Mittwoch22. Oktober 2025

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FranceOffensive du patronat contre la hausse des impôts sur les grandes sociétés

France / Offensive du patronat contre la hausse des impôts sur les grandes sociétés
Bernard Arnault, PDG de LVMH, n’est pas devenu l’homme le plus riche en France en payant trop d’impôts Photo: Dimitar Dilkoff/AFP

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Les „grands patrons“ français, ceux dont les entreprises sont répertoriées en bourse au sein du CAC40, partent en guerre contre l’accroissement de la pression fiscale demandé par le gouvernement Bayrou pour commencer à limiter enfin la dérive des comptes publics. Non qu’ils aient grand espoir de parvenir à leurs fins, mais du moins avec l’ambition que cette mesure, présentée comme temporaire, ne devienne pas finalement permanente, comme tant d’autres avant elle.

C’est Bernard Arnault, le PDG du numéro un mondial du luxe, LVMH (Louis Vuitton-Moët-Hennessy et plus de soixante-dix autres sociétés) et détenteur de la plus grosse fortune de France, qui a mis le feu aux poudres en dénonçant mardi, en marge de la présentation des résultats de son groupe cette surtaxation des entreprises, laquelle sera certainement validée par l’Assemblée nationale lors du vote sur le budget, quelle qu’en soit finalement la forme, avec ou sans recours à l’article 49-3.

Que le patronat, petit ou grand, s’insurge contre toute augmentation des impôts, n’a rien en soi qui puisse surprendre (les contribuables de base n’y sont-ils pas enclins eux aussi, d’ailleurs, même si les ordres de grandeur n’ont rien de comparable …). Mais M. Arnault, qui ne passe pas en règle générale pour un ennemi d’Emmanuel Macron et de ses gouvernements successifs, a eu cette fois-ci l’habileté de justifier sa colère – partagée, à l’évidence, par ses pairs de la haute finance – par des arguments susceptibles de frapper l’opinion, même si sa situation personnelle suscite évidemment plus l’envie que la compassion.

De quoi s’agit-il en effet, selon lui? De „taxer le made in France“, quand les concurrents étrangers des entreprises de l’Hexagone ont, eux, les coudées de plus en plus franches, que ce soit du côté américain ou du côté chinois. Et Bernard Arnault, qui avait été invité à Washington par Donald Trump pour son investiture, d’insister: „Quand on rentre chez nous, venant des Etats-Unis où règne un vent d’optimisme, c’est la douche froide! Là-bas, les impôts vont descendre à 15%, les ateliers sont subventionnés dans une série d’Etats et le président Trump encourage ça (…), alors que chez nous, on s’apprête à augmenter les impôts de 40% sur les entreprises qui fabriquent en France [et qui font plus de trois milliards de chiffre d’affaires annuel, NDLR], c’est à peine croyable!“

„Je comprends sa colère, mais …“

Et le PDG de LVMH d’ajouter: „Pour refroidir les énergies, on fait difficilement mieux. Pour pousser à la délocalisation, c’est idéal. Je ne sais pas si c’est vraiment l’objectif du gouvernement, mais en tout cas, il va l’atteindre.“ D’autant plus que „cette surtaxe pour une seule année, personne n’y croit: une fois qu’on aura augmenté les impôts de 40%, qui ira les baisser de 40%?“ Le groupe lui-même ne fait fabriquer qu’environ de 10 pour cent de ses produits en France, mais il y paie entre 40 et 50 pour cent de ses impôts selon les critères et les années.

„Je comprends la colère de Bernard Arnault“, a répondu Sophie Primas, la porte-parole du gouvernement, „mais je comprends aussi que dans la condition budgétaire qui est actuellement la nôtre, chacun doit prendre part aux efforts. Notre politique pro-business (…) ne fait pas de doute, simplement nous avons en ce moment cet objectif qui est à la fois de limiter notre déficit à 5,4% et de doter la France d’un budget. C’est une mauvaise passe, elle est temporaire.“ Certes, a semblé lui répondre en écho sur France-Info son collègue des Affaires européennes, Benjamin Haddad, mais „quand vous avez un grand entrepreneur qui exprime ce genre d’inquiétude, il faut l’écouter“.

Les propos de M. Arnault, chaleureusement accueillis dans les milieux patronaux, ont en revanche suscité, comme on pouvait s’y attendre, un tollé à gauche, où l’on semble redouter que M. Arnault menace de faire quitter la France à ses entreprises. Si les communistes ont joué sur le registre de l’humour, publiant une affiche où l’on voit le PDG de LVMH en mendiant accroupi sur le trottoir avec cette légende: „Une petite pièce pour Bernard Arnault, s’il vous plaît!“, d’autres n’ont pas pris les mêmes détours. Le député mélenchoniste Antoine Léaument a ainsi exigé sur X: „Réquisition des biens de ceux qui trahissent leur pays et fuient l’impôt! A bas les traîtres!“ Quant à la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, elle a cru pouvoir constater que „les rats quittent le navire“. Ambiance …