Montag3. November 2025

Demaart De Maart

Interview Maz Univerze„Ma musique est une montagne russe“ – Maz Univerze parle de son nouvel album 

Interview Maz Univerze / „Ma musique est une montagne russe“ – Maz Univerze parle de son nouvel album 
Au festival „Usina“ en 2024: Maz Univerze on stage Photo: Editpress/Alain Rischard

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À 25 ans seulement, Maz Univerze est plus qu’une promesse du rap emo luxembourgeois, il est ce qu’on appelle une valeur sûre: Son album „Little Prince“ vient de sortir et c’est peu dire qu’il s’agit d’une pure démonstration de sa dextérité, tant au niveau du flow, acéré, que du chant, moelleux, et que des cris, cathartiques, le tout transcendé par des beats dark et déstructurés qui retournent la tête. Une Interview.

Tageblatt: Votre biographie dit que vous êtes nés dans une petite ville conservatrice du Luxembourg. Est-ce que ce cadre est à l’origine d’une forme de rébellion qui vous a amené à faire une musique sombre, voire même radicale?

Maz: Oui, sans doute. Ce n’est peut-être pas fondamentalement lié au village dans lequel j’ai grandi, mais plutôt au Luxembourg en général. Même s’il s’agit d’un pays moderne et développé, j’ai évolué avec cette idée de chemin qu’il fallait suivre, et que tout le monde doit suivre, autant au niveau des études que du travail; il y a des standards, d’un point de vue social. Quand j’ai commencé la musique, alors que j’étais adolescent, je savais que je n’avais pas envie de faire ce que l’on attendait de moi; au lieu d’aller étudier après le lycée, je voulais être indépendant. Ma famille m’a toujours soutenu, même si les craintes n’étaient pas exclues, parce qu’on ignore ce qui se trouve au bout du chemin artistique. La musique a appuyé sur le bouton de la rébellion et je suis content d’avoir écouté cette voix dans ma tête, car choisir d’en faire reste la meilleure décision de ma vie.

En savoir plus sur Maz

Maz, né en 1999 au Luxembourg et de son vrai nom Thomas Faber, a attiré l’attention au Luxembourg après sa prestation au festival des jeunes talents „Screaming Fields“ en 2017: il y a reçu le prix de la meilleure prestation live. Par la suite, il a été engagé pour le festival „On Stéitsch“ ainsi que pour assurer la première partie du rappeur français Sofiane à l’Atelier. Son premier album „Immortalisation“ est sorti en 2018 et un an plus tard, il a ouvert le concert de la rappeuse Nicky Minaj à la Rockhal. Après la sortie de plusieurs singles – dont „Night Call“ en collaboration avec Adriano Selva (auparavant Chaild), avec lequel le duo s’est présenté sans succès au Luxembourg Song Contest 2024 – il a sorti son deuxième album „Little Prince“, samedi dernier à la Kulturfabrik Esch. Maz s’engage en outre régulièrement dans des projets sociaux, notamment sur la santé mentale. Le Tageblatt a entre autres parlé de son dernier engagement avec Patrick Miranda (Pleasing). (ispi)

Vous faites fusionner le rap et le métal, avec du goth et du punk. Malgré des exemples comme Cypress Hill et Rage Against The Machine, des disques tels que „Collision Course“ de Jay-Z et Linkin Park, ou encore le morceau „Bring The Noise“ d’Anthrax et de Public Enemy, le rap et le métal n’ont pas toujours fait bon ménage. Quand vous étiez au lycée, n’y avait-il pas des camps déterminés par les genres musicaux appréciés?

Je n’ai pas ressenti de division particulière ou d’écart. À vrai dire, j’avais davantage l’impression que les camps étaient définis par ceux qui écoutaient de la musique „normale“, en gros ce qui passait à la radio, face à ceux qui aimaient le métal et, plus globalement, l’alternatif. En tout cas, les gens ne comprenaient pas que j’écoute du métal dès l’âge de huit ans!

Avec vous, le crayon sur les yeux et l’esprit hip-hop ne sont pas antinomiques, mais qu’en est-il du maquillage de la voix à travers l’autotune?

