D’abord les présentations
Lui, un bonhomme plutôt affable, encore un vrai entrepreneur, certes, avec un bon esprit entrepreneurial, qui mérite tous les respects, qui a su développer le capital et l’entreprise hérités (merci Papa), et qui, entretemps, est devenu un des leaders du patronat. Donc socialement, il est monté en grade, il occupe le poste de président d’un syndicat qui regroupe les chefs d’entreprise, et, ainsi, dorénavant, il va „pisser avec les gros chiens“. Il passe même régulièrement à la télé, c’est dire … Avec ses sbires, il s’est démené, avec succès, à faire capoter l’ancien gouvernement pour l’échanger contre la nouvelle coalition, préférée par ses homonymes. Fini l’ancien monde où des mots comme régulation, obligations sociales et écologiques, salaire social minimum, organisation sociale du travail, droit du travail, convention collective, encadrement du marché, etc. n’étaient pas honnis.
Maintenant, en arrière toute, il faut „moderniser“ (sic) les relations sociales et les droits des salariés dans l’entreprise (lire: „les démanteler“). On va commencer par le travail dominical. Puis viendra le temps de travail hebdomadaire. Puis les heures supplémentaires non payées. Puis le tour du contrat de travail tout court, les conventions collectives de toute façon, avec le lead ou la complicité du gouvernement en panne de GPS social.
Le commerce, la nouvelle religion
Attention! Connaissez-vous la tactique du saucissonnage, („Jeden Tag einen Esslöffel“)? Mot d’ordre: „Qui paie les violons, choisit la musique“. Fini la cogestion, l’Etat social, et tout ce charivari orchestré et façonné depuis des décennies par les syndicats des salariés et par les forces politiques de gauche. Fini les responsables politiques de droite qui possèdent une sensibilité sociale. Le chef du groupe parlementaire le plus important va passer définitivement pour un dinosaure, il faut le prendre en photo, sculpter son buste, c’est le dernier exemplaire d’une espèce en voie de disparition. Même le sage de Capellen va passer pour moyenâgeux. Vive les nombreux Petit Luc, les Elon Musk en miniature des Chambres patronales, élus et, pire, les apparatchiks, qui pullulent partout. Vous allez voir émerger d’autres Elon Musk, des Petit Luc en grand, ils vont infecter toute la société, on va se régaler! Et on va introduire définitivement la nouvelle religion, le commerce, toujours le commerce, rien que le commerce, tout le commerce, matin, midi, soir, bientôt la nuit. Une religion dont les croyants se retrouvent en masse au sein de la majorité parlementaire. A ce rythme, on va vivre bientôt les heures d’ouverture des magasins et autres 24 heures sur 24. Dès aujourd’hui, je prends les paris. Bienvenu dans le monde de Dubai, Doha, Chicago et Cie, transféré à Luxembourg … Nos futurs exemples à suivre, l’eldorado des nantis occidentaux, un monde où chacun est, et surtout, reste à sa place, les uns en haut de l’échelle, les autres, esclaves des temps modernes, sur la première marche, et encore … Il paraît qu’au sein du CSV, on réfléchit à modifier la signification actuelle de la première lettre du sigle. Dorénavant, il faudra comprendre C comme Commerce. Petit Luc aura imprimé ainsi définitivement ses convictions (c’est quoi ce mot incongru?) dans l’ADN de son parti, et du gouvernement. Il peut quand il veut! Ou le contraire! Il a quand même le droit de renvoyer l’ascenseur pour services (électoraux) rendus, non?
Dans un premier temps, droit de vote oblige, la Fonction publique élargie n’est pas encore concernée. Patience, votre tour viendra, le scénario est déjà écrit. Vous êtes la chair à canon qui va y passer après. Pour l’instant, on a encore besoin de vos bulletins de vote. D’abord, on s’occupe des plus faibles, on a commencé par nettoyer (au Karcher?) les rues de la vermine des mendiants. Vient maintenant le tour de ceux qui se trouvent en bas de l’échelle des salaires, donc de l’échelle sociale. Les working poor qui passent juste avant les mendiants. Ceux dont la plupart n’ont pas le droit de vote, mais un passeport étranger. Non, il ne faut pas avoir peur des mots: la contre-révolution est en marche. Fini le temps des approches horizontales, des conquêtes sociales, de la promotion sociale; la verticalité totale est de retour, partout. Ne vous laissez pas induire en erreur par ceux qui prêchent l’eau, mais se réservent le droit de boire du vin. Même Monsieur UEL adore pérorer au sujet de l’entreprise socialement responsable, ses véritables objectifs non déclarés sont tout autres. Au pire des cas, ils lui seront imposés par ses pairs ou par ses propres apparatchiks.
