Dienstag11. November 2025

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VilleruptRencontre avec l’actrice Barbara Ronchi et le palmarès 2025 lors du Festival du film italien

Villerupt / Rencontre avec l’actrice Barbara Ronchi et le palmarès 2025 lors du Festival du film italien
L’actrice italienne Barbara Ronchi était invitée au Festival du film italien de Villerupt Photo: Cinemio, CC BY 3.0, via Wikimedia Commons

L’actrice de cinéma, de théâtre et de télévision Barbara Ronchi a été l’invitée de marque du second weekend du Festival du film italien de Villerupt: Elle fait partie de ces actrices italiennes dont la présence à l’écran allie intensité et simplicité authentique. Elle s’est confiée au Tageblatt sur son parcours, ses choix, ses personnages.

Tageblatt: Avant d’embrasser le métier d’actrice, vous avez fait des études en histoire et archéologie. Où avez-vous fait des fouilles et en quoi l’archéologie est-elle encore présente dans votre vie?

Barbara Ronchi: J’ai passé trois mois au nord-est du Brésil sur des fouilles préhistoriques et paléontologiques, liées à la mégafaune. On y trouvait les ossements fossiles des animaux et des traces humaines, comme des pointes de lances. Mais, à part mon amour pour l’histoire, l’archéologie ne fait plus partie de ma vie à présent.

Vous aviez aussi la passion pour le théâtre. A quel moment avez-vous décidé d’entrer à l’Académie nationale d’art dramatique Silvio d’Amico?

Très tard, à 22 ans. Il est vrai que toute petite, je m’amusais en famille à faire des jeux de rôle, des petits spectacles avec déguisements, mais c’était un jeu. Je ne savais pas qu’on pourrait en faire un vrai métier. J’ai fréquenté les laboratoires de théâtre durant toute ma scolarité, depuis l’école primaire jusqu’à l’université. La passion était grandissante, mais je ne savais pas comment m’y prendre pour en faire mon métier. Un jour, des personnes de l’Académie m’ont vue jouer et m’ont demandé: „N’as-tu jamais pensé à devenir actrice?“ et m’ont parlé de l’Académie, dont j’ignorais l’existence. Et c’est là que j’ai entamé le chemin qui a fait de ma vocation mon travail.

Ronchi dans „L’Enlèvement“ (2023) de Marco Bellocchio
Ronchi dans „L’Enlèvement“ (2023) de Marco Bellocchio Photo: Anna Camerlingo/Source: imdb.com

Après une longue série de castings peu fructueux, c’est Marco Bellocchio qui vous repère pour un second rôle dans „Fais de beaux rêves“. D’autres films ont suivi. Comment décrivez-vous vos expériences de tournage avec Bellocchio?

Je suis convaincue, que tous les rôles sont importants, qu’ils soient grands ou petits. C’est ce que je dis toujours aux jeunes qui veulent devenir comédiens. Ils doivent persévérer et ne pas se laisser abattre par des refus ou des rôles apparemment insignifiants. Pour moi, ce fut ainsi. Travailler avec Bellocchio est magnifique. C’est un grand réalisateur qui aime les acteurs, c.-à-d. il les laisse libres d’explorer, de développer leur propre imagination. Il fait cela durant les auditions, où il crée le personnage ensemble avec l’acteur. Ensuite, sur le plateau, l’acteur est libre de jouer, car le personnage est déjà défini. Bien sûr, Bellocchio intervient quand il le faut, mais il respecte beaucoup la liberté expressive de chacun.

Depuis quelques années, vous recevez plein de prix importants, dont le „David de Donatello“ en tant que meilleure actrice pour „Settembre“ de Steigerwalt et des nominations prestigieuses. Où gardez-vous ces prix?

Chez moi, dans mon studio et j’en suis fière, car ils me montrent que mon travail est vu et apprécié. Mais je ne fais pas ce beau métier pour recevoir des récompenses, vous vous en doutez. Quand j’ai fini un film, je me tourne vers le suivant. J’aime beaucoup la phase de préparation d’une nouvelle histoire.

En fonction de quoi choisissez-vous de jouer dans un film?

Les critères sont divers, mais le plus important est l’histoire. Elle doit m’émouvoir, m’intriguer, m’amuser ou me donner de la matière à y travailler dessus. Le réalisateur ou la réalisatrice et les partenaires de jeu comptent tout autant.

Barbara Ronchi

Depuis ses débuts sous la direction de Marco Bellocchio, qui l’a révélée au grand public avec „Fais de beaux rêves“ (2016), Barbara Ronchi s’est imposée comme l’une des figures les plus justes et sensibles du cinéma italien contemporain. Surprenante dans „Settembre“ (2022) de Giulia Louise Steigerwalt, bouleversante dans „L’Enlèvement“ (2023) de Marco Bellocchio, discrète et comique dans la série „Imma Tataranni, substitut du procureur“ de Francesco Amato, Barbara Ronchi rayonne par son talent et sa douceur.

