FranceVive joute verbale entre Paris et Moscou: Macron évoque la „menace russe“, et Poutine … Napoléon

Comme elle semble lointaine désormais l’époque où, tout en condamnant l’agression russe contre l’Ukraine, Emmanuel Macron multipliait les conversations téléphoniques – parfaitement vaines, d’ailleurs – avec Vladimir Poutine, et exhortait ses partenaires européens comme les responsables français à „ne pas l’humilier“, et à ne pas le traiter de „dictateur“! Désormais, le locataire de l’Elysée ose appeler les choses et les gens par leur nom, d’autant plus que l’acrimonie du président russe et de ses acolytes ne lui est pas non plus ménagée.

C’est, semble-t-il, pour M. Macron comme pour bien d’autres dirigeants européens, le guet-apens tendu à Volodimir Zelenski lors de sa visite dans le „Bureau oval“ de la Maison-Blanche qui est venu confirmer cruellement que l’Ukraine était désormais livrée sans plus de défense, américaine en tout cas, aux appétits impérialistes de son envahisseur russe, à la lumière de quoi l’ensemble de l’Europe gagnerait à prendre conscience de sa propre vulnérabilité, et à en tirer les leçons de toute urgence.

Mercredi soir, à la veille du sommet européen extraordinaire réuni à Bruxelles, Emmanuel Macron s’est adressé aux Français à la télévision, et n’a pas mâché ses mots. Il a notamment déclaré: „La menace russe est là, elle touche les pays d’Europe, elle nous touche. La Russie teste nos limites: dans les airs, en mer, dans l’espace et derrière nos écrans. Cette agressivité ne semble pas connaître de frontières.“ Et le président français d’ajouter: „La Russie continue de se réarmer. Qui peut donc croire dans ce contexte qu’elle s’arrêtera à l’Ukraine? Elle est devenue (…) une menace pour la France et pour l’Europe“, et face à cette menace, a-t-il insisté, „rester spectateur serait une folie“. Quant à la paix en Ukraine, „elle ne peut être établie à n’importe quel prix et sous le diktat russe (…) alors qu’aujourd’hui, on ne peut plus croire la Russie sur parole“.

Le Kremlin a évidemment très mal réagi, d’autant plus que cette allocution présidentielle a été suivie par quelque quinze millions de téléspectateurs. Ce discours, „très conflictuel à l’égard de la Russie“, a ainsi jugé le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, „donne le sentiment que la France veut que la guerre continue“. „Et le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, de surenchérir: „C’est, bien sûr, une menace contre nous“ puisque „Macron dit qu’il est nécessaire d’utiliser l’arme nucléaire contre la Russie“. Ce qu’évidemment M. Macron n’a jamais dit, si même, très certainement, pensé; mais on sait que les rapports avec la vérité sont, au Kremlin comme aujourd’hui à la Maison-Blanche, assez distants …

Mais ce sont surtout des propos de Vladimir Poutine lui-même, lors d’une conférence de presse ultérieure, qui ont achevé de tendre les rapports entre Paris et Moscou. Le président russe a en effet, sans jamais citer le nom d’Emmanuel Macron, ironisé sur de prétendues nostalgies napoléoniennes de ce dernier, non sans l’inviter à se souvenir de l’issue – en effet calamiteuse – de la „Campagne de Russie“ de l’empereur français en 1812. Cependant que des montages photos représentant le président français coiffé du célèbre bicorne de Napoléon défilaient sur les écrans de la télévision russe. Comme si la France de 2025 (ou qui que ce soit d’autre, d’ailleurs) éprouvait la moindre envie de se relancer dans une aussi funeste aventure militaire …

A quoi le président français a répliqué, lui aussi devant la presse, à l’issue du sommet européen d’avant-hier. „Napoléon menait des conquêtes. La seule puissance impériale que je vois aujourd’hui en Europe s’appelle la Russie“, a-t-il déclaré. Avant d’ajouter: „C’est un impérialisme révisionniste de l’histoire et de l’identité des peuples.“

Quant à l’armée de l’air ukrainienne, elle a publié hier un communiqué qui n’aura évidemment pas contribué à réchauffer les relations Paris-Moscou. On y apprend en effet que face à une nouvelle pluie nocturne de missiles et de drones russes, elle a utilisé pour la première fois, aux côtés d’appareils américains, des chasseurs Mirage 2000, livrés par la France le mois dernier. Une opération qui, conclut Kiev, a permis d’abattre en vol 34 missiles et 100 drones.