Dienstag4. November 2025

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FranceBayrou rouvre le dossier de la réforme des retraites

France / Bayrou rouvre le dossier de la réforme des retraites
Le premier ministre François Bayrou a prononcé sa déclaration de politique générale hier à l’Assemblée nationale, qui sera suivie jeudi … d’une motion de censure Photo: Thomas Samson/AFP

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Le premier ministre François Bayrou a prononcé hier après-midi, devant une Assemblée nationale comble – et souvent houleuse sur les bancs de la gauche, tout particulièrement de LFI – sa déclaration de politique générale. A propos du thème sur lequel il était le plus attendu, celui de la réforme des retraites, il n’a pas annoncé de suspension pure et simple du texte, mais du moins sa „remise en chantier“ durant trois mois.

Matignon laissait croire que le discours du chef du gouvernement serait plutôt plus court que ceux de ses divers prédécesseurs, il n’en a finalement rien été: M. Bayrou a lu le sien à la tribune du Palais-Bourbon durant une heure et demie, module très courant pour cet exercice. Il est vrai qu’en amont et en aval des passages les plus attendus, les députés ont eu droit, d’abord à une longue mais raisonnable analyse géopolitique, et, dans la dernière demi-heure, sur un catalogue d’annonces sur des dossiers non négligeables certes, mais tout de même mineurs.

Sur les retraites, donc, une réforme inlassablement condamnée par la gauche et par le Rassemblement national, François Bayrou a souhaité remettre la réforme „en chantier“, en réunissant les partenaires sociaux dès après-demain vendredi, et en demandant à la Cour des comptes une „mission flash“ pour établir un diagnostic chiffré. La loi de 2023, a-t-il précisé, „avait prévu que l’âge légal de départ à la retraite passerait, fin 2026, à 63 ans. Je souhaite fixer une échéance à plus court terme, celle de l’automne (…). Nous pouvons rechercher une voie de réforme nouvelle, sans aucun tabou, pas même l’âge de la retraite, à condition qu’elle réponde à l’exigence fixée“.

S’agissant d’économies, de fonctionnement notamment, que la puissance publique devrait faire pour réduire son déficit – lequel, déjà abyssal, serait encore accru, mathématiquement, par tout abaissement de l’âge de la retraite – le premier ministre a par ailleurs annoncé la création d’un fonds spécial „entièrement dédié à la réforme de l’Etat“: les quelque mille agences et autre organes publics existants constituent, a-t-il dit, „un labyrinthe dont un pays rigoureux peut difficilement se satisfaire“. Ce fonds sera financé par des actifs, „en particulier immobiliers, qui appartiennent à l’Etat, de façon à pouvoir investir, par exemple dans le déploiement de l’intelligence artificielle, dans nos services publics“.

Vers l’instauration de la proportionnelle?

S’agissant de deux autres idées qui lui tiennent à cœur depuis longtemps, M. Bayrou a également évoqué la création d’une „banque de la démocratie“, et une réforme du mode de scrutin, dans un sens favorable à la représentation proportionnelle. Sur le premier de ces points, il s’agit, dans son esprit, que les partis „puissent se financer sans avoir besoin de passer par des stratégies de contournement“.

Et sur le second, le premier ministre a souligné que cette réforme électorale devra „être enracinée dans les territoires“, et „nous obligera à reposer en même temps la question de l’exercice simultané d’une responsabilité locale et nationale“, autrement dit, probablement, remettre à l’honneur le cumul des fonctions parlementaires et d’appartenance à un exécutif municipal, départemental ou régional. A propos des collectivités locales, il a aussi annoncé que la contribution exceptionnelle qui va leur être demandée ne sera pas de cinq milliards d’euros, comme le gouvernement Barnier le prévoyait, mais de 2,2 milliards.

Sur les questions environnementales, que les Verts reprochent aux derniers gouvernements successifs – et, au-delà, au président Macron – de négliger, voire d’ignorer, François Bayrou s’est voulu rassurant: „L’écologie, au contraire de ce que certains pensent, n’est pas le problème, c’est la solution, en tout cas la solution que nous privilégierons“, a-t-il assuré. De même pour l’Education nationale, dont il a souligné que la nouvelle titulaire ministérielle, Elizabeth Borne, occupait le premier rang protocolaire au sein de son gouvernement.

Vote sur la censure demain

Au sujet de la santé, enfin, le gouvernement proposera, a-t-il dit, „une hausse notable“ de l’objectif national des dépenses de l’assurance-maladie, „ce qui permettra d’améliorer les conditions de travail des soignants et de protéger les plus fragiles“. De surcroît, la mesure de déremboursement de certains médicaments et de consultations prévue sous le gouvernement Barnier ne sera pas reprise, a-t-il ajouté.

Ce n’est que demain jeudi que la motion de censure déposée par la gauche sera débattue et mise aux voix. Sans surprise, LFI a annoncé qu’elle la voterait, ce qui est bien le moins puisque le parti mélenchoniste est à son origine. La décision des Verts dans le même sens ne fait guère de doute. Celle des communistes non plus. Les interrogations portent encore sur la décision des socialistes, dont le porte-parole dans ce débat, Boris Vallaud, a souligné que les annonces de François Bayrou „ne font pas le compte“.

Est-ce une fin de non-recevoir, ou plutôt une façon de rechercher plus de concessions de la part du premier ministre? Ce serait après tout plausible, dans la mesure où l’orateur du PS n’a pas écarté l’idée, tout en s’opposant au maintien de la loi actuelle, que son parti prenne part aux discussions évoquées par François Bayrou. Lequel, dernier, en tout cas, n’a finalement pas osé aller jusqu’à parler de „suspension“ de la réforme des retraites, et encore moins d’abrogation, pour tenir compte des mises en garde de la droite modérée. Quoi qu’il en soit, dans la mesure où le RN ne votera pas la censure, le gouvernement devrait survivre à cette première grande épreuve. Ce qui n’augure encore rien de sa durabilité.