Sonntag21. Dezember 2025

Demaart De Maart

Forum de Robert StollLa Palestine: Les solutions à un seul ou à deux Etats – deux dystopies?

Forum de Robert Stoll / La Palestine: Les solutions à un seul ou à deux Etats – deux dystopies?
  Photo: AFP/Bashar Taleb

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Le 29 novembre 1947, l’ONU approuve la Résolution 181 et le „Plan de partage“ qui propose de diviser la Palestine en deux Etats séparés, l’un pour les Juifs, l’autre pour les Arabes. Les Palestiniens refusent de renoncer à un territoire qu’ils habitent depuis des siècles.

Dr Robert Stoll (MA Philosophy and Economics à l’Oxford University; MBA, INSEAD; DBA, BSI et Université Jean Moulin Lyon 3) est chef d’entreprises depuis 1974
Dr Robert Stoll (MA Philosophy and Economics à l’Oxford University; MBA, INSEAD; DBA, BSI et Université Jean Moulin Lyon 3) est chef d’entreprises depuis 1974

En revanche, les Juifs approuvent le plan de partage. Conscients de la supériorité de leurs milices – Haganah, Irgoun, Palmach et Stern – ils recourent aux armes, occupent les terres palestiniennes et en chassent les occupants. Lors de la „Nakba“ („catastrophe“ pour les Palestiniens) de 1948, ils démolissent 500 localités et en expulsent ou massacrent 1.000.000 d’habitants.

Le 5 juin 1967, Israël attaque l’Egypte, la Syrie, l’Irak et la Jordanie et remporte la Guerre des Six Jours. Depuis lors, il occupe toute la Cisjordanie, la bande de Gaza, et les hauteurs du Golan.

Les terrorismes palestiniens et israéliens

Depuis 77 ans de nombreux actes de terrorisme, tant palestiniens qu’israéliens se succèdent. Aujourd’hui, l’opinion publique mondiale se focalise sur la barbarie de l’attaque du 7 octobre 2023 par le Hamas avec meurtres et prises d’otages. Mais de plus en plus, elle est tout aussi horrifiée par les bombardements des forces israéliennes sur Gaza et les boucheries qui dépassent les 60.000 morts – la plupart des femmes et des enfants. Les crimes de guerre – telles que l’utilisation de la famine comme arme – sont dénoncées par la Convention de Genève de 1949.

Sur 34 pages avec 321 notes de pied de page, Francesca Albanese, Rapporteuse spéciale de l’ONU, détaille en octobre 2024 les actes israéliens en Cisjordanie comme dans la bande de Gaza. Elle n’hésite pas de les qualifier d’apartheid et de génocide.

Les organes israéliens – Gouvernements, Knesset, armée – sont sévèrement condamnés par d’innombrables résolutions de l’ONU, par la Cour internationale de Justice et par la Cour pénale internationale.

Manifestement, les atrocités commises par les deux camps – israélien comme palestinien – ne servent que les intérêts des extrémistes fanatiques de chaque côté. Elles perpétuent une radicalisation des deux ethnies.

Quelles sont les grandes lignes de deux propositions politiques envisagées pour sortir de l’impasse?

La Solution à un seul Etat (SSE): étendue géographique

Pour les Sionistes, la Palestine comprend au minimum tout le territoire de l’Israël d’aujourd’hui et de la Cisjordanie.

Mais Benjamin Netanyahou et son parti, le Likoud aspirent à ce que „Eretz Israël“, s’étende jusqu’à de prétendues limites bibliques. Ils n’en ont jamais défini les frontières.

La Solution à deux Etats (S2E): étendue géographique

Le 22 novembre 1967, la Résolution 242 de l’ONU, confirmée par la CIJ, exige qu’Israël se retire de tous les territoires conquis par agression – donc illégalement – lors de la Guerre des Six Jours. Israël serait alors limité par les frontières reconnues internationalement depuis 1948 et les Palestiniens pourraient constituer un Etat indépendant dans les territoires libérés.

De même, le principe „Land for peace“, convenu à Camp David en 2000, signifie qu’Israël se retirera des territoires arabes occupés et que simultanément les Arabes feront la paix avec Israël.

