„Mais que nous veulent les frontaliers? Ils ne sont jamais contents alors qu’ON leur donne du travail!“
Ces phrases, on les entend souvent au Luxembourg. À chaque fois qu’on défend les intérêts des travailleurs frontaliers ou qu’on prend position en faveur des communes frontalières. Qui est ce ON ? Le ON, c’est le secteur privé, ce sont les entreprises, alors que c’est l’État qui engrange les impôts!
Ce Livre blanc dresse le chemin parcouru par le Luxembourg depuis plusieurs décennies qui a abouti à l’omniprésence du travail frontalier que nous connaissons aujourd’hui. Malheureusement, de nombreux Luxembourgeois, et de nombreux responsables politiques également, continuent volontairement ou involontairement à ignorer l’ampleur réelle du travail frontalier, l’extraordinaire dépendance du Luxembourg à son égard et les dysfonctionnements qui peuvent en découler.
Soyons francs: les frontaliers n’ont jamais intéressé grand monde. Ils sont là, c’est tout. Ils viennent tout seul, ou presque. Alors NON, ils n’encombrent pas seulement nos routes: ils font tourner notre économie, ils boostent notre PIB, ils permettent à nos hôpitaux et à nos maisons de retraite de fonctionner, j’en sais des choses! En 1990, ils étaient quelque 30.000 et tout le monde pensait qu’on avait atteint le summum. Et bien non, ce n’était pas le cas. Ajoutez-en 200.000 et vous tombez sur le chiffre actuel …
Force est de constater que la prospective n’a jamais été un point fort du Luxembourg, qui a toujours sous-estimé son développement démographique et économique. On pourrait parler d’un syndrome îlien: le pays était apparemment trop petit pour construire un Musée d’art contemporain, une salle de concert pour jeunes ou un tram. D’un autre côté, cependant, le Luxembourg n’était apparemment pas trop petit: pour développer une place financière énorme, pour devenir le n. 1 de l’industrie des fonds d’investissements en Europe et pour compter 530.000 emplois pour une population de même pas 700.000 habitants.
„Toujours plus“
Nos statisticiens ont changé de logiciel: s’ils ont été plutôt „timides“ pendant des décennies, ils y vont maintenant avec panache et sans scrupules. Ils font comme si le monde qui nous entoure était une sorte d’énorme supermarché de main-d’œuvre à ciel ouvert et à sa libre disposition. On a besoin de plus d’un million d’habitants et de presque un million d’emplois pour faire fonctionner la machine? Alors on y va, on se sert dans la Grande Région (une source pourtant tarie depuis longtemps si l’on croit certains commentateurs), dans l’Union européenne et de plus en plus aussi à l’extérieur de l’Union.
Les contingents immigré et frontalier sont censés fonctionner comme un système de vases communicants: si l’immigration est insuffisante, on fait appel au travail frontalier; si, par contre, les immigrés sont assez nombreux, on peut freiner du côté des frontaliers. Peu importe si cette évolution n’est pas durable au sens brundtlandien du terme. Peu importe si les régions qui nous entourent vivent de plus en plus mal les conséquences de cette fuite de cerveaux et de bras. L’approche gouvernementale fait penser à une fuite en avant. Le „toujours plus“ prime sur tout le reste et les conséquences, souvent négatives, sont superbement ignorées.
Entretemps – ce Livre blanc en parle abondamment – les aides budgétaires directes et indirectes apportées par la France au Luxembourg se chiffrent en milliards d’euros. Pendant que l’État luxembourgeois distribue l’argent à la pelle, de nombreuses communes frontalières ont de plus en plus de mal à joindre les deux bouts. La nécessité d’une compensation financière ne doit plus être démontrée, car ce n’est pas très européen ce qui se passe à nos frontières. Et qu’on ne vienne pas me dire que le Luxembourg n’a pas d’argent. Budgétairement, il est beaucoup plus puissant que le Canton de Genève, précurseur en matière de compensation financière. Et nous, nous ne serions pas capables de partager les fruits de notre croissance avec nos voisins?
