c’est-à-dire des retraites et des systèmes de santé?

Preuves à l’appui

Les modèles du tout privé ou presque existent, et de tout temps, ils ont eu leurs défenseurs. La pratique montre toutefois que là où l’Etat s’est retiré, rien ne va plus. Il suffit de regarder l’état des chemins de fer britanniques, celui des hôpitaux de sa gracieuse majesté ou encore les problèmes de l’alimentation énergétique en Californie. On aura vite compris que le dividende est privilégié par rapport à l’intérêt de la collectivité nationale et que l’enrichissement des actionnaires se fait sur le dos des plus faibles.

Les tendances à la privatisation venant des Etats-Unis sont devenues un phénomène paneuropéen et il faut croire que nos politiques succombent peu à peu à cette démarche rampante. D’où l’urgence d’une réflexion de fond sur le rôle de l’Etat, réflexion qui exige la participation de tous avec, à la clé, un consensus national.

Les seuls qui puissent se permettre un Etat minimal sont les très riches. Chacun sait qu’ils ont de l’argent, des relations, les hôpitaux privés, leurs pontes de la médecine, l’accès à la recherche appliquée pointue, l’assurance d’être protégés quoi qu’il arrive. Et tous les autres, les 98% des citoyens du pays et de la planète?

Une des raisons du bien-être relatif du Luxembourg découle du fait que l’Etat a toujours su assumer son rôleet son refus d’abandonner l’essentiel („the essentials“) au privé. Faudrait-il revenir sur ce précieux acquis sous principe que l’Etat serait passé de mode dans l’esprit de certains „think tanks“.

Le grotesque spectacle qu’est justement le débat sur Livange illustre oh combien le bât blesse.

Bon sang, quel cirque!

Qu’on en finisse.