S2E – Les chances

Dès le Sommet Arabe de 1982, l’OLP accepte la S2E.

La Ligue Arabe propose en 2002 son „Initiative de Paix Arabe“ ; en contrepartie d’une S2E, celle-ci promet la reconnaissance d’Israël par tous les Etats arabes.

L’article 20 de la nouvelle Charte du Hamas de mai 2017 stipule explicitement: „ … le Hamas envisage la création d’un Etat palestinien pleinement souverain et indépendant … sur le modèle du 4 juin 1967…“. Par réduction logique, ce renoncement implique que le Hamas reconnaît l’Etat israélien.

Cette „Realpolitik“ est confirmée par de nombreux mandataires arabes, tels que le Dr Mahmoud Ramahi du Conseil législatif palestinien: „Nous avons dit clairement qu’Israël est un Etat qui existe…“.

Dans le sillage d’Emmanuel Macron, depuis peu Ursula von der Leyen, Keir Starmer et peut-être même Olaf Scholz ainsi que Friedrich Merz se rallient à la nécessité de reconnaître formellement l’Etat de Palestine – un prélude important à la S2E.

Aujourd’hui, le Hamas semble prêt à quitter le pouvoir à Gaza, à abandonner les armes et à libérer les otages. Seule condition: obtenir des garanties sérieuses pour une Palestine véritablement souveraine, et donc très différente de tout Etat-marionnette sous la tutelle d’Israël.

Sous différentes formes, de très importantes voix juives se déclarent en faveur d’une S2E:

– Des NGO, telles que B’Tzselem, Jewish Call For Peace, Peace Now, Physicians for Human Rights …

– Les professeurs Jeffrey Sachs, Noam Chomsky, Norman Finkelstein …

– La rabbine Delphine Honfleur

– Les anciens PM israéliens Ehud Barak et Ehud Olmert

– L’ancien Chef d’état-major israélien

– Les documentaristes de « Israelism » et de « No Other Land »

Uval Noah Harari dénonce le désastre spirituel d’un nouveau Judaïsme basé sur la suprématie raciale et le culte de la force et de la violence.

David Grossman déplore: „Mon peuple s’égare dans cette violence interminable.“

Amos Goldberg, spécialiste de l’Holocauste, constate: „Ce qui se passe à Gaza est un génocide…“. Il rajoute: „Un climat radical de déshumanisation des Palestiniens règne dans la société israélienne à un point que je ne peux me rappeler en 58 ans de vie ici.“

Peut-on espérer un sursaut moral de la part des citoyens israéliens?

S2E – Les obstacles

Pour Ilan Pappé et Gideon Levy, la S2E n’est plus réalisable, car l’expansion massive des colonies israéliennes en Cisjordanie, peuplées de 700.000 juifs, aurait créé un fait accompli irréversible.

Depuis les élections de 1996, Benjamin Netanyahou proclame que „Du fleuve à la mer, il n’y aura que la souveraineté d’Israël“. En mars 2015, il déclare qu’il n’y aura pas d’Etat palestinien tant qu’il restera au pouvoir. A la traîne des ministres les plus extrémistes, comme Itamar Ben-Gvir, Bezalel Smotrich ou Israel Katz, la Knesset plénière vote le 23 juillet 2025 l’annexion de la Judée-Samarie et à la vallée du Jourdain.

Seuls les Américains sont capables d’arrêter le militarisme d’Israël en lui retirant les fournitures d’armes ainsi que les soutiens politique et financier. Mais Netanyahou se vante d’avoir informé les USA qu’il s’oppose à un Etat palestinien dans tout scénario après la guerre. Et Donald Trump semble s’en accommoder.

La conclusion

Tant que le gouvernement israélien actuel se maintiendra au pouvoir, une S2E restera un projet utopique et la SSE actuelle persistera.

Mais on ne pourra qualifier cette dernière de dystopie. En effet, il ne s’agit pas de fiction, mais au contraire d’une horreur bien réelle découlant d’une idéologie apartheid.

Les trois derniers mots

Quand on demande à Amos Goldberg à quoi il s’attend pour les prochaines années, il répond: „Du sang! Du sang! Du sang!“.