Monsieur UEL
Justement, revenons à Monsieur UEL. A part ses occupations professionnelles envahissantes, il adore aller à la pêche, une vraie passion, de préférence le dimanche après-midi ou un jour férié. Il adore ces demi-journées où il peut se reposer, vaquer enfin à des choses qui rendent la vie plus agréable, loin du tohu-bohu, du tumulte quotidien et du stress de l’entreprise. Comme il accumule les heures de travail en semaine, il sera gonflé à bloc lundi pour reprendre le travail, il profite d’un jour sans pour remplir les accus et s’adonner à la pêche au bord d’une petite rivière qui se faufile doucement dans la nature. Le tableau dégage une impression de plénitude, de calme, de sérénité. Un joli tableau naturaliste qui mériterait de figurer dans un musée ad hoc. En attendant, il passe sur YouTube. Quelle mouche l’a donc piqué pour, maintenant, à tout prix, vouloir tourner le dos à cette occupation dominicale paisible et réconfortante, et vouloir travailler, et, surtout, faire travailler les autres, le dimanche? A-t-il été victime d’un accès de fièvre, ou contagié par quelques hard liners de son syndicat, ou par quelques jeunes apparatchiks, estampillés UEL, qui agissent pour des raisons purement idéologiques (car, finalement, c’est de cela qu’il s’agit)? Ils ont les dents longues, mais, surtout, n’ont, de leur vie, jamais travaillé le dimanche. Et veulent maintenant appliquer les leçons apprises à l’Ecole de commerce de Bruxelles ou d’ailleurs. Et qui nous expliquent à la radio que le sujet du travail dominical (dixit) est très (comprenez: trop) complexe. Entendez „toute autre personne est trop stupide pour connaître les tenants et les aboutissants de ce dossier, laissez- nous faire!“. On peut retourner le compliment. Finalement, disent-ils sans rougir, il est légitime de vouloir adapter les heures d’ouverture des commerces aux habitudes des clients. Il faut oser, quelle arrogance! Alors qu’on fait exactement le contraire! Ont-ils compris les enjeux globaux auxquels nous sommes confrontés? Connaissent-ils la partie immergée de l’iceberg? Cela m’étonnerait, car cela ne figurait pas au programme à Bruxelles.
Madame da Silva
En face de cette meute aux dents longues et aux couteaux tirés, il y a une personne qui mérite, au même titre, également tous nos respects. Immigrée portugaise, Madame da Silva travaille depuis des années dans un commerce au centre-ville. Avec sa famille, ils habitent un village au centre du pays. Son mari travaille dans une entreprise du bâtiment. Afin de pouvoir subvenir à leur loyer élevé, ils ont toujours travaillé tous les deux comme des bêtes, leur priorité étant l’éducation de leurs deux enfants, pas une mince affaire. Certes, ils sont syndiqués tous les deux, comme Monsieur UEL, rencontré plus haut, mais pas au même syndicat. Autre détail important, ils ne disposent pas du droit de vote. Eux aussi, aiment profiter du dimanche après-midi pour recharger les batteries ou pour accompagner leurs enfants engagés dans des clubs sportifs. Ou, tout simplement, s’adonner au dolce farniente. Pour toute la famille, c’est le seul moment de la semaine où la famille peut entreprendre, en toute décontraction, une activité commune. En semaine, le stress pour tout gérer, travail, éducation, ménage, courses pour remplir le frigo, déplacement en transports en commun, etc., est énorme.
Madame da Silva est inquiète. Les choses qui se trament au sujet du travail dominical la concernent donc directement. Comment va-t-elle faire pour ses déplacements, sachant que les transports en commun ont des rythmes de circulation pas adaptés le dimanche? Quel jour pourra-t-elle vaquer aux affaires de son ménage? Elle sait que certaines personnes sont obligées de travailler le dimanche après-midi ou les soirs en semaine: police, restaurateurs, pompiers, infirmières, médecins, chauffeurs, etc. Mais jusqu’à présent, il n’existait pas d’obligation pour les autres. Elle sait pertinemment que la veille de l’introduction, les patrons vont la jouer „profil bas“, parlant de volontariat. Mais une fois acquis, rapidement, le lendemain, cela va se transformer en obligation, avec sanctions ou menaces de licenciement à la clé. Elle a compris que le Premier ministre veuille à tout prix cette réforme rétrograde; il suffit de regarder son parcours, mais elle ne comprend pas que deux autres membres du gouvernement, un ancien instituteur et un ancien „Turnproff“, deux fonctionnaires de l’Etat actuellement à la retraite, mènent la danse dans ce dossier. Est-il prévu plus tard d’ouvrir les écoles et les maisons relais également le dimanche? Ce serait dans le droit fil logique de leur démarche. Cela aurait l’avantage de libérer beaucoup de parents, afin qu’ils puissent s’adonner à faire des achats ou d’être obligés de travailler. Ainsi, on rendrait disponible davantage de clients potentiels pour remplir, surtout, les supermarchés le dimanche. Qui osera tirer le premier?
Une attaque idéologique
Le mari de Madame da Silva, syndicaliste rompu aux attaques frontales ou vicieuses du patronat, est convaincu que ce dossier est idéologique, préfigure une contre-révolution plus globale. Il suffit de regarder ailleurs pour comprendre ce qui est en train de se tramer, à peine discrètement. On envoie d’abord l’avant-garde au combat, après, on fait suivre les bataillons.
Il faut rester vigilant, s’opposer aux signes avant-coureurs auxquels nous sommes confrontés, maintenant. La véritable cible va bien au-delà du travail dominical. Rendez-vous après …
Un argument fallacieux
Pour finir, „la cerise sur le gâteau“ chère à mon ami M. Récemment Monsieur UEL a osé affirmer publiquement, oui, lisez plutôt deux fois qu’une, que le fait de travailler le dimanche arrangerait les nombreux (?) musulmans travaillant au Luxembourg. Ainsi, ils pourraient se libérer plus facilement le vendredi, leur jour de prière. Monsieur UEL avocat de la communauté musulmane (de Lorraine?), le nouveau grand mufti? Quelle vaste fumisterie! Incroyable! Quelle connerie! On aura tout entendu! On appelle cela un argument fallacieux, ou argument ad hominem.
Non, je ne commenterai pas, va!

De Maart
Saviez-vous que certains messieurs uel étaient jadis de petits bonhommes qui soudainement ont su se hisser à coup de coude, j’en suis resté bouche bée, je ne comprenais plus ce changement. Pendant mon travail, passant par différentes sociétés, on m’avait rapporté une fois que la conduite dans une, appartenant à un de ces messieurs uel, était du style « colonial » même humiliant. Dites-nous pourquoi ils osent montrer tout à coup leurs visages « méprisants » en public ?