Dans l’album „Little Prince“, j’en mets un peu, mais je l’utilise en fait moins pour mon style que pour corriger les notes; c’est un usage technique pendant les enregistrements. J’apprécie l’autotune parce que j’aime chanter correctement. Cela dit, je trouve qu’il y a plus d’émotions qui se dégagent quand je laisse ma voix au naturel.

Maz Univerze en portrait
Maz Univerze en portrait Photo: Marie Romanova 

Alors que certains titres oscillent entre le rap âpre, le cri métal et la douceur des mélodies, des morceaux comme „Little Prince“, „Heroes“ ou encore „Human Blood“ sont intégralement chantés. L’équilibre se trouve-t-il, selon vous, dans la conciliation des oppositions?

Je ne pense pas que la partie agressive soit forcément opposée à la partie mélodieuse. Et le métal a toujours bien concilié les deux, en balançant des couplets screamo avant de déployer des refrains chantés. Aussi, dans ce disque, j’ai voulu montrer de quoi j’étais vocalement capable, soit le rap, le chant et les screams. À mes débuts, j’étais très rap, je ne savais pas chanter, du moins, je manquais de technique. Je pense que c’est plus fort aujourd’hui de combiner les trois pôles. Ma musique est une montagne russe qui se faufile un peu partout.

C’est de l’autobiographie à 90 pour cent. Je n’arrive pas trop à écrire sur ce qui n’est pas en relation directe avec moi.

Maz, musicien

Les instrumentaux ne sont pas prévisibles, il y a des changements de tempo, parfois le beat est retiré pour réapparaître, ce qui génère des espèces de jumpscares.

Il y avait la volonté de créer un album dynamique, en parlant de cette transition entre la jeunesse et la vie d’adulte, et ce, à travers la référence du „Petit Prince“ (Antoine de Saint-Exupéry, 1943). Et je voulais que cette dynamique soit incarnée par le mélange des styles, car l’adolescence, c’est une période pendant laquelle on ne sait pas qui on est vraiment, on se découvre tous les jours, alors on va dans plein de directions.

Jusqu’à quel degré vos textes sont-ils autobiographiques?

C’est de l’autobiographie à 90 pour cent. Je n’arrive pas trop à écrire sur ce qui n’est pas en relation directe avec moi. Il m’arrive, bien sûr, d’être inspiré par des personnes que j’ai rencontrées, mais ce qui se trouve dans mes textes provient principalement de ma propre expérience. Quand j’écris, j’essaye de faire en sorte que l’auditeur s’identifie. Même si c’est cliché, c’est une thérapie de sortir ce qu’il y a dans ma tête, mais mon but avant tout, c’est de me connecter à l’autre.

Couverture de l’album „Little Prince“
Couverture de l’album „Little Prince“ Copyright: Yann Gengler

Votre écriture frontale est aussi nourrie par le cinéma de genre: quelles sont vos inspirations en matière de films d’horreur?

J’adore le cinéma d’horreur depuis que je suis enfant. Dans ma jeunesse, j’étais fan de „Sinister“ (Scott Derrickson, 2012), mais sinon j’adore les films de Darren Aronofsky comme „Black Swan“ (2010) ou „Mother!“ (2017). „I Saw The TV Glow“ (Jane Schoenbrun, 2024) m’a récemment marqué; ce n’est pas un film d’horreur à proprement parler, mais plutôt un drame avec des éléments horrifiques; ça traite de la recherche d’identité dans le milieu queer.

Comment „Little Prince“ a-t-il été retranscrit en concert samedi dernier à la Kulturfabrik Esch?

J’étais accompagné par le batteur Riccardo Tomasini, qui est un ami d’enfance, et par le guitariste Patrick Miranda, qui joue aussi dans Pleasing. Pendant plus d’une heure, les morceaux ont sonné comme sur l’album, à savoir super dynamiques; il y a eu des moments agressifs et des passages plus doux. Et, autour, il y a eu des décors à l’image de la musique, ainsi que de belles lumières.