Dienstag23. Dezember 2025

Demaart De Maart

FranceL’échec très net de la première motion de censure donne du crédit à François Bayrou

France / L’échec très net de la première motion de censure donne du crédit à François Bayrou
La motion de censure contre le gouvernement de François Bayrou n’a pu trouver, comme attendu, une majorité dans l’hémicycle du Palais-Bourbon Photo: Julien de Rosa/AFP

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La suite du feuilleton des mésaventures croisées du gouvernement Bayrou et de l’opposition autour des nouvelles motions de censure s’est jouée sans grande surprise hier après-midi au Palais-Bourbon. Et cela devant un hémicycle que le manque de suspense avait sensiblement dégarni. La motion n’a pas été adoptée, comme on pouvait s’y attendre après les prises de position du PS et du RN.

La suite, mais pas tout à fait la fin: outre que le débat autour du budget de la Sécurité sociale n’est pas encore tranché complètement, ce gros texte comportant deux parties distinctes, et puis une nouvelle motion est déjà en préparation au PS pour lui permettre de dissiper tout malentendu quant à son éventuel ralliement à ce qu’il reste de la „Macronie“, en attaquant le premier ministre sur les propos par lesquels il avait évoqué le sentiment de beaucoup de Français sur une possible „submersion“ par l’immigration (voir Tageblatt du 4 février).

Opération de pur principe, car on n’imagine guère le RN, dont l’appoint serait indispensable, censurer le gouvernement sur de tels propos, et qui sera présentée comme portant „sur l’ensemble de votre politique, et en particulier sur les graves entorses au pacte républicain qu’elle incarne“, a-t-on signifié au gouvernement du côté socialiste.

Lors des explications de vote précédant les deux scrutins parlementaires d’hier, les élus mélenchonistes, communistes et verts ont confirmé sans surprise leur intention de voter la censure. En fait, seules étaient vraiment attendues – et encore sans anxiété visible de la part de M. Bayrou et de ses ministres – celles du Parti socialiste et du Rassemblement national, lesquels devaient confirmer qu’ils ne voteraient pas la censure.

Le choix difficile du PS

Pour le premier, le député Emmanuel Grégoire, évoquant de la part de ses amis „un choix difficile de la part du PS“, a tout de même souligné que „le Nouveau Front populaire est une alliance dans laquelle chaque parti conserve son autonomie stratégique, et non une instance dominée par un clan et par son chef“, allusion évidente à La France Insoumise et à Jean-Luc Mélenchon, qui ne cesse de fulminer, fidèlement relayé par ses lieutenants, contre la „trahison“ du PS et son prétendu „ralliement“ à François Bayrou. Mais il a justement ajouté à l’adresse du gouvernement: „Ne voyez dans notre non-censure d’aujourd’hui ni indulgence ni complaisance: nous sommes et resterons dans l’opposition!“

Au total, M. Bayrou pouvait se féliciter hier soir d’avoir surmonté une épreuve parlementaire qui avait au contraire été fatale à Michel Barnier. Et cela d’autant plus que, sans pouvoir être prise pour autre chose que le souci de ne pas plonger la France dans le chaos institutionnel et budgétaire, la position de non-censure rendait tout de même bien difficile l’adoption ultérieure de la seconde motion financière sur la Sécurité sociale.

Pour autant, la suite des opérations ressemblera certainement pas à un chemin de roses. Car le premier ministre n’aura acquis sa survie, de concessions en concessions au PS, principalement, qu’au prix d’une renonciation à peu près complète à l’effort de redressement budgétaire que son prédécesseur malheureux et lui-même avaient espéré pouvoir lancer, voire – il n’est pas interdit de rêver, même dans les conjonctures les plus sombres – de mener sur plusieurs années.

Le risque psycho-politique qui le guette maintenant est de sembler condamné à l’immobilisme, dans un contexte où toute réforme, même modeste, soulève aussitôt des oppositions croisées qui en ont rapidement raison. On pense au mot ironique et désabusé d’Edgar Faure, qui regrettait sous la IVe République: „Maintenant que l’immobilisme est en marche, plus rien ne pourra l’arrêter!“ S’insurgeant contre cette vision de la situation, François Bayrou a répliqué dans un entretien accordé à La Tribune Dimanche: „L’idée que nous sommes condamnés à l’impuissance est pour moi antinationale.“

Et surtout, il a mis les choses au point lors de son intervention, juste avant le vote des députés: „Oui, ce budget est imparfait, fruit d’une histoire faite d’échecs successifs, de difficultés successives.“ Mais, a-t-il ajouté, il a fallu faire vite: „C’est une étape d’urgence. Il devenait indispensable de se doter d’un budget voté au début du mois de février, pour les investisseurs qui ont besoin de lisibilité, pour les entreprises qui ont besoin de stabilité, et pour les foyers qui ont besoin de retrouver un minimum de cohérence dans l’action publique.“ Avant de conclure avec un sourire: „Rassurez-vous, nous nous sommes promis que celui de l’année prochaine, si du moins nous arrivons à surmonter tous les obstacles jusque-là, sera différent!“

Mise aux voix, la motion de censure déposée par LFI, le PCF et les Verts n’a recueilli que 128 voix sur les 577 députés qui composent l’Assemblée nationale, chiffre qui donnait tout de même un sérieux encouragement au premier ministre, lequel réunit ce matin à Matignon un petit déjeuner avec l’ensemble du gouvernement. Une seconde motion, il est vrai, devait être mise en discussion puis aux voix dans la soirée; mais on s’attendait généralement à ce qu’elle subisse le même sort.