Trois remarques encore et je termine. Ou plutôt: trois réponses à des questions que vous avez peut-être envie de me poser.
1) Qu’est-ce qu’un Luxembourgeois a à se mêler de tout ceci?
D’abord, ADF n’est pas ce „club fermé gauchiste“ comme aimeraient le faire croire certains. Ni fermé, ni gauchiste, mais fondamentalement pro-européen, pro-Lorraine, pro-frontaliers et pro-Luxembourg! En ce qui me concerne, je suis un pur produit de l’école de géographie française et mon cœur bat depuis toujours pour le transfrontalier. Dois-je rappeler que je viens d’un pays où aucun point du territoire ne se trouve à plus de 30 km d’une frontière?
Ce qui se passe de l’autre côté de la frontière ne devrait pas laisser indifférents les Luxembourgeois. Ni leurs politiques! Ni leurs scientifiques et leurs intellectuels! Je ne comprends pas, en effet, le silence étourdissant de nos forces vives – universités, instituts de recherche, syndicats – face aux questions évoquées dans ce Livre blanc. Peut-être qu’ils ne savent pas, mais à partir de demain, ils n’auront plus d’excuse, puisqu’il y aura notre Livre blanc.
2) À un moment où la croissance s’estompe – attention: nous sommes très loin de la situation française en termes d’endettement et de déficit budgétaire – certains demanderont „mais où trouver l’argent“ pour financer une compensation financière au bénéfice des communes lorraines?

De quoi parlons-nous, au juste? En se calquant sur le modèle franco-genevois, notre Livre blanc avance le montant de 270 millions d’euros par an. C’est beaucoup d’argent … mais tout est relatif! En 2024, les droits d’accises prélevés sur les ventes d’alcool, de tabac et de carburants ont rapporté environ 2,1 milliards d’euros au Luxembourg. Où se trouvent les meilleurs clients de ce business transfrontalier de proximité? En France, pardi. La compensation estimée ne représente même pas 1/7 des recettes susmentionnées … récurrentes, ne l’oublions pas …
3) Qu’en pense la Commission intergouvernementale franco-luxembourgeoise pour le renforcement de la coopération transfrontalière, dont la mise en place a été décidée il y a 15 ans et qui s’est réunie sept fois depuis? RIEN – la question ne l’intéresse pas plus que ça! Cela ne m’étonne guère, car en matière de coopération institutionnalisée, on a toujours tendance à éviter les sujets qui fâchent!
Au Luxembourg, il ne faut pas avoir raison trop tôt. Ce qui importe, c’est de se trouver du bon côté.
ADF, c’est quoi? C’est qui?
L’association „Au-delà des Frontières (ADF)“ a été créée en 2020 pour se pencher, en particulier, sur la frontière franco-luxembourgeoise, les espaces fonctionnels interdépendants qui y ont vu le jour et certains dysfonctionnements qui y sont apparus au fil du temps. Elle a son siège à Metz, sachant que les réunions du CA et du bureau ont lieu dans la mairie de Talange. L’ASBL est présidée par Dominique Gros, maire honoraire de Metz, assisté par deux vice-présidents, Claude Gengler et Alain Casoni, maire honoraire de Villerupt, le secrétaire général Louis-François Reitz et le trésorier Patrick Abate, maire de Talange.
