D’emblée une précision: le verbe utilisé ci-avant, dans le titre, peut choquer, s’il est compris exclusivement au premier degré, c’est-à-dire dans un contexte vulgaire ou sexualisé. Or, il existe un deuxième degré qui sert notamment de cri de guerre, certes pas très académique, aux supporters de foot du virage nord du Stade vélodrome de Marseille, que j’ai fréquenté avec assiduité pendant des années, aujourd’hui plus rarement. Permettez d’y ajouter mon degré à moi, à comprendre également comme deuxième degré, celui de s’enculer soi-même. D’après ma propre définition, pas encore acceptée officiellement par l’Académie française, cela est pratiquement synonyme, pour rester dans le domaine du foot, de marquer contre son camp. En luxembourgeois, on dit tout simplement: „Selbstgol“.

Le risque que cela va arriver à notre „formidable“ (sic) ministre des Sports est réel, vu qu’il doit chapeauter également une deuxième casquette, celle de ministre du Travail, où il propose des choses qui le feront entrer définitivement, mais négativement, dans l’histoire sociale de notre pays. Je parle de ses propositions au sujet du travail dominical, sans parler du prolongement des heures de travail en soirée dans la semaine.
Mais d’abord une petite histoire vraie, où ceci explique cela. Avec d’autres, je me suis occupé de la situation d’un réfugié politique, habitant dans mon voisinage, qui a deux activités principales bien distinctes: travailler dans une entreprise d’entretien des espaces verts et jouer au foot. Son travail, aux horaires normaux, lui permettait de s’entraîner en semaine après 18 heures et de jouer le dimanche en compétition. Cette dernière activité s’avère positive à la fois pour son équilibre personnel et pour son intégration dans la société luxembourgeoise.
Or, depuis peu, il a été obligé de raccrocher les crampons (comme on dit), car il a trouvé du travail dans une entreprise où il doit travailler tard le soir en semaine, ou/et les week-ends; ça résume tout!
Une auto-enculade?
Question: Comment le ministre du Travail s’y prend-il pour enculer le ministre des Sports, dans le dossier épineux sous rubrique? La réponse est l’auto-enculade.
Depuis peu, ce bonhomme adore pérorer, donc avec emphase, sur le bénévolat et son apport essentiel pour la société. Mais comme chantait Dalida: „Paroles et paroles et paroles“. Rien de concret à se mettre sous les dents.
Question bête, mais pas méchante: quel est le créneau horaire où la disponibilité des soi-disant bénévoles de toutes sortes, (entraîneurs, joueurs, athlètes, autres sportifs, personnel d’encadrement) est le plus sollicitée? Réponse: en semaine, après 18 heures, et les samedis et les dimanches. Surprise: ce sont les mêmes créneaux que ceux envisagés pour les nouveaux horaires de travail.
Voilà pour les faits. J’imagine que vous connaissez l’expression „Les faits sont têtus“, ou comme disait Aldous Huxley: „Les faits ne cessent d’exister parce qu’on les ignore“.
Comme j’adore la dérision (et également l’autodérision), je voulais vous proposer deux reportages, à peine fictifs. Le premier, celui de l’Assemblée générale de la Chambre de commerce où la réorganisation des horaires de travail, façon Moyen-Age, occupe l’agenda, et puis celui du congrès du Comité olympique luxembourgeois, préoccupé, à juste titre, par le dossier du bénévolat dans le sport. Les deux réunions ont eu l’immense chance d’accueillir le ministre du Travail respectivement le ministre des Sports, c.-à-d. M. Schorsch Mischi et M. Mischi Schorsch.
Assemblée générale de la Chambre de commerce
Discours de son excellence M. le ministre du Travail, Schorsch Mischi: (…)
„Je suis particulièrement fier de vouloir introduire, avec le plus grand ministre du gouvernement (par la taille), le ministre de l’Economie, une nouvelle organisation du travail, qui fait partie de vos revendications depuis des années. L’ancien gouvernement „Gambia“, composé en majeure partie de gauchistes recyclés, abhorrant toute forme de dérégulation, a toujours refusé d’attaquer ce dossier. Profitant de l’absence de la presse (prière de ne pas rapporter mes paroles!), j’ose affirmer que dans une économie moderne, le sort des salariés compte peu. Comme toutes les idées (si si, ça m’arrive) que je colporte sont nées dans le jardin des autres, ai-je besoin de répéter que notre gouvernement est très „open“ à vos doléances.
Entre nous: votre programme est le nôtre! Sachez également que votre ancien président, notre actuel premier ministre, Petit Luc, partage cette façon de voir les choses.
Il m’a d’ailleurs chargé de présenter ses excuses aux nombreux membres de votre estimée organisation, qui, il y a des années, avaient cru sa promesse de ne plus jamais retourner dans l’arène politique. Hélas, pour arriver droit au but, en politique, il ne faut jamais être à un mensonge près. Avouez quand même que vous n’avez aucune raison de regretter ce mensonge calibré, n’est-ce pas?
