Sur le plan international, où l’actualité lui a permis de faire un retour en force, l’hôte de l’Elysée devrait confirmer, sans bien sûr pouvoir le dire aussi explicitement, son intention de continuer à jouer le rôle de leader des „volontaires“ européens poussant tant Poutine que Zelenski à des négociations. De fait, il a plutôt réussi, après certes bien des tâtonnements, voire des revirements, notamment sur la question des armements et de la défense militaire de l’Ukraine, à transformer ses impulsions d’abord personnelles en prises de positions collectives, même si l’essentiel reste à faire.
Sur le plan intérieur, le chef de l’Etat estime à l’évidence le moment venu de reprendre un ascendant qu’il avait terriblement perdu après le fiasco des élections législatives de l’été dernier. Il est déjà un peu remonté dans les sondages, et cela au moment où son premier ministre, François Bayrou, y est au contraire au plus bas, tandis que plusieurs de ses ministres prennent leurs distances avec Matignon, quand ils ne se déchirent pas entre eux.
M. Macron semble donc tenté de faire sienne la célèbre et paradoxale apostrophe de Foch au grand quartier général de la première bataille de la Marne, en septembre 1914: „Mon centre cède, ma droite recule, situation excellente, j’attaque!“ Et il pourrait bien attaquer, en particulier, avec en guise d’armes lourdes un ou plusieurs référendums. D’autant plus que le premier ministre a commis l’imprudence, pour ne pas dire le crime de lèse-majesté, d’évoquer de son côté l’idée de consulter les Français sur sa politique de redressement des finances publiques, oubliant ou feignant d’oublier qu’il s’agit là, du côté de l’exécutif, d’une prérogative strictement présidentielle.
Mais il doit aussi tenir compte, avant de fournir éventuellement dès ce soir des précisions à cet égard, des risques inhérents à cette procédure, que la spectaculaire démission du général de Gaulle en 1969 après un référendum perdu (sur une question relativement mineure pourtant, celle de la régionalisation) a un peu transformée en redoutable quitte ou double. C’est bien pourquoi, selon son entourage, le président de la République compte éviter les sujets trop clivants, quitte à poser, en une seule ou plusieurs consultations, plusieurs questions différentes.
Des questions pas trop conflictuelles
Et cela sur des sujets de société pas trop conflictuels, plutôt que sur les grandes controverses politiques du moment. Pas question, par exemple, de sonder le cœur des Français sur la réforme des retraites, la maîtrise de l’immigration, ou même sans doute un possible retour à la représentation proportionnelle, souhaité par M. Bayrou mais honni par LR. Les électeurs devraient plutôt être interrogés sur des projets de loi qui, sans être anodins – il faudrait quand même éviter que (presque) personne ne vienne voter! –, ne comportent pas de claire connotation droite-gauche.
Par exemple la légalisation de l’aide à la mort pour ceux qui le désirent, et d’une manière générale ce qui peu entourer la fin de vie, y compris la gestion de la dépendance du grand âge. Ou, pour les jeunes au contraire, le contrôle de l’usage des écrans, qui deviennent de plus en plus envahissants, y compris à l’école. Ou encore une simplification de l’organisation territoriale de l’Hexagone, pour désépaissir ce „mille-feuilles“ – régions, départements, arrondissements, cantons, communes, syndicats de communes … – si souvent critiqué pour son coût et son caractère paralysant.
Autant de questions qui ont leur importance, en effet; mais relèvent-elles bien de la solennité du référendum, tel que celui-ci a été défini par l’article 11 de la Constitution et surtout par l’usage fondateur gaullien qui en a été fait? A quoi s’ajoute le fait que bien souvent, les électeurs tendent plutôt à répondre, non à la question posée, mais à une sorte de plébiscite sur la personne qui la pose. On devrait savoir ce soir comment M. Macron voit les choses, et quels risques il est prêt à prendre.
De Maart
Peut etre un petit referendum sur la question de la suppression du nombre limite des mandats du president?