Livre blanc
Le Livre blanc „Pour plus de justice et plus de solidarité à nos frontières“, présenté lors d’une conférence de presse organisée à Talange, le 19 juin dernier, a été réalisé en 2024-2025. Il s’agit du résultat d’un travail d’équipe de longue haleine, réalisé en interne, bénévolement, par les membres du bureau de l’association. Le document de plus de 100 pages, richement illustré, constitue un plaidoyer en faveur d’une plus juste répartition des impôts et des charges sur l’espace transfrontalier franco-luxembourgeois. Il dresse un état des lieux détaillé de la relation franco-luxembourgeoise autour de cet enjeu et tire des enseignements des conventions de partage de la fiscalité que la France a signées avec les États qui lui sont frontaliers … à l’exception du Luxembourg! L’objectif – on pourrait dire l’ADN d’ADF – consiste à obtenir une compensation financière du Luxembourg à destination des territoires sur lesquels vivent les frontaliers. L’approche adoptée se veut être résolument européenne; elle n’est pas dirigée contre le Luxembourg et encore moins contre les dizaines de milliers de frontaliers qui font tous les jours les allers-retours Lorraine-Luxembourg. Le Luxembourg n’a tout simplement „pas intérêt à voir les communes nord-lorraines s’appauvrir et celles-ci ont besoin de recettes supplémentaires afin de financer les infrastructures et les équipements publics nécessaires pour offrir des conditions de vie convenables à tous leurs habitants, y compris à un nombre croissant de frontaliers de nationalité luxembourgeoise“ (extrait du communiqué de presse diffusé le 12 juin). „Il ne s’agit ni de réinventer la roue, ni de demander l’impossible. Des accords de compensation financière existent entre la Suisse et la France (la compensation financière genevoise), entre la France et l’Allemagne (la convention fiscale franco-allemande) et même entre le Luxembourg et la Belgique (le Fonds Reynders). La Résolution 449 du 29 octobre 2019 du Conseil de l’Europe intitulée ,Une répartition équitable de l’impôt dans les zones transfrontalières‘ a mis les points sur les i: entre des États européens qui se respectent, il faut partager correctement les recettes fiscales entre les pays de travail et les pays de résidence.“ (extrait du communiqué) Le Livre blanc peut être consulté et prochainement téléchargé à l’adresse https://audeladesfrontieres.eu/livre-blanc-adf/.
De Maart
H. Gengler entschëllegt meng Feeler am Text. Mäin Prof. Lucrèce Nadot sot schon deemols, " mon cher, moyen, moyen, vous devriez prendre des cours à Pézénas, vous vous exprimez comme un teuton!"
" J'ai pas envie de payer la décoration de noël d'un maire " (de Metz )Xavier Bettel 2018
Här Gengler, écoutez une fois ce qu’un frontalier de nationalité belge a répondu à un frontalier de nationalité luxembourgeoise.
« Alors vous Luxos, restez donc chez vous, notre vie quotidienne à la commune devient de plus en plus chère, voire les terrains à bâtir, les frais de location, les impôts et ainsi de suite. »
Le frontalier luxo lui répondit, alors vos communes deviennent de plus en plus riches, non ?
Le frontalier belge ne pouvait pas démontrer si c’était vrai ou non.
Här Gengler, comment c’est manipulé en France ? J’ai eu quelques contacts « derrière « Audun. En tout cas j’en connais qui gagnent leurs vies au Luxembourg, qui ont su se faire construire de belles demeures qui auraient coûtées le double au Luxembourg.
L'onus n'est il pas chez la France, Belgique etc... qui n'offrent pas d'emplois à leur population et qui les oblige à travailler hors de l'hexagon????? mais d'accord pour une aide sur le modèle belg pour les communes frontalières....
Et ass eng Traurigkeet,dass lëtzeburgesch Frontalieren mussen op ,,deï aaner Seit,, wunnen goën fir iwwert d'Ronnen ze kommen!
" les frontaliers n’ont jamais intéressé grand monde."
H. Gengler, nët nëmmen, och Lëtzebuerger déi Frontaliersën sinn. Kennen der epuer déi all Dag iwer déi ominös Schengen Grenzen fueren, mussen!
Le ON, c’est le secteur privé, ce sont les entreprises, alors que c’est l’État qui engrange les impôts!
Opgepasst H. Gengler, kuckt emol beim Staat. Nët nëmmen Lëtzebuerger awer och Frontaliersën!
Trouvez les raisons, M. Gengler. Allez voir les Luxos qui résident hanner Däitschoth!
Y transferrer nos impôts, NON, mais participer à des investissement ponctuels profitant directement aux frontaliers (Transports) OUI !