Certes, les mesures envisagées concernant les horaires de travail feront du grabuge, non seulement parmi les syndicats, mais également parmi le monde de la culture et du sport. Le bénévolat, dont, officiellement et rhétoriquement, nous faisons semblant de nous occuper, sera un des grands perdants de notre démarche. Comme disait Petit Luc texto: „Mon cher Schorsch, fais le canard! Les chiens aboient, mais la caravane passe!“ Donc dormez tranquille sur vos deux oreilles, chers membres de la Chambre de commerce, avec le Premier ministre, qui n’a aucune accointance avec les milieux du sport et de la culture, nous saurons imposer vos doléances.
Mais surtout, ne nous remerciez pas publiquement, svp!
Blablablabla etc (…) »
Congrès du Comité olympique luxembourgeois
Discours de son excellence Mischi Schorsch, ministre des Sports:
„Chers amis sportifs. Je vous prie d’abord d’excuser l’absence de Petit Luc, notre premier ministre, un grand sportif devant l’éternel. Il m’a chargé de vous faire part de sa sollicitude au sujet de vos doléances, surtout en qui concerne le dossier du bénévolat qui lui tient particulièrement à cœur. Vous pouvez compter sur notre gouvernement quand il s’agit de mettre à l’ordre du jour ce sujet.
Nous avons décidé de mettre tout en œuvre pour améliorer la situation des bénévoles, des acteurs indispensables dans le domaine qui nous réunit aujourd’hui, celui du sport. Pas d’activité sportive sans apport des milliers de bénévoles, qui, en semaine après leur travail, se retrouvent pour organiser les compétitions, les entraînements, les déplacements, les actes administratifs et autres. Sans parler des nombreux bénévoles, qui, le dimanche matin ou l’après-midi, apportent leur contribution, à titres divers, pour que les compétitions puissent se dérouler. Qu’ils soient remerciés officiellement par le gouvernement.
J’ai d’ailleurs l’intention de prendre contact avec le ministre du Travail, mon collègue Schorsch Mischi, et le plus grand ministre de l’Economie de tous les temps (par la taille), pour éviter que l’introduction du travail le dimanche et le soir en semaine, ait une répercussion négative sur le bénévolat. Des réflexions (sic) sont en cours … Tous les deux nous cherchons désespérément des arguments de vente, pour convaincre le milieu sportif et culturel des bienfaits des futurs horaires de travail de milliers de bénévoles, heureusement non électeurs pour la plupart. Pour ne pas nous mettre la CGFP, tous des électeurs, sur le dos, nous n’avons pas prévu d’harmoniser les heures d’ouverture des guichets des Administrations gouvernementales ou communales, même si cela paraît logique.
Blablablabla» etc (…)
N’oublions pas la famille!
Un autre terrain que nous devons labourer, est celui de la vie familiale qui sera la principale victime des mesures envisagées. Et nous ne sommes pas prêts à lâcher, rhétoriquement, le morceau! Ah la famille, la famille …, je sais de quoi je parle. Effectivement, cela fait un siècle que nous trayons cette vache sacrée, cette manne politique inépuisable. Pour sauver les meubles, il est prévu que le ministre de la Famille s’invite au congrès de l’asbl KAMP (Kathoulesch Aktioun fir Mammen a Pappen) pour calmer d’éventuels esprits récalcitrants. D’ailleurs, nous comptons proposer à sa présidente, Sœur Sourire, de figurer sur la liste de notre parti à l’occasion des prochaines élections municipales à Trou-sur-Bled (en argot: très petite localité). Faites-nous confiance quand il s’agit de prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages. On sait faire …
Blablablabla, etc.“
Commentaire: Chers lecteurs, je sais que vous avez compris le message et je sais que vous pouvez déchiffrer les discours politiques hypocrites, mensongers, tellement nuls, qui disent tout et son contraire, qui constituent en fait une gifle, une taloche, une baffe au visage de tous ceux qui sont concernés, à un titre ou un autre, par les mesures envisagées par le gouvernement.
L’avis du COSL, grand défenseur du bénévolat, est attendu au tournant. Mais pas de faux espoirs: il ne va pas s’auto-enculer ou tuer la vache qui donne du lait.
Connaissez-vous „Saint Subsidius“?
Et le Grand-Duc, en tant que membre du COSL, veillera au grain, lui qui a l’habitude des horaires de travail incongrus …
Bénévoles de tous les secteurs, unissez-vous! Défendez une organisation de travail digne d’une démocratie sociale et protégez le bénévolat sous toutes ses formes.
Il s’agit de pièces maîtresses de notre édifice social.
De Maart
""Enculer" daat Verb ze benotzen misst duer go'en fir d'Zensur vum Artikel !!
Jo Här Kollwelter, ech méngen mir hun ët hei matt énger gespaltener Perséinlechkeet ze din. Mä vlaicht huet daat awer och damdden ze din, datt wéngs dem groussen Neid vum "klénge Mann" vis-à-vis vum Politiker, mir hautdesdags gezwongen sin fir verschidden Minstären ze regroupéieren. Daat ass dann deen negativen Effakt vum Spuerwahn. Am Fong misst ët verbueden sin, datt ee Minister sech ëm méi wéi een Ressort bekëmmert. Déi puer € Steiren déi dat géif méi kaschten fir jidfereen pro Joer din kéngem wéi, an d'Ministeren kinnten sech op hier Käraufgab konzentréieren.