Parvenez-vous à quitter un personnage une fois rentrée chez vous?

Durant la phase de préparation, non, car mes pensées sont occupées à construire le personnage, à le définir, à le faire vivre à travers mon interprétation. Mais dès que nous tournons, je sépare ma vie professionnelle de ma vie privée, à laquelle je ne veux rien ôter. Mon fils et mon partenaire ont le droit d’avoir une mère et une compagne présente et dans sa propre peau. Dans „Les Amandiers“ de Valeria Bruni Tedeschi, film et réalisatrice que j’adore, le majordome fait comprendre aux aspirantes actrices que si elles veulent entrer dans la vie des autres, elles perdront la leur! Voilà, c’est le risque du métier. Personnellement, je pense que par ce métier on apprend à observer la vie des autres avec plus de lucidité, au point de connaître mieux soi-même. De chaque personnage, il reste une trace en nous, comme une histoire qu’on a vécue, un voyage qu’on a fait, mais ensuite, il faut passer à autre chose.

Une actrice du passé vous a-t-elle particulièrement marquée?

Oui, absolument, c’est la grande Anna Magnani. De „Roma, città aperta“ de Roberto Rossellini à „Bellissima“ de Luchino Visconti et tant d’autres, elle était extraordinaire. La première actrice non-anglophone à remporter un Oscar! C’était en 1956 pour le film „La Rose tatouée“. Je regardais ces films avec ma mère et ce sont ces grands classiques qui ont façonné mon éducation sentimentale cinématographique. Elle était une dame si forte et orgueilleuse, mais aussi divertissante. Elle me faisait rire et puis pleurer et rire à nouveau! Sa vie privée était spéciale aussi. J’aurais bien voulu la connaître.

48e édition du Festival du film italien de Villerupt

La 48e édition du Festival du film italien de Villerupt se terminera ce soir et c’est le tout nouveau film de Riccardo Milani „Così va la vita“ qui la clôturera. La cérémonie de remise des trophées Amilcar aux films en compétition a eu lieu vendredi passé à l’Arche. Le palmarès de cette édition est le suivant: „La Vita da Grandi“ de Greta Scarano, prix du jury; „Pompei, sotto le nuvole“ de Gianfranco Rosi, prix de la critique; „Ciao, Bambino“ d’Edgardo Pistone, prix du jury jeunes; „Pile ou face“ d’Alessio Rigo de Righi et Matteo Zoppis, prix des professionnels; „Diamanti“ de Ferzan Ozpetek, prix du public. Le réalisateur Andrea Segre, présent en salle, a reçu l’Amilcar de la Ville de Villerupt et pour couronner l’hommage rendu au réalisateur Marco Bellocchio, un Amilcar du festival lui a été remis par le biais de son fils Pier Giorgio, acteur et producteur.

A propos des Oscars: un des films, dans lequel vous jouez et qui a gagné l’Amilcar du public l’année passée au festival de Villerupt est „Familia“ de Francesco Costabile. Il a été choisi pour représenter l’Italie dans la catégorie „Meilleur film international“ aux Academy Awards en 2026. Que met-il en lumière?

La violence domestique, qui détruit les femmes, mais aussi les enfants. Dans l’histoire, le fils tue son père pour protéger sa mère et son petit frère. C’est inspiré d’un fait réel, raconté dans l’autobiographie „Non sarà sempre così“ de Luigi Celeste. A l’époque des faits, au début des années 90, n’existaient pas encore les lois contre les violences conjugales et le harcèlement. Le titre „Familia“ est un terme latin et évoque le contrat de domination, par lequel une famille est liée. Dans la Rome antique, les membres de la famille étaient des choses appartenant au pater familias. C’est cette mentalité patriarcale qui est difficile à éradiquer, malgré les progrès de la justice.

Pour terminer sur une note plus légère: quel est l’ingrédient qui fait que la série télévisée „Imma Tataranni, substitut du procurateur“, arrivée à la quatrième saison, engendre de la bonne humeur, malgré la rigueur des enquêtes policières?

Le secret, c’est que les personnages sont tellement bien écrits, qu’il en résulte une comédie. Ils ont tous une vie assez chaotique, pleine de problèmes, mais ils affrontent tout avec humour, plutôt qu’avec désespoir. Tous ensemble, ils forment une vraie comédie humaine et c’est pour ça qu’on s’y attache, qu’on rit, qu’on s’émeut.